Trump propose à Zelensky de capituler
La presse française fulmine devant ce plan de paix, alors qu’il entérine une réalité matérielle sur le terrain. L’Ukraine n’est pas en position de dicter sa loi, elle ne peut que tenir et reculer, et plus ses dirigeants, réels ou factices, attendront, plus elle cèdera de terres à la Russie.
Trump, en bon dirigeant pragmatique, veut siffler la fin de la récré, quitte à faire de grandes concessions à poutine. Mais Poutine a déjà gagné. Il s’agit juste d’une reconnaissance du rapport des forces en présence. C’est peut-être pour ça que les Européens, avec le duo de choc Macron-Mandon, tente de reprendre la guerre et la main. Au vu de la levée de boucliers en France, ça sera difficile.
Ce qui est stupéfiant, c’est, par exemple, la réaction du Figaro :
"Une clé de bras à Kiev et une victoire pour Moscou ? Poursuivant son objectif de mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l’invasion du pays par la Russie, Donald Trump peaufine son plan de paix. Selon plusieurs médias outre-Atlantique, l’administration républicaine et des responsables russes ont élaboré une nouvelle mouture d’envergure qui prévoit des concessions majeures de la part de l’Ukraine tout en pressant son président Volodymyr Zelensky de l’accepter".
« Une clé de bras », alors que l’Ukraine est à terre ? Les kiéviens d’Ukraine et d’UE devraient remercier Trump de vouloir mettre fin à la curée. Nous reprendrons ici les principaux points des 28 de ce pré-accord de paix. Ou de capitulation. On imagine la rage des va-t-en-guerre sur LCI...
1 : céder tout le Donbass
2 : démilitariser le Donbass
3 : réduire de moitié les effectifs de l’armée ukrainienne
4 : renoncer à des armements clés
5 : renoncer à toute aide militaire étrangère
6 : renoncer aux armes occidentales à longue portée
7 : renoncer à toute troupe étrangère sur le sol ukrainien
8 : le russe comme langue officielle de l’Ukraine
9 : un statut officiel pour l’Église orthodoxe russe
10 : la Crimée et le Donbass reconnus officiellement comme territoires russes
La gifle pour les dirigeants européens est magistrale, mais nous n’en sommes pas encore à la paix.
Les 28 points du projet de plan Trump pour l’Ukraine
Les États-Unis ont présenté un projet de plan pour l’Ukraine. En voici les 28 points de ce plan, selon le projet de texte examiné et traduit par l’AFP.
1. La souveraineté de l’Ukraine sera confirmée.
2. Un accord global de non-agression sera conclu entre la Russie, l’Ukraine et l’Europe. Toutes les ambiguïtés laissées en suspens ces 30 dernières années seront considérées comme réglées.
3. Il est attendu que la Russie n’envahisse pas les pays voisins et que l’Otan ne s’étende pas davantage.
4. Un dialogue sera mené entre la Russie et l’Otan, sous la médiation des États-Unis, afin de résoudre toutes les questions liées à la sécurité et de créer les conditions d’une désescalade.
5. L’Ukraine recevra des garanties de sécurité fiables.
6. Les forces armées ukrainiennes seront limitées à 600.000 militaires.
7. L’Ukraine accepte d’inscrire dans sa constitution qu’elle ne rejoindra pas l’Otan, et l’Otan accepte d’inclure dans ses statuts une disposition spécifiant que l’Ukraine ne sera pas intégrée à l’avenir.
8. L’Otan accepte de ne pas stationner de troupes en Ukraine.
9. Des avions de combat européens seront basés en Pologne.
10. Les États-Unis recevront une compensation pour la garantie de sécurité. Si l’Ukraine envahit la Russie, elle perdra cette garantie. Si la Russie envahit l’Ukraine, outre une réponse militaire coordonnée et décisive, toutes les sanctions mondiales seront rétablies, la reconnaissance du nouveau territoire et tous les autres avantages de cet accord seront révoqués. Si l’Ukraine lance un missile sur Moscou ou Saint-Pétersbourg sans raison valable, la garantie de sécurité sera considérée comme nulle et non avenue.
11. L’Ukraine est éligible à l’adhésion à l’UE et bénéficiera d’un accès préférentiel à court terme au marché européen pendant que cette question est à l’étude.
12. Un puissant paquet mondial de mesures pour reconstruire l’Ukraine, incluant la création d’un Fonds de développement pour l’Ukraine, la reconstruction des infrastructures gazières ukrainiennes, la réhabilitation des zones impactées par la guerre, le développement de nouvelles infrastructures et la reprise de l’extraction de minéraux et de ressources naturelles, le tout accompagné d’un programme de financement spécial élaboré par la Banque Mondiale.
13. La Russie sera réintégrée dans l’économie mondiale, avec des discussions prévues sur la levée des sanctions, la réintégration du G8 et la conclusion d’un accord de coopération économique à long terme avec les États-Unis.
14. 100 milliards de dollars d’actifs russes gelés seront investis dans les projets menés par les États-Unis pour reconstruire et investir en Ukraine, les États-Unis recevant 50% des bénéfices de l’initiative. L’Europe ajoutera 100 milliards de dollars afin d’augmenter le montant des investissements disponibles pour la reconstruction de l’Ukraine. Les fonds européens gelés seront débloqués, et le reste des fonds russes gelés sera investi dans un véhicule d’investissement américano-russe séparé.
15. Un groupe de travail conjoint américano-russe sur les questions de sécurité sera créé afin de promouvoir et de garantir le respect de toutes les dispositions du présent accord.
16. La Russie inscrira dans la loi sa politique de non-agression envers l’Europe et l’Ukraine.
17. Les États-Unis et la Russie conviendront de prolonger la validité des traités sur la non-prolifération et le contrôle des armes nucléaires, y compris le traité START I.
18. L’Ukraine accepte de ne pas être un État doté de l’arme nucléaire conformément au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.
19. La centrale nucléaire de Zaporijjia sera mise en service sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique... (AIEA), et l’électricité produite sera répartie à parts égales entre la Russie et l’Ukraine à 50-50.
20. Les deux pays s’engagent à mettre en œuvre des programmes éducatifs dans les écoles et la société visant à promouvoir la compréhension et la tolérance mutuelle.
21. La Crimée, Lougansk et Donetsk seront reconnues comme des régions russes de facto, y compris par les États-Unis. Kherson et Zaporijjia seront gelées le long de la ligne de contact, ce qui signifiera une reconnaissance de facto le long de cette ligne. La Russie renoncera aux autres territoires qu’elle contrôle en dehors des cinq régions. Les forces ukrainiennes se retireront de la partie de la région de Donetsk qu’elles contrôlent actuellement, qui sera ensuite utilisée pour créer une zone tampon.
22. Après avoir convenu des dispositions territoriales futures, la Fédération de Russie et l’Ukraine s’engagent à ne pas modifier ces dispositions par la force. Aucune garantie de sécurité ne s’appliquera en cas de violation de cet engagement.
23. La Russie n’empêchera pas l’Ukraine d’utiliser le Dniepr à des fins commerciales, et des accords seront conclus sur le libre transport des céréales à travers la mer Noire.
24. Un comité humanitaire sera créé pour régler les questions relatives aux échanges de prisonniers, à la restitution des dépouilles, au retour des otages et des détenus civils, et un programme de réunification familiale sera mis en œuvre.
25. L’Ukraine organisera des élections dans 100 jours.
26. Toutes les parties impliquées dans ce conflit bénéficieront d’une amnistie totale pour leurs actions pendant la guerre et s’engageront à ne faire aucune réclamation ni n’envisager aucune plainte à l’avenir.
27. Cet accord sera juridiquement contraignant. Sa mise en œuvre sera contrôlée et garantie par le Conseil de paix, présidé par le président Donald Trump. Des sanctions seront imposées en cas de violation.
28. Une fois que toutes les parties auront accepté ce mémorandum, le cessez-le-feu prendra effet immédiatement après le retrait des deux parties vers les points convenus pour commencer la mise en œuvre de l’accord.
Xenia Fedorova, présidente de RT France, analyse la proposition pour Europe 1
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Midi pile à Kiev
Par Moon of Alabama – Le 20 novembre 2025
Le « nouveau » plan de Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine, mentionné ici hier, a peu de chances de se concrétiser.
La Russie a déclaré qu’elle n’avait aucune connaissance officielle du plan ni de son contenu. Mais il y a plusieurs raisons pour qu’elle le rejette.
The Telegraph affirme que le plan ne reconnaît pas que le Donbass et Louhansk font partie de la Russie, mais permet seulement à la Russie de « louer » le territoire :
"L’accord de l’administration Trump verrait Kiev céder le contrôle de la région orientale du Donbass, mais en conserver la propriété légale. La Russie paierait des frais de location non divulgués pour le contrôle de facto de la région, ont déclaré à The Telegraph des responsables familiers avec l’accord".
Il y a aussi le rôle de l’OTAN que le plan de l’administration Trump ne mentionne pas :
"Alors que les responsables européens et américains cherchent à obtenir des éclaircissements, ils ont déclaré que de nombreux aspects du plan restaient en évolution, y compris le rôle de l’OTAN et toute concession territoriale ukrainienne à la Russie.
…
Un aspect sur lequel les responsables américains réfléchissent encore est de savoir si et comment mentionner l’OTAN, a déclaré la personne. Aucune discussion au sujet de l’OTAN n’a été rapportée auparavant.
L’Ukraine demande l’adhésion à l’OTAN comme garantie de sécurité contre une future invasion russe. Alors que certains pays européens soutiennent cela, les États-Unis l’ont rejeté et Moscou a longtemps exigé que Kiev ne rejoigne pas l’alliance défensive, considérant cela comme une menace. Les alliés européens s’inquiètent également de l’octroi à la Russie de concessions territoriales, qu’ils considèrent comme récompensant l’agression de Moscou et créant un précédent préoccupant".
Les alliés européens qui rejettent le plan de paix et s’inquiètent des précédents devraient faire des recherches sur le « Kosovo » et la façon dont il a vu le jour.
La perspective d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN était l’une des principales raisons du déclenchement de la guerre. La Russie n’autorisera pas l’OTAN, ni aucune autre « garantie de sécurité » militaire pour l’Ukraine, le long de ses frontières occidentales. Le refus explicite de l’Ukraine d’entrer dans l’OTAN devra faire partie de tout accord de paix acceptable.
Le président ukrainien par intérim n’est pas disposé à accepter le plan. Il considère maintenant la récente révélation du scandale de corruption impliquant son ami Mindich comme une opération visant à le pousser à licencier son chef de bureau, Andrei Yermak, et à accepter le plan de paix de Trump. Il fera valoir que la Russie tire les ficelles sur chacune de ces questions :
"Zelensky a décidé de ne pas renvoyer Yermak, mais de lancer une contre-attaque contre le NABU et toutes les personnes impliquées dans l’enquête sur l’affaire Mindich, les accusant de travailler pour la Russie afin de forcer Zelensky à accepter le plan de paix de Trump. C’est ce qu’a déclaré le député ukrainien Zhelezhyak sur Telegram :
“Le président a décidé de ne pas renvoyer Yermak. Il sera retenu et une contre-attaque sera lancée contre toutes les personnes impliquées dans le « MindichGate« . Maintenant, ils vont l’annoncer et commencer une nouvelle attaque avec une connexion russe. D’abord, ce sera la couverture médiatique – quelque chose comme hier, lorsque les « bacs à d’ordures » du Bureau ont commencé à répandre quelque chose sur un « plan Whitkoff » et que l’opération spéciale « Midas » est une coercition. Et ensuite, nous nous attendons à une puissante contre-attaque contre toutes les personnes impliquées dans l’enquête de quelque manière que ce soit”.
La première cible de Zelenski est le chef de la faction Serviteur du peuple à la Rada, David Arahamia. Il a été impliqué ces derniers jours dans des appels à licencier Yermak (traduction automatique éditée) :
"Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lancera le limogeage du chef de la faction Serviteur du peuple, David Arahamia, lors de la réunion d’aujourd’hui avec les députés.
Cela a été annoncé sur sa chaîne Telegram par l’ancien député Ihor Mosiychuk, citant des sources.
Il a déclaré que le président ferait pression sur les députés à l’aide de documents compromettants, et que le plan de paix du président américain Donald Trump est utilisé dans le domaine de l’information pour dissimuler le sauvetage de l’entourage du président de ses responsabilités.
…
Il convient de rappeler qu’une partie des “Serviteurs du peuple” a appelé à la création d’une nouvelle coalition et d’un nouveau gouvernement. Arakhamia, même s’il a déclaré qu’il s’agissait “d’une déclaration individuelle de députés”, selon Strana, il soutiendrait cependant la demande de démission de Yermak, qui est partagée par de nombreux autres députés du SotP.
Pendant ce temps, selon le député Oleksiy Honcharenko, Arakhamia a posé une condition à Zelensky : renvoyer Ermak, afin que la Rada poursuive ses travaux et conserve la majorité du SotP. La demande d’Arakhamia a été soutenue par le Vice-Premier ministre Mikhail Fyodorov et le chef du Renseignement militaire Kirill Budanov.
Zelensky, selon Goncharenko, a refusé.
« Un ministre clé, un officier militaire clé et une personne clé au Parlement se sont opposés à Andriy Yermak et ont fait pression sur Volodymyr Zelensky pour qu’il le limoge. Si Zelensky refuse, il perdra la Rada. Il ne pourra pas adopter le budget. Il n’y aura pas de coalition », écrit Goncharenko".
Les problèmes de Zelenski ne font qu’empirer.
Toute attaque contre la verticale anticorruption (NABU, l’enquête sur la corruption Midas, Pravda.ua médias) pourrait provoquer une réaction brutale de la part de l’Europe. Une attaque contre Arahamia pourrait lui coûter la majorité au Parlement. Tout rejet du plan de Trump pourrait entraîner l’arrêt des services de renseignement américains nécessaires pour frapper la Russie.
Pour Zelenski, continuer à se battre pour Yermak, que tout le monde veut voir partir, pourrait bien lui coûter sa présidence.
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
- Source : E&R















