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Mercredi, 19 Nov. 2025

Finance climatique : et si l’Occident avait créé un marché vide… dont d’autres récoltent les profits ?

Auteur : France-Soir | Editeur : Walt | Mercredi, 19 Nov. 2025 - 12h50

Depuis quinze ans, l’Occident bâtit autour du climat une économie plus qu'abstraite : crédits carbone, mécanismes de compensation, projets “d’adaptation”, obligations vertes, fonds internationaux… Une architecture gigantesque, fondée sur la simple mesure d’un gaz invisible mais utile, qui ne représente que 0,04 % de l'atmosphère. Économie abstraite mais qui fonctionne comme un véritable marché.

Sur le papier, elle devait aider les pays pauvres à faire face aux effets du réchauffement. Mais à bien y regarder, sait-on où l’argent finit réellement ? Aurait-t-on créé une industrie climatique qui sert tout sauf le climat ?

Une machine financière titanesque, sans réel impact climatique

Les pays riches s’engagent, via l’Accord de Paris, à financer les pays en développement à hauteur de 100 milliards de dollars par an, et bientôt 300.
Un flux colossal d’argent qui ne se traduit ni par une réduction tangible des émissions, ni par une amélioration perceptible de l’adaptation au climat. Il repose étrangement, essentiellement sur des déclarations, des projets “certifiés” et des méthodologies complexes, toutefois sans aucune obligation de résultat.

Et au-delà de l'inefficacité administrative, se pose encore une question plus fondamentale : l’homme peut-il réellement influer sur le climat à l’échelle globale ? Les phénomènes naturels, tels que les grands cycles climatiques, l’activité solaire ou les oscillations océaniques, échappent totalement à notre contrôle. Dans ce contexte, dépenser des milliards pour des projets dont l’effet sur le climat est non prouvé relève du fantasme. Bref, un marché du climat qui fonctionne sur le papier, mais dont le climat lui-même semble complètement indifférent.

Un système attrape-tout, mais qui enrichit une fois encore les mieux organisés

Une enquête conjointe du Guardian et de Carbon Brief reprise par Reporterre montre qu’une très grande partie de ces financements ne va pas aux pays vulnérables, mais plutot à des États riches ou puissants, ayant des moyens colossaux, voire inépuisables, à l'image de la Chine, des Émirats arabes unis, ou de l'Arabie saoudite.
Des pays n’ont pas attendu, pour comprendre que la finance climatique est un eldorado bureaucratique fait de dossiers ultra-techniques, de certifications internationales, d'exigences administratives, et d'opportunités diplomatiques.
Finalement ce seront les plus puissants administrativement, et non les plus fragiles, qui rafleront la mise.

Y aurait-il une “erreur de ciblage” ? Cela supposerait que le système avait un ciblage, un sens, une finalité.
Or tout indique le contraire : la finance climatique fonctionne comme une industrie autonome, qui récompense ceux qui savent en jouer plus que ceux qui en ont besoin.

Pour les pays pauvres : peu d’argent, et qui plus est, sous forme de dette

Les pays réellement vulnérables reçoivent très peu, le plus souvent sous forme de prêts. Autrement dit, au lieu d’un appui financier destiné à renforcer leur résilience, ils héritent d’un endettement supplémentaire, qui viendra affaiblir un peu plus leur capacité à répondre à ce fameux défi climatique.

Si la finance climatique devait aider les pays pauvres, ce ne devrait pas être en les endettant davantage.
Mais comme la finance climatique est un marché avant tout, ce fonctionnement devient tristement cohérent.

Une construction occidentale comme de coutume… qui se retourne contre l’Occident évidemment.

L’ironie est frappante, l’Occident a construit tout un marché climatique autour du CO₂, en l’alimentant de milliards et en pensant ainsi affirmer son leadership écologique. Pourtant, ce sont d’autres acteurs, notamment des puissances émergentes ou des États pétroliers, qui parviennent à capter les flux financiers et à en tirer un avantage stratégique. On en arrive à financer des pays incensément riches en hydrocarbures, pour des projets censés combattre les effets mêmes de ces mêmes hydrocarbures.

Un paradoxe de plus qui n’a de sens que si l’on admet que la finance climatique n’est réellement pas un outil pensé pour résoudre les problèmes écologiques. Elle fonctionne plutôt comme une mécanique économique autonome, dont les bénéficiaires naturels sont ceux qui disposent des moyens administratifs, politiques ou diplomatiques pour en tirer parti. Dans cette logique, le système récompense avant tout la puissance et l’organisation, non la vulnérabilité ou le besoin réel... La loi du plus fort.

Dès lors, une question nettement plus fondamentale se pose : à quoi sert ce marché du carbone ? En transformant le climat en produit financier, n’a-t-on pas créé une industrie entière dont l’efficacité environnementale reste incertaine, mais dont l’utilité économique pour certains est indéniable ? Il devient difficile d’ignorer cette question : une économie fondée sur un gaz invisible peut-elle produire autre chose qu’un dispositif rentable pour ceux qui savent en exploiter les règles économiques, mais aussi politiques au niveau national comme à l'internationale ?


- Source : France-Soir

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