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Mardi, 01 Juill. 2025

La mort lente en douceur mais imposée de force ?

Auteur : Xavier Azalbert | Editeur : Walt | Jeudi, 05 Juin 2025 - 21h37

Vous l’avez sans doute compris, ce jour, je ne vais pas vous parler uniquement de la loi autorisant l’euthanasie (pudiquement appelée « droit à l’aide à mourir ») que l’Assemblée nationale a adoptée en première lecture ce 27 mai 2025, à savoir pile le jour de l’année où en France l’éphéméride fête un Saint-Augustin qui doit en faire des loopings dans sa tombe, lui qui, moine bénédictin et premier archevêque de Cantorbéry qu’il fut, était ma foi, j’imagine, viscéralement opposé au suicide.

S'agissant de cette loi sur l’euthanasie, je vous en dis ici simplement ceci : elle s’inscrit dans une logique utilitariste qui n’est pas nouvelle. Déjà en 1981, dans son livre « L’avenir de la vie », Jacques Attali, alors interrogé par Michel Salomon, abordait la question de l’allongement de l’espérance de vie et de la place des seniors dans la société. Voici ce qu’il écrivait : 

« Dès qu’on dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte alors cher à la société. […] Il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement plutôt qu’elle ne se détériore progressivement. » Attali anticipait un changement d’objectif : « L’objectif ne va plus être d’allonger l’espérance de vie, mais de faire en sorte qu’à l’intérieur même d’une durée de vie déterminée, l’homme vive le mieux possible mais de telle sorte que les dépenses de santé seront les plus réduites possible en termes de coûts pour la collectivité ».

Et il allait plus loin, prédisant que « l’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figures. » Dans une logique socialiste, il la voyait comme une liberté fondamentale, liée au droit au suicide. Dans une logique capitaliste, il imaginait des « machines à tuer » ou des « prothèses » pour éliminer la vie devenue « trop insupportable ou économiquement trop coûteuse. » Attali concluait ainsi : 

« Je pense donc que l’euthanasie, qu’elle soit une valeur de liberté ou une marchandise, sera une des règles de la société future ».

Ces propos, écrits il y a 44 ans, résonnent étrangement avec la loi adoptée en 2025. Mais, ce qui m’inquiète, c’est que cette logique utilitariste pourrait être détournée pour répondre à un problème bien réel : le déséquilibre démographique de la France. Notre système de retraite, basé sur la répartition, est en crise. Selon l’INSEE, en 2024, les naissances (678 000) ont été inférieures aux décès (683 000), un solde naturel négatif pour la première fois depuis des décennies. Avec un taux de fécondité de 1,79 enfant par femme, loin du seuil de renouvellement de 2,1, et un ratio d’actifs par retraité qui chute (1,7 en 2020, contre 4 dans les années 1960), les jeunes générations ploient sous le poids des retraites à financer.

Une crise démographique qui menace le modèle de répartition

Le système de retraite français repose sur un modèle de répartition : les cotisations sociales prélevées sur les salaires des actifs financent directement les pensions des retraités. Ce modèle, instauré après la Seconde Guerre mondiale, fonctionnait bien dans un contexte de forte natalité et de croissance économique, où 4 actifs finançaient un retraité dans les années 1960. Mais, aujourd’hui, avec un ratio tombé à 1,7 actif par retraité, et un solde naturel négatif, ce système est au bord de l’asphyxie - malgré les « sparadraps financiers » ou « soins palliatifs » plus ou moins pérennes qu’on aura voulu lui accorder avec la CSG et la CRDS. Créées respectivement en 1991 et 1996 pour élargir l’assiette de financement de la protection sociale, ces contributions pèsent aujourd’hui lourdement sur les actifs – 9,2 % pour la CSG et 0,5 % pour la CRDS sur les revenus d’activité – sans pour autant résoudre le problème de fond. Le déficit de la branche vieillesse de la Sécurité sociale atteignait 11,2 milliards d’euros en 2024, et il pourrait grimper à 20 milliards d’ici 2030, selon le Conseil d’Orientation des Retraites (COR). Les dépenses de retraite représentent 14 % du PIB français, contre 9 % en moyenne dans les pays de l’OCDE.

Face à ce défi, trois solutions s’offrent à nous, chacune avec des horizons temporels différents :

  • À court terme, augmenter la masse productive en faisant contribuer davantage les actifs (via des hausses d’impôts ou de cotisations) ou une immigration productive (dont personne ne veut) pour maintenir les retraites. Cependant, cela alourdirait encore le fardeau des jeunes générations, déjà accablées par des cotisations sociales représentant 40 % de leur salaire brut. Une telle mesure risquerait de provoquer des tensions sociales, comme on l’a vu avec les manifestations contre la réforme des retraites de 2023. Et sur la partie immigration "selective" productive, cela contredirait les contraintes européennes imposées à la France en termes de quotas d'immigration, mais également la politique macroniste et ferait donc le jeu des extrêmes.  
  • À moyen termeréduire les pensions à un niveau que les cotisations des actifs peuvent supporter, ce qui impliquerait une baisse drastique du niveau de vie des retraités. Le taux de remplacement (rapport entre la pension et le dernier salaire) est d’environ 50 % pour un salarié du privé ; le réduire à 40 % ou moins équilibrerait les comptes, mais au prix d’une précarité accrue pour les seniors, dont 10,2 % vivaient sous le seuil de pauvreté en 2023 (INSEE).
  • À long termerelancer la démographie par une politique de natalité ambitieuse. Une telle politique, même si elle encouragerait les naissances, prendrait des décennies à produire des effets, car il faut au moins 20 ans pour qu’un nouvel individu entre sur le marché du travail. De plus, les incitations à la natalité, comme les allocations familiales ou les congés parentaux, ne garantissent pas une hausse des naissances : une étude de l’INED (2023) montre qu’une hausse de 10 % des allocations familiales n’augmente le taux de fécondité que de 0,05 point.

Or, les politiques de natalité sont des incitations, pas des obligations. Leur efficacité est incertaine : malgré des mesures incitatives, le taux de fécondité stagne puisque l'environnement géopolitique n'est pas propice à la création d'une famille par le simple fait que les Français ont de plus en plus de mal à se projeter dans un avenir incertain - la crainte d'un conflit généralisé venant se rajouter à une situation économique catastrophique. Face à cette réalité, une seule variable d’ajustement semble alors envisageable pour les technocrates : l’espérance de vie. Et c’est là que la loi sur l’euthanasie, en facilitant la fin de vie des plus âgés, pourrait être interprétée comme une réponse cynique à ce défi démographique, comme Attali l’avait anticipé il y a plus de 40 ans.

La sénescence accélérée : un facteur aggravant lié au style de vie, mais aussi accentué avec la covid

À cette crise démographique s’ajoute un phénomène préoccupant : l’accélération de la sénescence biologique, mise en lumière par des recherches récentes. Selon une analyse publiée dans France Soir, établie sur de nombreuses sources scientifiques et intitulée « Le SARS-CoV-2 accélérerait l’âge biologique », le virus responsable de la Covid-19 aurait un impact durable sur le vieillissement cellulaire. Le vaccin contre la covid semble avoir les mêmes effets en créant un véritable problème sur le système immunitaire. 

L’article cite des études montrant que le SARS-CoV-2 induit un stress oxydatif et une inflammation chronique, accélérant le raccourcissement des télomères – ces capuchons protecteurs à l’extrémité des chromosomes qui déterminent la durée de vie des cellules. En d’autres termes, les personnes ayant contracté le virus, même sous une forme bénigne ou induit par la vaccination, pourraient voir « leur âge biologique augmenter de plusieurs années », augmentant ainsi leur vulnérabilité aux maladies liées à l’âge, comme les maladies cardiovasculaires ou neurodégénératives. Une autre étude conclu à un effet aggravant de la vaccination sur la maladie covid.

Ce phénomène aggrave la pression sur le système de santé et le modèle de répartition. Si les seniors vieillissent biologiquement plus vite, leurs besoins en soins augmentent, alourdissant les dépenses de santé – déjà 12 % du PIB en 2024, selon l’OCDE. Et si leur espérance de vie diminue à cause de cette sénescence accélérée, cela pourrait paradoxalement « soulager » le système de retraite, mais au prix d’une perte humaine inacceptable. La loi sur l’euthanasie, dans ce contexte, pourrait être perçue comme une porte ouverte à une gestion utilitariste de cette population fragilisée, renforçant les craintes d’une dérive éthique.

Une mort sociétale imposée par l’Union européenne

Mais, cette mort lente ne s’arrête pas là. Elle est aussi sociétale. Outre cette loi sur l’euthanasie, c’est par une soumission totale aux diktats de l’Union européenne qu’elle intervient. Plus exactement par les décisions prises par la Commission européenne, dont procède une forme de suicide économique, politique, structurel, éthique, identitaire et moral auquel cette poignée de personnes non-élues contraignent les peuples européens. Le traité de Lisbonne, adopté en 2008 par le Parlement français malgré le rejet populaire de la Constitution européenne en 2005, reste une trahison emblématique de cette perte de souveraineté. Le terme pro-européanisme ayant subi une capture idéologique par ceux qui poussent un agenda fédéraliste déconnecté de la volonté des peuples : 64 % plébiscitent une Europe des nations contre 14 % pour une Europe fédérale (sondage Alain Houpert, avril 2025), et 60 % veulent une Europe de coopération commerciale plutôt qu’un monstre supranational (sondage MIS Group, mai 2025).

Illustration de la complexité de l'UE.

Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’en France un des plus « infidèles à la confiance » du peuple français, François Bayrou, désormais Premier Ministre, annonce qu’il va « demander » (comprenez « imposer ») à tous les Français de faire un effort. Un de plus, en pécuniaire. Oui. Lui qui, qui plus est, compte parmi les parasites les plus voraces qui vivent sur le dos du contribuable français depuis le plus longtemps. Et lui qui, de surcroît, politiquement a grandement concouru à la situation de « faillite de la France » dans laquelle nos dirigeants tous adoubés à Bruxelles ont conduit le pays. Soucieux qu’il est de montrer qu’il se fiche ouvertement de nous, il a ajouté ceci pour se justifier : « Tous les mois, on dépense 10 % de plus que ce qui rentre dans les caisses. »  N'était-il pas en charge du Commissariat au plan ?

Ah si ! Venant d’un Premier Ministre qui, en quatre mois de présence à la tête du Gouvernement français, a dilapidé plusieurs milliards en aide financière à l’Ukraine, en plus des quarante milliards déjà alloués par ses prédécesseurs en quatre ans, c’est vraiment se moquer des Français. A fortiori venant d’un homme qui, avec ses retraites cumulées, ses indemnités, les charges patronales et tous les avantages en nature énormes qui vont avec les sept fonctions publiques qu’il cumule, coûte au contribuable français, au bas mot, plusieurs dizaines de SMIC par mois.

Implications et réflexions : un problème éthique sur le droit à la vie

Les propos de Jacques Attali, bien que prospectifs et provocateurs, mettent en lumière une tension qui reste pertinente en 2025 : le conflit entre les impératifs économiques et les valeurs humanistes dans la gestion du vieillissement de la population. Sa prédiction sur le rôle de l’euthanasie comme « instrument essentiel » des sociétés futures trouve un écho dans la loi française de 2025 sur l’aide à mourir, qui, bien que strictement encadrée, soulève des questions éthiques fondamentales, notamment sur le droit à la vie.

La loi de 2025 autorise l’aide active à mourir pour les patients majeurs atteints de maladies incurables en phase avancée, avec des souffrances physiques ou psychiques insupportables, et uniquement sur consentement éclairé (Le Monde, 2025). Mais ce cadre, aussi strict soit-il, pose un problème éthique majeur : en légalisant l’euthanasie, l’État ouvre une brèche où le droit à la vie, principe inaliénable inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (article 3), pourrait être relativisé. Si la société admet qu’une vie peut être jugée « indigne d’être vécue » – que ce soit par le patient lui-même ou sous des pressions économiques et sociales –, ne risque-t-on pas de glisser vers une banalisation de la fin de vie, voire une incitation implicite pour les plus vulnérables ? Les seniors, déjà fragilisés par une sénescence potentiellement accélérée liée au SARS-CoV-2, pourraient se sentir poussés à « libérer » la société de leur « fardeau », surtout dans un contexte de crise économique et de méfiance envers les institutions.

Le modèle de répartition, confronté à un solde naturel négatif et à un vieillissement démographique, accentue cette tension. Comme nous l’avons vu, les solutions traditionnelles – augmenter les cotisations, réduire les pensions, ou relancer la natalité – ont des limites, tant en termes de faisabilité politique que d’efficacité à court ou moyen terme. Dans ce contexte, l’idée que l’espérance de vie devienne une variable d’ajustement n’est pas absurde, même si elle est moralement contestable. La loi sur l’euthanasie, en facilitant la fin de vie des personnes âgées ou malades, pourrait être perçue comme un moyen de réduire les coûts pour la collectivité, une crainte qu’Attali avait anticipée il y a 44 ans.

Mais, ce n’est pas le seul danger. L’Union européenne, par ses politiques économiques et ses exigences budgétaires, impose une austérité qui exacerbe les inégalités intergénérationnelles. En France, le gouvernement, en soutenant des dépenses controversées comme l’aide à l’Ukraine tout en demandant des efforts aux Français, alimente un climat de défiance. Dans ce contexte, la loi sur l’euthanasie, même si elle vise à répondre à des demandes individuelles de dignité face à la souffrance, risque d’être instrumentalisée à des fins économiques, surtout si les critères d’éligibilité venaient à s’élargir sous la pression des contraintes financières.

Pour éviter de telles dérives, une transparence accrue et un débat public approfondi sont essentiels. Le droit à la vie doit rester un principe non négociable, et toute politique touchant à la fin de vie doit être encadrée par des garde-fous rigoureux, indépendants des impératifs économiques. Par ailleurs, une réforme structurelle du système de retraite – par exemple, un mixte répartition/capitalisation – et des investissements massifs dans la natalité et l’emploi des jeunes pourraient alléger la pression sur les générations futures, sans recourir à des solutions aussi extrêmes que l’ajustement de l’espérance de vie et les manquements répétés des politiques envers les Français.

Jusqu’à quand allons-nous tolérer de nous faire empapaouter de la sorte et aussi intensément ? La mort lente, qu’elle soit physique ou sociétale, ne doit pas devenir une fatalité imposée par la force. Il est temps de repenser nos priorités, de défendre le droit à la vie, et de bâtir une société dans laquelle la dignité humaine prime sur les calculs économiques. 

Et ce n’est pas l’IA dénuée d’humanité qui viendra régler le problème.


- Source : France-Soir

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