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Vendredi, 06 Juin 2025

Pourquoi Macron, qui a réprimé sauvagement les Gilets jaunes, tolère-t-il les débordements lors des fêtes populaires?

Auteur : Dominique Muselet | Editeur : Walt | Mercredi, 04 Juin 2025 - 13h40

Tout en ayant une pensée émue pour les victimes des « barbares » (dixit notre ministre de l’Intérieur impuissant en actes mais courageux en paroles) qui ont vandalisé et pillé Paris une nouvelle fois, en profitant des festivités qui ont suivi la victoire du PSG sur l’Inter Milan, samedi 31 juin 2025, et une pensée pour l’image de la France qui ne cesse de se dégrader (mais après les frasques du couple Macron, on n’est plus à ça près), on ne peut s’empêcher de rire en écoutant les piliers politico-médiatiques de la France s’indigner, après chaque évènement sportif ou autre, des violences (qui s’arrêtent dieu merci à la porte de leurs ghettos de riches), déplorer les dégâts (dont ils n’ont jamais à souffrir, la police est toujours là pour eux), excuser le gouvernement (qui les paie pour ça), regretter que les débordements se répètent à chaque grand évènement sans qu’«aucune solution ne soit proposée » (tout en évitant bien de se demander pourquoi), accuser la société, les familles des casseurs et tout ce qui bouge (car l’Etat ne peut pas tout, n’est-ce pas ?)

Le prix du Grand guignol

Ce matin, 2 juin 2025, un titre de TV Info résume involontairement (à force de raconter n’importe quoi, ils ont perdu le sens du ridicule) tout l’humour de la situation : « Débordements à Paris après la victoire du PSG : le préfet de police dénonce « des bandes de pilleurs » ».

Le rôle du préfet de police de Paris, c’est de maintenir l’ordre à Paris. Laurent Nuñez, lui, organise le chaos et ensuite il vient le dénoncer sur les médias. J’ai attrapé le fou-rire en l’écoutant défendre, avec son air battu, sa gestion des débordements, dans l’émission d’Apolline de Malherbe, (appelée modestement Apolline de 9 à 10), qui, selon lui, n’a été « ni une réussite, ni un échec ».

Il avait fait venir à Paris 5 400 policiers de toutes la France, dégarnissant par exemple le nord de la France, où selon la Voix du nord, des milliers de migrants en ont profité pour passer en Angleterre – ce dont pourraient se réjouir les habitants du littéral de la Manche où campent ces malheureux qui augmentent, par leur seule présence, l’insécurité de toute la région, s’ils ne devaient pas être immédiatement remplacés par des milliers d’autres, puisque notre pays est devenu le réceptacle de « toute la misère du monde » comme ils disent, tout en le niant en même temps.

Capture d’écran. Un groupe de migrants tentent de traverser la manche (2024). Source : observatoiredeleurope.com

Ces 5 400 policiers sont, selon un ex-policier, rentrés à la caserne à la fin des festivités (à part pour deux compagnies) laissant le champ libre aux « bandes de casseurs et de pilleurs » dont notre valeureux préfet dénonce les exactions. Il constate avec surprise qu’elles étaient « manifestement là pour s’en prendre aux forces de l’ordre ». Ces individus « ne regardaient même pas le match », a-t-il ajouté. Une telle naïveté de la part d’un préfet qui se vante d’avoir de l’expérience est vraiment comique.

Mais, même s’il a ma préférence, Nunu n’est pas seul en course pour le prix du Grand guignol qui couronne le meilleur show médiatique du jour. Macron est aussi en lice avec son petit discours hilarant : « Ces affrontements violents sont inacceptables. Et donc je vous le dis, la réponse de l’Etat sera à la hauteur. Nous poursuivrons, nous punirons, on sera implacable ». Allez Ronron, ne nous la fais pas à l’envers, on sait que tu adores le chaos, il n’y a rien de mieux, entre deux menaces imaginaires, pour tenir en respect ceux qui ne sont rien mais qui sont tout de même encore là en attendant d’être dûment euthanasiés !

Capture d’écran. Le président Macron. Source: huffingtonpost.fr

Le troisième concurrent à ce prix très prisé, c’est l’inénarrable Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, venu nous expliquer qu’il est « en colère » (plus Nono est en colère, plus on a envie de rire) contre « ceux qui ont gâché la fête« , (les gars, c’est pas bien de mettre nono en colère) puis qui se fait philosophe en expliquant que la société française a perdu ses piliers (ah et qui les lui a enlevés, Nono ? Ce ne serait pas toi et ta caste de parvenus par hasard ?)

Capture d’écran. Bruno Retailleau. Source : 20minutes.fr

Résultat des courses : Deux morts, des policiers et pompiers blessés et 559 interpellations. Selon Nunu cela aura un effet dissuasif. Très drôle, lorsqu’on sait qu’à chaque fois, il y a tout autant d’interpellations mais qu’à chaque fois la plupart des jeunes arrêtés sont relâchés pour différents motifs.

D’après un policier invité sur Tocsin, le parcours des festivités a été bien protégé ; les violences et les pillages se sont produits dans les rues adjacentes. Les auteurs des violences n’ont pas été maltraités par la police, par contre des policiers et des pompiers ont été blessés par des tirs de mortier. Selon lui, il est devenu banal de s’attaquer à un pompier ou un policier, faute de peines exemplaires pour sanctionner ces attaques.

C’est la fête sur les plateaux TV

La caste médiatique qui participe allègrement à la destruction de la France et des Français par son incompétence, sa lâcheté et sa soumission au pouvoir, s’est réunie sur les plateaux de la TV officielle pour commenter les débordements.

Ces influenceurs qui façonnent l’opinion publique, adorent pérorer et s’en donnent à cœur-joie. Ils connaissent par cœur leur partition, mille fois répétée depuis des dizaines d’années. Ils finissent toujours par accuser :

 1. Les jeunes délinquants eux-mêmes qui ne respectent plus rien (pourquoi respecteraient-ils des autorités qui ne savent pas se faire respecter ?)

2. Leurs familles (abandonnées aux trafics de drogue dans les quartiers)

3. La perte de repères (qui a détruit ces repères en mentant sans arrêt sur tout ?)

4. Les jugements tardifs et les peines insuffisantes (qui a détruit les services publics et qui fait les lois ?)

4. L’extrême-droite, l’extrême-gauche, les frères musulmans…

Bref, ils accusent tout le monde, sauf les élites politiques, médiatiques, judiciaires, policières, académiques, associatives et artistiques qui occupent les postes les mieux rémunérés pour faire semblant de diriger la France. Ce ne sont plus que des parasites inutiles qui vivent somptueusement à nos crochets. Et comme tous les peuples qui vivent sous la botte d’un pouvoir minoritaire fascisant, qui réprime implacablement, pour le coup, toute opposition et dissidence, il ne nous reste plus qu’à rigoler, comme dit la chanson, pour empêcher le ciel de tomber, et puis c’est meilleur pour la santé que de pleurer…

La plupart du temps, quand je regarde les chaînes d’info en continue, je me marre tout du long, tant ils font assaut d’hypocrisie, de bêtise, d’ignorance et de mauvaise foi. Mais malgré leur servilité au pouvoir, ils doivent tout de même faire quelques concessions au bon sens et à la vérité pour retenir leurs derniers auditeurs. Ainsi, une journaliste de France Inter rappelle que, pendant les Jeux Olympiques, il n’y a eu aucun débordement. Il y avait 35 000 policiers et ils ont fermé physiquement tout le périmètre des jeux et n‘ont plus laissé passer personne, empêchant même les riverains de rentrer chez eux. Ils ont réparti les supporters dans des petites zones séparées les unes des autres et contrôlé absolument tous ceux qui y entraient. Bref ils savent faire quand ils veulent…

Une autre attribue l’incurie policière, au fait que les policiers sont paralysés par la peur de commettre une bavure. C’est sûr que la bavure « Nahel » a provoqué des émeutes qui ont duré trois jours et fortement endommagé plusieurs villes, dont Montreuil où j’habite.

Il existe bien un accord tacite entre les caïds des quartiers et la caste au pouvoir : on laisse faire le trafic de drogue et autres et vous vous arrangez pour maintenir les violences dans des proportions acceptables, qu’on dénoncera officiellement comme inacceptables à la télé.  Mais l’accord est fragile. Il ne faut pas jouer avec le feu.

Notez bien que ni la police, ni Macron, ni la justice, ni les médias n’étaient terrorisés par les bavures quand ils ont réprimé les Gilets jaunes avec une violence totalement débridée…

L’éléphant dans la pièce

L’éléphant dans la pièce ou plutôt sur les plateaux des médias institutionnels, c’est bien sûr la répression des Gilets jaunes en 2018-2019, qui prouve à l’envie que le pouvoir macroniste est tout à fait capable d’empêcher les débordements quand il veut, comme les JO l’ont montré, mais qu’il est tout aussi capable de les réprimer sauvagement quand il n’a pas pu les empêcher. Les Gilets jaunes en savent quelque chose.

Le mouvement des gilets jaunes, un mouvement de protestation des travailleurs qui n’arrivent plus à vivre de leur travail à force d’être rançonnés par la Caste au pouvoir, s’est vite étendu à toute la France. Il s’est caractérisé par des rassemblements autour des ronds-points et des manifestations pacifiques. Rapidement, les revendications du mouvement se sont élargies, notamment à l’amélioration du niveau de vie des classes populaires et moyennes, la justice fiscale et sociale, la démission du président de la République, Emmanuel Macron, le rétablissement de l’impôt sur la fortune et l’instauration du référendum d’initiative citoyenne.

Macron prend peur et envoie sa police réprimer violemment les manifestations pacifiques. Je le sais, j’y étais. Les violences policières et les arrestations se multiplient. Le mouvement finit par s’étioler faute de combattants. Macron a réussi à mater la classe populaire par une répression brutale, de vagues promesses et de grands débats.

Mais quatre ans plus tard, selon l’Humanité du 18 novembre 2022, les victimes n’ont toujours pas été dédommagées : « quatre ans après le début du mouvement, plusieurs leaders de la contestation, accompagnés de députés insoumis ont exigé, ce jeudi, la reconnaissance des dommages subis par des milliers de victimes lors des manifestations.

« 11 morts, 32 éborgnés et 5 mains arrachées. Tel est le triste bilan de la répression du mouvement des Gilets jaunes, dressé par Faouzi Lellouche, qui fut parmi les premiers à investir les ronds-points en 2018 ».

Quant à la répression judiciaire, les mêmes lois qui aujourd’hui ne permettent pas de mettre les auteurs de débordements festifs en prison, ont pourtant permis d’emprisonner en masse des GJ pacifiques pour le simple délit de manifester.

Selon France-bleu :

« Sur l’ensemble de la France, il y a eu 10.852 gardes à vue, dont environ un tiers à Paris. Au total, 3.163 condamnations ont été prononcées, dont près de 2.000 dans le cadre de comparutions immédiates, une procédure jugée expéditive par la défense. 1000 gilets jaunes condamnés à de la prison ferme, dont 600 peines aménagées. Au total, 400 gilets jaunes ont été condamnés à de la prison ferme avec incarcération immédiate. Il s’agit le plus souvent de peines de quelques mois de prison. 600 autres manifestants ont été condamnés à une peine d’emprisonnement mais sans incarcération, ce qui s’est transformé la plupart du temps en peines aménagées. 

« Plus de 1.230 personnes ont écopé d’une peine de prison avec sursis et 900 autres ont été condamnés à des travaux d’intérêt général, des jours amende, etc. Il y a eu par ailleurs 2.400 mesures alternatives aux poursuites, dont des rappels à la loi. Pour les cas les plus graves, qui nécessitent des investigations plus poussées, 145 informations judiciaires ont été ouvertes ».

Les témoignages de Gilets jaunes blessés. Source : sudinfo.be

Selon le rapport de la Commission d’enquête populaire contre les violences policières et la répression intitulé Un an de répression judiciaire du mouvement des Gilets jaunes :

« Au niveau national, le Syndicat des avocats de France s’interroge sur « un droit d’exception » dans le traitement judiciaire du mouvement , pendant que la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, le qualifie de « caricature d’une justice d’abattage ». Plusieurs raisons à ces qualificatifs : les gardes à vue abusives, le recours généralisé aux procédures de comparution immédiate, la lourdeur des peines, l’utilisation massive du motif de poursuite contesté de « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou de violences » ou encore les peines d’interdiction de manifester ».

D’ailleurs, selon le Figaro, « les députés européens ont «dénoncé le recours à des interventions violentes et disproportionnées de la part des autorités publiques lors de protestations et de manifestations pacifiques.

«  L’ONU s’est de son côté prononcée sur ce sujet dans un communiqué publié ce jeudi (14 février 2019) et qui cite un groupe d’experts des droits de l’homme des Nations Unies. Ils s’inquiètent du «nombre élevé d’interpellations et de gardes à vue, des fouilles et confiscations de matériel de manifestants, ainsi que des blessures graves causées par un usage disproportionné d’armes dites «non-létales» telles que les grenades et les lanceurs de balles de défense ou «flashballs», ajoutant que «les autorités devraient repenser leurs politiques en matière de maintien de l’ordre pour garantir l’exercice des libertés». Les experts alertent également sur le risque de «sévères restrictions à la liberté de manifester» que pourrait causer la loi anticasseurs. Cette dernière permet aux préfets de prononcer des interdictions de manifester, un point validé par l’Assemblée nationale le 30 janvier dernier.

Conclusion

Macron est tout à fait capable de protéger ses fêtes élitistes, comme les JO, contre les casseurs et les pilleurs, mais il ne protège pas les fêtes populaires, car en fait, il est ravi que les jeunes des quartiers viennent gâcher la fête du petit peuple. Ces jeunes casseurs sont ses alliés objectifs contre le peuple des travailleurs pauvres. Ces gilets jaunes, ce peuple de France qui le nourrit pourtant, mais que Macron craint et déteste. Ce peuple qui voit clair dans son jeu, qui ne le croit plus, qui a honte de lui, qui le tourne en dérision.

Macron achète un semblant de paix sociale dans les quartiers perdus de la République, en ne dérangeant pas leurs petits trafics, et il tolère leurs débordements quand ils viennent rappeler aux classes populaires, que lui, Macron, est leur seul rempart contre le chaos. Macron ne cesse de parler de guerre à tout propos, mais la véritable guerre qu’il mène, et celle-là sans le dire, c’est la guerre aux pauvres en général et aux pauvres travailleurs en particulier.

***

Hernandez et Hakimi fortement intrigués par Brigitte

Décidément, cette finale de Ligue des champions, gagnée haut la main par le Qatar, n’en finit pas de faire des petits.

D’abord, tordons le cou à la rumeur marseillaise, ce pays de tartarins, selon laquelle les dirigeants du PSG, riches comme Crésus, auraient acheté la coupe aux grandes oreilles.
On rappelle aux Marseillais qu’il leur a été reproché la même chose en 1993, lors de la finale entre Tapie et Berlusconi, deux hommes qui ont fait affaire par ailleurs. Et tapie, question magouilles, c’était pas un enfant de chœur. Nous ne reviendrons pas non plus sur l’épisode du Spartak Moscou, écrasé 6 à 0 par les azuréens, dont quatre buts signés jus d’orange frelaté...

Arrêtons, entre Français, de nous déchirer quand on gagne, comme si c’était impossible ou de la triche. On sent vraiment un pays en manque de confiance.

La victoire historique du PSG, malgré la sortie de Cantona, a donné lieu à deux sortes de célébrations : d’une part un soulèvement des chândâlas français, les renois et les rabzas de banlieue, d’autre part un défilé sur les Champs-Élysées, pour les gens éduqués, la race supérieure, quoi, qui finira au Château.

Dans ces grands moments historiques, on laisse les pauvres casser un peu, ça les défoule, ça fait baisser la pression et ensuite ils retournent dans leur cage, la cage où le Système les a fourrés pour les enrager et s’en servir ensuite comme producteurs de chaos en cas de risque insurrectionnel réel.

Fidèle à son habitude, le Président a tenté de récupérer la victoire. Cela a donné lieu à une jolie formule du Bigot (on rappelle que Pacho a écopé d’une bonne note – 8 – sur L’Équipe) :

Les parasites du Château s’incrustent dans l’équipe victorieuse

La séquence qui nous intéresse a lieu pendant le raout mondain, les footballeurs étant encore en maillot, avec Brigitte, le vrai président de la République, qui les félicite. On sent que les deux latéraux ont lu Faits & Documents en cachette.

Le discours du meilleur récupérateur de France est sans intérêt. Mais on a trouvé pire que Manu : Yaël. Vers la trentième minute, le soutien inconditionnel au génocide des Palestiniens tente de chauffer Marquinhos pour lui piquer la coupe.

Cette équipe gouvernementale, une vraie bande de losers, fait honte. Pourquoi est-ce qu’il leur faut toujours tout gâcher, tout salir ? Pourquoi est-ce qu’ils pourrissent tout avec leur lourdeur ?

E&R


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