L’Argentine officialise son retrait de l’OMS lors de la visite de Robert F. Kennedy Jr.

Le 27 mai 2025, l’Argentine a réaffirmé sa décision de se retirer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une annonce coïncidant avec la visite à Buenos Aires de Robert F. Kennedy Jr., secrétaire américain à la Santé et aux Services humains. Cette démarche, initialement déclarée en février par le président Javier Milei, s’inscrit dans une volonté de rompre avec les institutions internationales perçues comme contraires aux intérêts nationaux et de s’aligner sur la politique de l’administration Trump, qui a également quitté l’OMS en janvier 2025.
Contexte et justification du retrait
Le gouvernement argentin, dirigé par Javier Milei, un libertarien « anarcho-capitaliste » et fervent soutien de Donald Trump, a justifié cette décision par des critiques virulentes envers la gestion de l’OMS, notamment pendant la pandémie de Covid-19. Dans un communiqué officiel, l’administration Milei a dénoncé les recommandations de l’OMS comme étant « non basées sur la science, mais sur des intérêts politiques et des structures bureaucratiques refusant de reconnaître leurs erreurs ». Elle a qualifié les mesures de confinement imposées durant la pandémie de « quarantaine de l’âge de pierre » ayant causé des dommages économiques majeurs.
Milei, qui avait déjà critiqué l’OMS lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2024, a accusé l’organisation d’être l’ « exécutante de la plus grande expérimentation de contrôle social de l’histoire ». Ces critiques font écho à celles de Robert F. Kennedy Jr., qui, accuse l’OMS d’être influencée par des intérêts pharmaceutiques et politiques, plaidant pour une réforme radicale.
La visite de RFK Jr. et la coopération bilatérale
La visite de Robert F. Kennedy Jr. à Buenos Aires, les 26 et 27 mai 2025, a marqué un moment clé dans l’alignement stratégique entre l’Argentine et les États-Unis. Kennedy, connu pour son scepticisme envers les vaccins et sa critique des institutions mondiales, a rencontré le président Milei, le ministre de la Santé Mario Lugones, ainsi que d’autres responsables, dont le ministre des Affaires étrangères Gerardo Werthein et le ministre de la Déréglementation Federico Sturzenegger. Ces discussions ont porté sur la création d’un « nouveau système de santé international » basé sur la « science de référence, la transparence, la souveraineté et la responsabilité ».
Dans un message publié sur X le 27 mai, Kennedy a déclaré : « J’ai eu une rencontre merveilleuse avec le président Milei pour discuter du retrait mutuel de nos nations de l’OMS et de la création d’un système de santé international alternatif, basé sur une science de haut niveau et libre de corruption » . Cette vision s’aligne sur les critiques formulées par Kennedy, qui, dénonce l’OMS pour sa politisation et son manque de transparence.
Le ministre argentin de la Santé, Mario Lugones, a souligné que cette coopération vise à « renforcer la transparence et la confiance dans le système de santé », en mettant l’accent sur une médecine préventive et des réformes pour éliminer les inefficacités bureaucratiques. L’Argentine a annoncé une révision de ses agences de santé nationales pour promouvoir un modèle axé sur la « preuve scientifique » et la « santé des citoyens ».
Réactions et implications
La décision de l’Argentine a suscité des critiques, notamment de l’opposition et des experts en santé. Le député Gabriel Solano a qualifié Milei de « marionnette totale de Trump » sur X, tandis que des analystes comme Alejandro Frenkel et Juan Gabriel Tokatlian ont averti que ce retrait pourrait isoler l’Argentine en cas de future crise sanitaire mondiale, en limitant l’accès aux informations et à la coopération internationale. De plus, certains ont souligné que le retrait nécessite l’approbation du Congrès argentin, ce qui pourrait compliquer sa mise en œuvre, car la relation avec l’OMS est encadrée par une loi nationale.
Sur le plan financier, l’impact du retrait argentin est limité, l’Argentine contribuant à hauteur de 8 millions de dollars au budget biennal de l’OMS de 6,9 milliards de dollars. Cependant, combinée au retrait des États-Unis, principal contributeur avec environ 950 millions de dollars, cette décision fragilise la coopération mondiale en matière de santé, notamment face à des menaces comme Ebola ou le Mpox. Ces retraits successifs placent l’OMS « au bord du gouffre financier », amplifiant les défis liés à la politisation de l’organisation France-Soir. L’OMS a officiellement regretté le retrait des États-Unis, un précédent qui pourrait encourager d’autres nations à suivre, comme le rapporte France-Soir.
Une alliance stratégique avec les États-Unis
Ce retrait s’inscrit dans un contexte de rapprochement entre Milei et l’administration Trump. Milei, qui a assisté à l’investiture de Trump en janvier 2025 et fut le premier chef d’État à le rencontrer après son élection, cherche à renforcer les liens avec Washington. Cette convergence s’étend à d’autres domaines, comme le projet de sortie de l’accord de Paris sur le climat et la construction d’une barrière de 200 mètres à la frontière bolivienne pour lutter contre l’immigration et le trafic de drogue.
Cependant, des experts comme Tokatlian mettent en garde contre les risques d’une dépendance excessive envers les États-Unis, soulignant que l’Argentine, en tant que pays périphérique, pourrait ne pas bénéficier des mêmes avantages qu’une grande puissance comme les États-Unis.
Le retrait de l’Argentine de l’OMS, officialisé lors de la visite de Robert F. Kennedy Jr., marque une rupture significative dans la politique sanitaire internationale du pays. En s’alignant sur les États-Unis et en dénonçant l’OMS, Milei et Kennedy ambitionnent de créer une alternative mondiale axée sur la souveraineté nationale et la science indépendante. Cependant, cette décision suscite des inquiétudes quant à l’isolement potentiel de l’Argentine et soulève des questions sur l’avenir de la coopération mondiale en matière de santé. Alors que Milei continue de suivre la voie tracée par Trump, l’Argentine se positionne comme un acteur clé dans ce mouvement de défiance envers les institutions internationales.
- Source : France-Soir