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Les pesticides, le nouveau problème majeur de santé publique ?

Auteur : Nadine Fréry - Charles Sultan via Atlantico | Editeur : Stanislas | Lundi, 06 Mai 2013 - 11h18

Atlantico : Un récent rapport de l'InVS montre que les Français sont fortement exposés aux pesticides et que nos organismes en contiennent un taux élevé. Les pesticides présentent-ils un problème majeur de santé publique ?

Charles Sultan : C’est un véritable enjeu de santé publique pour le présent et le futur. La France est le premier producteur de pesticides au monde par surface agricole. On a montré que la contamination des pesticides commençait dès la vie fœtale, qu’elle se poursuivait en période post-natale et qu’elle continuait jusqu’à l’âge adulte. Les pesticides ont une action qui touche de très nombreux organes, et ils ont le pouvoir d’être stockés chez l’homme et d’être libérés plusieurs mois, plusieurs années plus tard.

Nadine Fréry : Ce n’est pas parce qu’on est capable de mesurer une quantité de pesticides dans l’organisme qu’elle provoque forcément un effet sanitaire. Le problème c’est qu’aujourd’hui on ne sait pas où est le seuil de dangerosité. A titre de prévention il faut surveiller l’exposition de la population. Il faut faire des études sur la durée, pour mesurer l’évolution de l’imprégnation.

Quels sont les risques pour la santé ? 

Charles Sultan : Les pesticides sont des perturbateurs endocriniens c’est-à-dire qu’ils vont bouleverser l’équilibre endocrinien. Cela se traduit par une augmentation de l’activité œstrogénique et par un frein de l’action des androgènes. Ce sont des produits chimiques qui sont capables de modifier le développement du tissu adipeux, ils sont obésogènes, ils favorisent les tissus gras. 

On sait que les pesticides sont capables de modifier pendant la vie fœtale l’expression de certains gènes, l’équilibre génétique. Ils vont marquer le fœtus. Les effets néfastes des pesticides peuvent engendrer des déséquilibres hormonaux qui s’expriment par des malformations génitales.

Pour l’enfant, ils entrainent plusieurs types d’anomalies : malformations génitales, troubles du développement psychologique, troubles de la croissance, facteurs responsables de l’épidémie d’obésité. En touchant des organes clés pendant la vie fœtale ils vont être responsables de l’origine fœtale d’une maladie adulte. 

Pour l’adulte, ils ont des effets sur la fertilité. En une génération nous avons perdu la moitié de la production de spermatozoïdes. Les pesticides sont également capables de toucher l’ovaire fœtal. On remarque également des problèmes d’atteinte du système nerveux, de déséquilibres endocriniens...

Quels sont les différents types de pesticides et leur dangerosité ? Sont-ils tous néfastes ?

Nadine Fréry : Dans notre étude nous avons montré que la famille de DDT - qui sont interdits aujourd’hui - était peu imprégnée dans les organismes français. Globalement les niveaux pour les pesticides d’anciennes générations sont bas quand on compare avec les autres pays. 

Les pesticides organophosphorés qui sont très efficaces contre les acariens ou les insectes, possèdent une toxicité aiguë en cas de surdosage. Depuis notre étude certains d’entre eux ont été retiré du marché.

Enfin pour la dernière famille, très utilisée dans l’agriculture et nos logements, ont note une imprégnation de la population plus élevée que dans d’autres pays comparables.

Dans les molécules chimiques il y a des effets positifs et négatifs. Le terme pesticides recouvrent plusieurs sorte de molécules : les biocides (qui tuent la vie) ont une action pour protéger le bois pas exemple, les anti-parasitaires, les anti-poux, anti-puces, anti-tiques, et les molécules pour immuniser les végétaux contre les insectes. 

Où se trouve en majorité ces pesticides dangereux ?

Charles Sultan : Premièrement dans l’air, ensuite de l’eau, puis les aliments. Certains aliments peuvent contenir jusqu’à 35 pesticides. Ils sont présents dans la viande de façon indirecte. C’est également une contamination environnementale et domestique. Tout notre environnement est contaminé.

Nadine fréry : On les retrouve dans les usages domestiques : Anti-puce, anti-tiques, diffuseurs électriques, produits pour traiter son potager avec des pesticides, l'imprégnation des pesticides n’est pas associée qu’à l’alimentation. Il faut réduire à son niveau son taux d’imprégnation en évitant les usages domestiques.

Une récente étude montre que les taux de pesticides dans les aliments bio et non bio sont sensiblement les mêmes. Un monde sans pesticide est-il envisageable ? 

Charles Sultan : Aujourd’hui non, il faut interdire les pesticides progressivement mais pour l’instant on n’a pas de substitution réelle.


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