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Jeudi, 27 Nov. 2025

GrapheneOS quitte la France, invoquant un climat peu sûr pour les technologies open source

Auteur : Rick Findlay | Editeur : Walt | Jeudi, 27 Nov. 2025 - 11h50

Cette sortie marque un rejet du contrôle croissant exercé par l’Europe sur les technologies liées à la liberté.

GrapheneOS, le système d’exploitation Android axé sur la confidentialité, a mis fin à toutes ses activités en France, affirmant que le pays n’était plus un endroit sûr pour les projets open source liés à la confidentialité.

Bien que les utilisateurs français puissent toujours installer et utiliser le logiciel, le projet transfère tous les services associés, y compris son site web, ses forums et ses serveurs de discussion, hors du territoire français.

Jusqu’à présent, GrapheneOS utilisait OVH Bearharnois, un hébergeur basé en France, pour une partie de son infrastructure. Cette configuration est en cours de démantèlement.

Les serveurs Mastodon, Discourse et Matrix fonctionneront à partir de Toronto sur un mélange de systèmes locaux et partagés. Ces changements visent à supprimer toute dépendance vis-à-vis des fournisseurs de services français.

Les développeurs ont déclaré que leurs systèmes ne collectaient ni ne conservaient de données confidentielles sur les utilisateurs et qu’aucune infrastructure de sécurité critique n’avait jamais été stockée en France. De ce fait, la migration n’aura aucune incidence sur des fonctionnalités telles que la vérification des mises à jour, les contrôles de signature numérique ou la protection contre les rétrogradations.

Cette décision s’applique également aux politiques en matière de voyages et de travail. Les membres de l’équipe ont reçu pour consigne de ne pas se rendre en France, pour des raisons de sécurité personnelle et en raison du soutien du gouvernement à la proposition de l’Union européenne relative au contrôle des chats.

Cette mesure permettrait aux autorités de scanner les communications privées à la recherche de contenus illégaux, ce que les développeurs spécialisés dans la protection de la vie privée considèrent comme incompatible avec une conception numérique sécurisée.

Cette décision fait suite à deux articles publiés dans Le Parisien qui établissaient un lien entre GrapheneOS et des activités criminelles. Dans une interview, Johanna Brousse, procureure française chargée de la cybercriminalité, a déclaré :

« Avec ce nouvel outil, une partie des utilisateurs a une réelle légitimité à vouloir protéger leurs échanges. L’approche est donc différente. Mais cela ne nous empêchera pas de poursuivre les éditeurs si des liens avec une organisation criminelle sont découverts et qu’ils ne coopèrent pas avec la justice ».

GrapheneOS a répondu que le journal confondait son projet légitime avec des versions contrefaites qui imitent le logiciel.

Ces copies frauduleuses, ont-ils déclaré, sont distribuées par des acteurs extérieurs et parfois promues par le biais de vidéos YouTube non répertoriées, de chaînes du dark web ou de pages de réseaux sociaux contrefaites.

Selon les développeurs, aucune de ces activités ne fait partie du projet officiel.

L’équipe a déjà envisagé d’intenter une action en justice contre ce qu’elle appelle des « forks » soutenus par le gouvernement.

Une affaire antérieure concernait ANOM, une opération contrôlée par le FBI qui a diffusé un système Android compromis dans le cadre de l' »opération Trojan Horse » entre 2018 et 2021.

En retirant son infrastructure de France, GrapheneOS fait une déclaration plus large sur la réduction de l’espace réservé aux technologies de protection de la vie privée en Europe.

Les développeurs qui cherchent à créer des outils de communication sécurisés constatent que leur travail est de plus en plus en conflit avec les initiatives de surveillance de l’État, où la protection de la vie privée peut elle-même être considérée comme un acte suspect.

« Nous ne nous rendrons pas en France, notamment en évitant les conférences, et nous éviterons également d’avoir des employés travaillant dans ce pays », a déclaré GrapheneOS sur X, ajoutant qu’il s’agissait d’une « simple heuristique pour l’UE consistant à éviter les pays soutenant le contrôle des communications ».

Les entreprises technologiques spécialisées dans la confidentialité et la liberté sont de plus en plus méfiantes à l’égard de ce qui se passe en Europe. L’arrestation et la détention du fondateur de Telegram, Pavel Durov, en France l’année dernière ont marqué un tournant décisif.

Les autorités françaises ont justifié leurs actions en invoquant l’utilisation présumée de Telegram dans des activités criminelles, mais l’arrestation d’une personnalité connue pour défendre la liberté de communication a envoyé un message clair à la communauté technologique mondiale.

Elle a révélé une volonté de cibler l’individu plutôt que l’utilisation abusive de l’outil, suggérant que le malaise du gouvernement réside moins dans la prévention de la criminalité que dans les technologies qui résistent à la surveillance.

Ces actions brossent un tableau inquiétant d’un pays qui se positionne non pas comme un défenseur des droits numériques, mais comme un gardien prêt à les éroder sous le prétexte de la sécurité publique.

Traduction par Aube Digitale


- Source : Reclaim The Net

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