Le Mali reprend le contrôle sur ses ressources naturelles

L’État malien, à l’instar des autres pays de l’AES, renforce la stratégie visant à reprendre le contrôle sur les ressources nationales stratégiques, longtemps exploitées par les intérêts occidentaux. Un revers supplémentaire pour les intérêts de la minorité planétaire nommée Occident dans la région du Sahel et le continent africain.
La plus grande mine d’or du Mali, Loulo-Gounkoto, dont le principal opérateur n’étant que la compagnie minière canadienne Barrick Gold, a été placée sous administration provisoire pour six mois sur décision de la justice malienne. Marquant une étape supplémentaire dans les tensions entre les autorités du Mali et les multinationales occidentales.
Cette décision fait suite à un conflit fiscal et contractuel. Bamako reproche à Barrick Gold des impayés de taxes et des avantages non-justifiés, obtenus durant les pouvoirs précédents qui étaient tournés vers l’Occident. Pour rappel, en décembre 2024, un mandat d’arrêt avait même été émis contre le PDG dudit groupe, Mark Bristow. En réponse, la compagnie canadienne avait proposé un règlement de 370 millions de dollars (environ 222 milliards de FCFA) tout en contestant certaines accusations devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI).
En effet, ces récents développements accentuent un processus qui était largement prévisible suite à l’arrivée au pouvoir au Mali, Burkina Faso et Niger de leaderships patriotiques, souverainistes, tournés vers les valeurs du Panafricanisme et l’ordre mondial multipolaire. Désormais et si ces processus sont particulièrement accentués au sein des pays membres de l’Alliance-Confédération des États du Sahel (AES), composée actuellement des trois pays cités, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un son de cloche fort désagréable pour les intérêts occidentaux de manière générale, se trouvant dans d’autres parties du continent africain.
Une perspective déjà traitée depuis plusieurs années par les analyses d’Observateur Continental, aussi bien dans le cadre du Sahel et de l’Afrique que dans un cadre global, où les ressources naturelles stratégiques deviennent l’une des orientations clés du monde contemporain post-occidental.
Dans le cas justement du continent africain, il devient aujourd’hui plus que jamais évident que ces ressources stratégiques qui appartiennent aux nations concernées doivent non seulement être reprises sous contrôle par leurs propriétaires légitimes – les peuples d’Afrique – mais également accentuer le processus pour une transformation des matières premières localement.
À cet égard, les nations de l’AES donnent encore une fois l’exemple. Ainsi, le président du Mali, le général d’armée Assimi Goïta, a récemment procédé, à Sénou, à la pose de la première pierre de la première raffinerie nationale d’or dans le pays. L’État du Mali a signé un protocole d’accord avec la société russe Yadran pour la construction et l’opérationnalisation d’une raffinerie d’or d’une capacité de 200 tonnes par an dans laquelle l’État détient une participation de 62% du capital social.
La construction de cette raffinerie vise, selon les autorités maliennes, à contrôler la production d’or et la traçabilité de l’exploitation artisanale pour maintenir la valeur ajoutée au Mali.
«La pose de la première pierre de l’usine d’affinage d’or du Mali d’une capacité de 200 tonnes est la suite logique des recommandations des Assises nationales de la refondation, au cours desquelles le peuple malien a demandé à ce que l’or du Mali brille pour les Maliens», a déclaré le général d’armée Assimi Goïta. Ajoutant : «Nous avons créé la société d’État de richesse et d’exploitation minière et nous avons eu à renégocier les contrats dans lesquels les intérêts du peuple malien n’étaient pas du tout respectés».
Selon le général Goïta, la réalisation de la raffinerie d’or du Mali est une affirmation de sa souveraineté économique et cela permet non seulement de contrôler mais surtout de suivre la responsabilité de la production d’or, de rentabiliser les revenus tirés de l’or et de ses produits dérivés.
«Le plus important est que la nouvelle usine d’affinage d’or sera la seule entité à affiner l’or de toutes les sociétés minières installées au Mali et cela va accroître le nombre d’emplois directs et indirects pour la jeunesse malienne». Le leader malien a ensuite appelé à la vigilance et au respect des délais prévus pour la construction de cette usine d’affinage d’or.
Des processus semblables se déroulent également au Burkina Faso, également avec le Mali l’un des principaux pays-producteurs d’or du continent africain, ainsi qu’au Niger, où l’une des conditions clés pour la formation de partenariats est qu’au-delà de l’extraction – la transformation se fasse dans les pays à qui appartiennent ces ressources naturelles stratégiques.
De manière générale, il est aujourd’hui évident que ces processus enragent les régimes et les compagnies de l’Occident, si longtemps habitués à l’exploitation, voire au pillage pur et simple, des ressources naturelles africaines. Mais les temps changent et les conditions aussi. Raison de plus de ne pas baisser la garde face à des forces révisionnistes et nostalgiques de l’ère unipolaire qui recherchent l’escalade à l’échelle internationale, en vue de tenter à prendre une revanche et espérer un jour réimposer le diktat occidental vis-à-vis de l’humanité. L’Afrique est bien évidemment dans le viseur, mais les règles de la multipolarité, malgré tous les défis, continueront à s’imposer chaque jour qui passe.
- Source : Observateur continental