Torquemada au ministère de l’Intérieur

La République française se découvre un bien étrange ministre. Retailleau, dans un délire mystique qui confine à l’obsession pathologique, semble avoir égaré quelque part entre les bancs d’église et son bureau ministériel les fondements même de la démocratie laïque. Voilà un homme qui, plutôt que d’assurer ses fonctions régaliennes, se voit en templier des temps modernes, pourfendeur d’un ennemi imaginaire qu’il a lui-même façonné dans les méandres de son esprit fiévreux.
Le Nouvel Observateur nous dévoile le portrait consternant d’un illuminé qui transforme chaque messe dominicale en spectacle politique, comme si l’assiduité aux offices religieux pouvait tenir lieu de programme gouvernemental. Cette dévotion théâtrale, aussi grotesque que dangereuse, révèle un homme qui confond dangereusement service de l’État et mission divine.
Son ouvrage « Refondation » parut en 2019 apparaît comme le manifeste halluciné d’un esprit resté prisonnier des croisades du XIIe siècle. La métaphore du « système immunitaire » qu’il y développe pour parler de l’islam dépasse l’ignominie : voilà une religion et ses fidèles réduits à l’état de pathogènes dont il faudrait purger le corps social. Cette rhétorique nauséabonde, qui semble vouloir rejouer la bataille de Hattin où Saladin écrasa Guy de Lusignan, révèle la vraie nature de sa pensée : celle d’un sectarisme religieux d’un autre âge.
Comment tolérer qu’un ministre des Cultes, censé garantir la liberté de conscience, se comporte en grand inquisiteur? Sa vision paranoïaque d’une France judéo-chrétienne assiégée par les hordes musulmanes relève de la psychiatrie plus que de l’analyse politique. Ce délire persécutif, mâtiné de relents xénophobes à peine voilés, transforme chacune de ses interventions en une croisade contre les musulmans de France, citoyens qu’il est pourtant censé servir et protéger.
Retailleau, dans sa posture de chevalier blanc auto-proclamé, incarne l’archétype du politique qui a perdu tout contact avec la réalité. Son obsession maladive pour une prétendue menace islamique, sa propension à voir des complots partout, et sa conviction d’être investi d’une mission divine en font un danger pour les institutions républicaines.
La schizophrénie politique de ce ministre qui confond l’action publique avec une guerre sainte personnelle atteint des sommets inquiétants. Son vocabulaire guerrier, ses références constantes aux croisades, sa vision manichéenne d’un monde divisé entre « bons chrétiens » et « musulmans envahisseurs » relèvent d’une démence politique qui n’a plus sa place dans une démocratie moderne.
Ce qui se joue ici dépasse le simple constat d’incompétence : nous assistons à la dérive mystique d’un homme qui instrumentalise sa fonction régalienne pour mener une guerre de religion imaginaire. Son « système immunitaire » n’est rien d’autre qu’un euphémisme pour légitimer une discrimination institutionnalisée, une tentative à peine voilée de réintroduire l’inquisition dans l’arsenal législatif.
La République mérite mieux que ce Don Quichotte en guerre contre des moulins à vent islamiques. L’urgence n’est plus de débattre avec un homme qui a visiblement perdu tout sens des réalités, mais de s’interroger sur la compatibilité de ses positions avec les fonctions qu’il occupe. Car enfin, comment un individu qui voit des sarrasins dans chaque musulman, qui rêve de croisades et se prend pour un templier, peut-il prétendre servir l’intérêt général dans une République laïque?
Il est temps de nommer les choses : Retailleau n’est pas un ministre, c’est un mystique égaré dans les couloirs de la République, un danger pour la cohésion nationale, un fossoyeur de la laïcité qui confond son ministère avec une cathédrale et ses fonctions avec une mission divine. La France de 2025 n’a pas besoin d’un nouveau Torquemada, mais d’un ministre capable de servir tous les citoyens, quelle que soit leur confession.
Envoyé par A. Djerrad
- Source : ZeJournal