Trump s’exprime sur le Golfe et passe ensuite à la relation Inde-Pakistan

Le président Donald Trump apparaît déjà comme un colosse traversant l’histoire du 21e siècle. Conscient qu’il lui reste moins de quatre ans pour créer son héritage, Trump est sans aucun doute un homme pressé. Étonnamment, l’ordre du jour de sa visite était assez chargé, mais il a trouvé un peu de place pour l’Inde et le Pakistan.
Le discours prononcé par Trump à Riyad le 13 mai, lors d’une visite historique dans la région qui marquera la refonte du Moyen-Orient, se distingue par la vision extraordinaire qu’il a et qui le distingue totalement de son groupe de pairs actuels dans la politique mondiale, non seulement dans le monde occidental, mais aussi dans le monde entier.
Les points forts de la visite sont les suivants :
- Trump fait revivre l’alliance américano-saoudienne en la rajeunissant grâce à une alchimie fondée sur la coopération économique et le commerce et basée sur l’égalité et le respect mutuel.
- Même si la relation de sécurité se poursuit, son caractère change fondamentalement car Trump se rend compte que les Saoudiens en ont eux-mêmes fini avec la perspective interventionniste en tant que subalternes des États-Unis dans la région, et qu’ils se concentrent désormais sur la transformation de leur économie basée sur le pétrole en la diversifiant et, surtout, en lançant des réformes sociales tous azimuts, contre toute attente, en brisant les croûtes pour moderniser le pays et sa société afin d’apporter le type de mobilité sociale et d’inclusivité qui est une condition préalable au développement optimal du pays.
- Trump n’est pas du tout normatif, mais il fait tout son possible pour reconnaître et apprécier publiquement le fait que la région est en train de trouver la voie à suivre pour aller de l’avant au 21e siècle en mettant en œuvre de manière optimale son génie autochtone pour relever les défis auxquels elle est confrontée dans de nombreuses directions.
- La visite de Trump a un contenu commercial considérable : des accords ont été signés pour plus de 600 milliards de dollars et un contrat d’armement monumental représente à lui seul 140 milliards de dollars supplémentaires. Dans le cadre de son projet MAGA, Trump s’est lui-même fixé pour objectif d’y réaliser des investissements d’une valeur de 1 000 milliards de dollars.
- Les entreprises américano-saoudiennes s’adaptent rapidement à la priorité accordée par le prince héritier à la nouvelle économie du Royaume, axée sur les domaines de pointe et de haute technologie, en particulier l’IA. Elon Musk était à la tête de la délégation d’hommes d’affaires accompagnant Trump.
- Trump a noué des liens étroits avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, qui représente tout ce que Trump admire chez un dirigeant mondial : fort, puissant, capable de prendre des décisions difficiles et décisives, travailleur (Trump, qui dort environ 4 heures par jour, lui a demandé s’il trouvait le temps de dormir) et, surtout, animé d’une vision extrêmement ambitieuse visant à refaire son pays et à réécrire l’histoire.
Ce lien (au niveau personnel également) signifie très certainement un soutien sans réserve des États-Unis à la succession saoudienne extrêmement délicate qui se profile à l’horizon. En d’autres termes, les États-Unis garantissent leur soutien à la succession en douceur du prince Salman, en se basant sur l’estimation que le règne attendu du jeune monarque pendant des décennies dans l’État pivot de la péninsule arabique transformera l’ensemble du « Moyen-Orient musulman », là où le Printemps arabe a échoué.
La rencontre de Trump avec le président syrien lors de son séjour en Arabie saoudite et la levée des sanctions américaines contre ce pays constituent un revirement stupéfiant de la stratégie régionale des États-Unis, compte tenu des liens passés d’Ahmed al-Sharaa avec Al-Qaïda. Si l’on ajoute à cela la décision de Trump de s’engager avec le Hamas et les Houthis, ainsi que sa volonté de normalisation avec l’Iran (en ignorant les réserves d’Israël), les États-Unis franchissent le Rubicon en ce qui concerne l’islamisme. Ce n’est pas une mince affaire.
Trump a entrepris cette tournée régionale comme sa première visite à l’étranger dans le cadre de son mandat présidentiel – en laissant Israël en dehors de l’itinéraire – également en raison d’une intrigue secondaire convaincante qu’il avait l’intention de poursuivre, à savoir la normalisation des États-Unis avec l’Iran. Les négociations se déroulent bien et si un accord entre les États-Unis et l’Iran se concrétise dans les semaines ou les mois à venir, ne soyez pas surpris si l’ambassade américaine à Téhéran est rouverte. Au fond, Trump espère que la trajectoire réformiste saoudienne déteindra inévitablement sur l’Iran, ce qui signifiera une préférence dans la région pour les socs de charrue plutôt que pour les épées, pour la promotion des intérêts nationaux.
D’ailleurs, lors de son discours à Riyad, Trump a laissé entendre que, tout comme au sujet de l’Iran, le sous-continent indien était également très présent dans son esprit – et il a proposé en plaisantant que le secrétaire d’État Marco Rubio, un grand ami de l’Inde et du ministre des affaires extérieures Jaishankar, organise un repas à Washington pour les dirigeants indiens et pakistanais !
DC pourrait-il être le « site neutre », auquel Rubio a fait référence dans son annonce du 10 mai concernant le « cessez-le-feu négocié par les États-Unis », pour des pourparlers entre l’Inde et le Pakistan, qui rend l’establishment indien fou ? Apparemment, oui !
Les extraits suivants du discours de Trump à Riyad concernant l’Iran peuvent être considérés comme un reflet du vent de changement qui balaie le Moyen Orient et de la détermination des États-Unis à être en phase avec l’esprit du temps.
Citation :
« Si seulement le régime iranien s’était concentré sur la construction de sa nation au lieu de démolir la région.
Pourtant, je suis ici aujourd’hui non seulement pour condamner le chaos passé des dirigeants iraniens, mais aussi pour leur offrir une nouvelle voie, une bien meilleure voie vers un avenir bien meilleur et plein d’espoir. Comme je l’ai montré à maintes reprises, je suis prêt à mettre fin aux conflits passés et à forger de nouveaux partenariats pour un monde meilleur et plus stable, même si nos divergences peuvent être très profondes, ce qui est évidemment le cas, dans le cas de l’Iran, je n’ai jamais cru qu’il fallait avoir des ennemis permanents. Je suis différent de ce que beaucoup de gens pensent. Je n’aime pas les ennemis permanents, mais parfois vous avez besoin d’ennemis pour faire le travail et vous devez le faire correctement. Les ennemis vous motivent.
En fait, certains des amis les plus proches des États-Unis d’Amérique sont des nations contre lesquelles nous avons mené des guerres dans le passé, et qui sont aujourd’hui nos amis et nos alliés. Je veux conclure un accord avec l’Iran. Si je peux conclure un accord avec l’Iran, je serai très heureux que nous puissions rendre votre région et le monde plus sûrs. Mais si les dirigeants iraniens rejettent ce rameau d’olivier et continuent d’attaquer leurs voisins, nous n’aurons d’autre choix que d’exercer une pression maximale massive, de réduire à zéro les exportations de pétrole iranien, comme je l’ai fait auparavant. Saviez-vous que l’Iran était un pays virtuellement en faillite grâce à ce que j’ai fait, qu’il n’avait pas d’argent pour la terreur, qu’il n’avait pas d’argent pour le Hamas ou le Hezbollah, et que nous prendrions toutes les mesures nécessaires pour empêcher le régime de disposer d’une arme nucléaire. L’Iran n’aura jamais d’arme nucléaire.
Cela dit, l’Iran peut avoir un avenir bien plus radieux, mais je ne permettrai jamais que l’Amérique et ses alliés soient menacés par le terrorisme ou une attaque nucléaire. C’est à eux de choisir. Nous voulons vraiment que l’Iran soit un pays prospère. Nous voulons qu’il soit un pays merveilleux, sûr et formidable, mais il ne peut pas avoir d’arme nucléaire. Cette offre ne durera pas éternellement. Le moment est venu pour eux de choisir, maintenant. Nous n’avons pas beaucoup de temps pour attendre. Les choses se déroulent à un rythme très rapide, ici même. Elles se déroulent à un rythme très rapide, alors ils doivent agir maintenant, d’une manière ou d’une autre. Faites ce que vous avez à faire. Comme je l’ai dit dans mon discours d’investiture, mon plus grand espoir est d’être un artisan de la paix et un rassembleur. Je n’aime pas la guerre… »
Ensuite, Trump a brusquement changé de cap pour faire l’analogie avec les tensions accrues en Asie du Sud. Il a déclaré :
« Il y a quelques jours, mon administration a réussi à négocier un cessez-le-feu historique pour mettre fin à l’escalade de la violence entre l’Inde et le Pakistan, et j’ai utilisé le commerce dans une large mesure pour y parvenir. J’ai dit, les gars, « Venez. Passons un accord. Faisons un peu de commerce. N’échangeons pas de missiles nucléaires. Échangeons les choses que vous fabriquez si bien.
Et ils ont tous deux des dirigeants très puissants, des dirigeants très forts, de bons dirigeants, des dirigeants intelligents, et tout s’est arrêté. J’espère qu’il en sera toujours ainsi, mais tout s’est arrêté. Je suis très fier de Marco Rubio et de tous ceux qui ont travaillé si dur. Marco, lève-toi. Tu l’as fait. Je t’en remercie. JD Vance, Marco, tout le groupe a travaillé ensemble, c’était un excellent travail. Et je pense qu’ils s’entendent bien. Peut-être qu’on pourrait même les réunir un peu, Marco, pour qu’ils sortent et qu’ils fassent un bon dîner ensemble. Ce serait bien, non ? »
Le texte intégral du discours de M. Trump est disponible ici.
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
- Source : Indian Punchline (Inde)