L’Australie, laboratoire mondial de la surveillance : Les réseaux sociaux interdits aux moins de 16 ans
L’Australie a dégainé la première. Depuis aujourd'hui, les moins de seize ans y sont officiellement bannis des réseaux sociaux. Le gouvernement d’Anthony Albanese brandit l’étendard de la protection de l’enfance, évoquant pêle-mêle cyberharcèlement, contenus toxiques et santé mentale en péril.
TikTok, Instagram, Facebook et consorts sont sommés de bloquer l’accès aux mineurs, sous la menace d’amendes colossales. Une « avancée radicale », clame le Premier ministre, répondant ainsi à « l’anxiété des parents ». Un storytelling parfait, qui dissimule mal l’autre versant, bien moins reluisant, de cette législation : l’instauration rampante d’un contrôle identitaire généralisé, s’appliquant in fine à l’ensemble de la population.
La biométrie, ce cheval de Troie
Pour faire appliquer cette prohibition, les plateformes doivent désormais déployer des systèmes de vérification d’âge « robustes ». Canberra écarte, d’une main, l’idée de transmettre directement une pièce d’identité aux géants du numérique – trop intrusif. De l’autre, il encourage des méthodes alternatives tout aussi inquiétantes : reconnaissance faciale, analyse biométrique, voire examen des mouvements des mains par intelligence artificielle. Des sociétés comme Yoti proposent déjà d’estimer l’âge via un simple selfie, promettant de ne conserver aucune donnée. Mais les failles sont patentes : un adolescent de quinze ans a déjà dupé le système de Snapchat.
Des organisations comme l’Electronic Frontier Foundation dénoncent les dangers cachés de cette collecte massive de données sensibles. Des millions d’Australiens, adultes compris, pourraient être contraints de soumettre leur visage à un scan pour simplement se connecter. On estime mal la précision, souvent discriminatoire, de ces outils, et encore moins leur sécurisation face aux fuites. Sur les réseaux, l’amertume est palpable : sous prétexte de protéger les enfants, les autorités normalisent une identification numérique obligatoire. Un premier pas, en somme, vers une surveillance bien plus large, où la police pourrait un jour accéder aux comptes privés.
🔴🇫🇷 ALERTE INFO | 📵 L’Australie va interdire les réseaux sociaux aux -16 ans : pour appliquer la mesure, tous les adultes devront scanner leur carte d’identité + passer par une reconnaissance faciale pour se connecter.
— Jon De Lorraine (@jon_delorraine) November 30, 2025
Macron et le gouvernement français veulent la même chose. pic.twitter.com/sbLo3EQSf9
Macron sur les traces de Canberra
De l’autre côté du globe, la France observe et emboîte le pas avec un empressement troublant. Emmanuel Macron, en juin 2025, avait annoncé son intention d’interdire les réseaux sociaux aux moins de quinze ans. Il suggère lui aussi le recours à la reconnaissance faciale et évoque un « couvre-feu numérique » pour les adolescents. Un rapport commandé par l’Élysée en avril 2024 pave déjà la voie, préconisant des restrictions drastiques et une vérification d’âge systématique sur tous les appareils.
La manœuvre est transparente. Notre cher président pousse pour une harmonisation européenne, arguant que sans accord à Bruxelles, la France agira seule. L’UE planche effectivement sur une application de vérification d’âge, potentiellement biométrique. Derrière le discours vertueux sur le bien-être de la jeunesse, un agenda plus ambitieux se dessine : la mise en place d’un traçage numérique massif. La protection des mineurs sert de paravent acceptable pour imposer, à terme, une identification contrainte à tous les citoyens. Les libertés fondamentales – vie privée, anonymat, liberté d’expression – en sortiraient durablement rognées, sacrifiées sur l’autel d’une sécurité aussi floue qu’absolue.
Une victoire à la Pyrrhus
Le vernis est protecteur, la substance est autoritaire. Tandis que Canberra et Paris célèbrent leur audace législative, les mécanismes qu’ils mettent en place construisent, brique après brique, une architecture de surveillance généralisée. L’enjeu n’est plus seulement de garder les enfants hors de TikTok, mais de conditionner les adultes à une existence numérique transparente et tracée. La victoire annoncée pour la jeunesse pourrait bien se révéler, à l’usage, être une défaite historique pour les libertés de tous.
- Source : Le Média en 4-4-2















