Un faux plan de paix pour dissimuler un vrai génocide

Le plan de paix de Trump et Netanyahou n’a que pour but de transformer, dans l’imaginaire collectif mondial, le génocide qui vient d’avoir lieu à Gaza en simple conflit.
«L’enfer est pavé de bonnes intentions». Jamais la phrase de saint Augustin n’aura été aussi juste. En effet, alors que le génocide des Palestiniens de la bande de Gaza est déjà consommé, le simulacre de négociation avec les Gazaouis n’a que pour but de donner l’illusion que tous les belligérants seraient, au fond, sur un pied d’égalité. Or, si tout le monde est sur un pied d’égalité, c’est qu’il ne peut pas y avoir eu de génocide.
Dès le début, ce plan de cessez-le-feu fut odieux. Rappelons-nous l’avertissement de Trump aux Palestiniens : «Si vous ne l’acceptez pas, je vous promets un enfer tel que l’humanité n’en a jamais connu». Franchement, dit-on cela à un peuple qui vient de connaître un génocide ? Un peuple écrasé et sans armée, qui vit dans une prison/zoo à ciel ouvert de 10 km de large sur 50 km de long, et dont même le ravitaillement en eau est contrôlé par Israël ? Un peuple humilié depuis soixante-dix ans et dont environ 100 000 femmes et enfants viennent de trouver la mort sous les bombes ? Les Alliés, ont-ils dit cela aux juifs et aux tziganes avant de les libérer des camps de la mort ? Ont-ils posé des conditions et promis d’autres enfers encore plus terribles que celui qu’ils venaient de vivre dans le cas où ils refuseraient ces conditions ? Quand un peuple subit un génocide, on le libère, c’est tout. Un peuple génocidé n’est pas en mesure de négocier. Lui proposer de négocier, c’est, si c’était possible, le tuer une deuxième fois, c’est lui voler en quelque sorte sa souffrance. C’est lui dire : «Tu vois, on t’a massacré, mais on est gentil, et on t’invite maintenant à venir apposer ta petite signature. Tu vois, nous, nous sommes «réglos» nous ne sommes pas des méchants…»
Certes, sachant que Trump a été élu grâce à l’argent de son gendre juif, Jared Kushner, qui avait financé sa première campagne présidentielle, et sachant que sa propre fille (Ivanka Trump) s’est convertie au judaïsme, nous pouvons comprendre qu’il penche du côté de l’État hébreu ; mais enfin, tout de même, il y a des limites… Exiger du Hamas qu’il se désarme ? Mais se désarme de quoi ? Combien d’Israéliens ont été tués par les bombes du Hamas sur Tel-Aviv depuis le commencement de la «guerre» ? Oui, combien ? Zéro.
Alors bien sûr, et même si le terrorisme est l’arme du faible, et même si Israël occupe une partie de la Palestine, il y a eu cette attaque condamnable du Hamas, qui aura fait plus de mille victimes chez les Israéliens. Oui, cela doit être dénoncé. Mais enfin, Israël, qui a perdu six millions de ses enfants dans l’enfer nazi, a très rapidement «pardonné» aux Allemands, contribuant à enrichir ce pays en lui achetant très rapidement toutes sortes d’armes. Pourquoi donc ce traitement de «faveur» envers les Palestiniens ? Nous aurions presque parfois l’impression que les Israéliens font payer aux Gazaouis la note de l’Holocauste……commis par les nazis. La souffrance des juifs a été si intense sous le Troisième Reich que l’abcès doit être crevé, et peu importe sur quel peuple le pus retombe… Oui, sans Shoah, pas de Gaza. L’idée n’est pas incongrue.
Non, en réalité, le but principal et sous-jacent à cette sinistre mascarade de «plan de paix» est d’empêcher le peuple palestinien d’avoir recours à cette compensation mémorielle à laquelle, comme tous les peuples génocidés, il a pourtant droit. Il s’agit pour l’État profond d’empêcher à tout prix les Gazaouis de faire comme les juifs, c’est-à-dire de cultiver la mémoire de leur génocide pendant quatre-vingts ans. Le génocide palestinien, lui, doit être oublié. Il ne doit jamais figurer dans les livres d’histoire (un peu comme le génocide arménien que Netanyahou refuse, en outre, de reconnaître, sans même mentionner le génocide vendéen ou celui des chrétiens du Sud-Soudan – chrétiens massacrés par des musulmans -, qui n’intéressent personne…). Ordonner aux rescapés d’un génocide de venir négocier en faisant semblant que rien d’extraordinaire ne se serait passé, en insinuant qu’au fond ce conflit n’est qu’un banal conflit comme «les autres», est une infamie. Oui, un ultime affront. Cela revient, après avoir commis un génocide biologique, à en commettre un deuxième : le mémoricide, le génocide de la mémoire. En tant que chrétien catholique, il était de mon devoir d’écrire ces lignes.
- Source : Réseau International