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L’association de soutien face à la répression policière. Ce que « Solidarité Pour Tous » a fait pour vous!

Auteur : Nouvel arbitre | Editeur : Stanislas | Mercredi, 31 Juill. 2013 - 23h23

Nulle n’est mieux placée, pour témoigner combien la répression policière n’est pas l’élucubration qu’on voudrait faire croire, que l’association « Solidarité Pour Tous ». On n’ose plus en dresser l’inventaire tant la litanie est effrayante. Des caprices socialistes nul ne fait jamais les comptes. Il nous faut pourtant de toutes ces billevesées fantaisistes toujours payer l’addition. Il est des résistances qui ne peuvent se faire au moindre coût et des convictions dont la défense n’a pas de prix. « Solidarité Pour Tous » sait combien les manifestants en font les frais. C’est pourquoi l’association met tout en œuvre pour les soutenir.

Pourtant, attire à lui les foudres de la bien-pensance celui qui dénonce cette « dérive totalitaire » d’un Etat démocratique qui rançonne ses opposants. Si ce « deux poids, deux mesures » n’est pas d’hier. Si « discrimination » pour les uns s’appelle « victimisation » chez les autres et « répression » ici se nomme « criminalisation » là, depuis fort longtemps. Si « haro sur le baudet » est une vieille ritournelle. Ce gouvernement détient probablement, de l’après De Gaulle, les nouveaux records. « Deux poids, sans mesure » : là où dénoncer l’instrumentalisation politique de l’exécutif et du judiciaire consiste à « jouer à un jeu dangereux », nous dit Taubira elle-même ! Les conséquences de cette répression font pourtant le quotidien de l’association d’entraide, et sans prime de risque aucune. « Deux poids, outre mesure » : là où cette « vue de l’esprit » qu’est la répression policière fait partie de ces rares chimères que l’on voit soldées en espèces sonnantes et trébuchantes. Parce que pour le ministère de la Justice, nier les faits est une chose, mais devoir par souci de cohérence en refuser les créances en est une autre. Curieux monde où les « demandes réelles » ne font recette aucune quand l’offre se présente, voyez le « Salon du mariage gay », et les « élucubrations » font tant de frais qu’il faille quémander de l’aide, voyez la « Répression policière ».

La Fontaine nous avait bien prévenus, « selon que vous serez puissant ou misérable » ; selon que vous serez de Trappes et Brétigny ou de La Manif Pour Tous, « les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » ; vous serez en garde à vue et rançonné ou relâché et excusé, aurait-il peut-être poursuivi s’il écrivait aujourd’hui.

 

Un pour tous, tous pour un

A la vue d’un gouvernement bien décidé à ne pas cesser de sitôt la persécution et sa démesure si souvent dénoncées, Anne-Laure Blanc a pris l’initiative « d’organiser la riposte » en proposant une aide financière auprès des familles et des jeunes. Aujourd’hui l’association « Solidarité Pour Tous » est déjà venue apporter un précieux soutien à un grand nombre de victimes de la répression policière qui sévit contre les Français qui veulent défendre la famille. Car « Solidarité Pour Tous » a su avec diligence, aussi bien trouver les donateurs pour lever les si indispensables fonds que d’en bien user sans délai. Plus de quarante-cinq jeunes ou moins jeunes ayant subi les foudres de l’Exécutif entre les premières gardes à vue du 14 avril jusqu’à l’une des dernières le 16 juin, se sont adressés à l’association, parfois dans une grande urgence, pour recevoir une aide. Pour trente-huit d’entre eux, les honoraires sont déjà versés.

Ne mettant aucun espoir en d’hypothétiques aides juridictionnelles d’Etat, auxquelles nombre de jeunes auraient eu droit pour pouvoir payer leur défense, c’est une prise en charge totale des honoraires et frais de justice que l’association propose alors. Les sommes les plus importantes à engager sont les honoraires d’avocats. Ces maigres compensations sont aujourd’hui la moindre des reconnaissances que l’association peut leur apporter en dédommagement.

 

De la rue au parquet 

Inestimable est le précieux soutien d’avocats au barreau. Quand, en effet, des avocats, Maître Pichon en tête, se constituent en collectif pour aller au secours des manifestants défendant la famille début avril, c’est sans perspective aucune de rémunération. D’arrache pied, nuit et jour, le Collectif des Avocats contre la Répression Policière, dit CARP, est toujours mobilisé dès la moindre garde à vue ; toujours là pour assister aux interrogatoires, souvent au milieu de la nuit ; toujours présent pour faire les « observations écrites » dénonçant les (ex)actions des forces dites de l’ordre ; toujours là au moment des jugements pour les défendre au procès. Les avocats interviennent même dès les premières tensions, lors les interpellations… L’on se souviendra de l’intervention de Maître Triomphe. Bref, avec le CARP, l’esprit Printemps français est entré dans les institutions judiciaires.

Jamais les gardes à vue ne furent aussi extravagantes qu’à la suite de la manifestation nationale du 26 mai. Jamais le CARP ne fut aussi réclamé. Maître Frédéric Pichon, grand militant tout bon juriste qu’il est, ou grand juriste tout bon militant qu’il est, s’est investi corps et âme à coordonner l’assistance et la défense des manifestants arrêtés. A ses côtés, Maître Wandrille Spire vient appuyer des manifestants et Maître Paul Yon s’est mobilisé plus de vingt-cinq fois pour assister les défenseurs de la famille en garde à vue. Les avocats ont soutenu bon nombre de jeunes, qui pareils à Mathilde*, sont retenus en garde à vue dix-huit heures ou plus pour le seul motif de « non dispersion après manifestation ». Parfois comme Bastien*, plusieurs ont fait quarante-huit heures de garde à vue et sont déférés aux parquets pour passer en comparution immédiate sans n’avoir rien fait. Pour dix-huit des manifestants qu’il a assistés, Maître Yon a déjà reçu une indemnisation payée grâce à Solidarité Pour Tous.

Sans comparaison aucune avec des conventions d’honoraires coutumières, les avocats solidaires pratiquent des honoraires militants. Des prix forfaitaires pour les gardes à vue quatre fois moins chers que les tarifs pratiqués en d’autres circonstances. Leur dévouement est d’autant plus édifiant qu’avant même l’idée de cette association de soutien, ces magistrats se sont engagés dans la défense de manifestants en procès face à cette justice partisane. Ainsi Martin* arrêté parmi les Veilleurs le 18 avril et coupable du seul crime d’être de l’Action française, ou Michel* pour avoir déployé une banderole dans l’Assemblée Nationale le 23 avril, jour du vote de la « loi Taubira », pourraient témoigner de cette abnégation.

 

Les grandes heures

« Solidarité Pour Tous » a aussi accompagné les actions en justice les plus médiatisées. C’est sous leurs bons auspices que les Hommen à Roland Garros et Nicolas Buss, prisonnier à Fleury-Mérogis, ont espéré encore trouver et justice et soutien. Avec l’action aussi valeureuse que contestée des Hommen à la finale de tennis, en l’espace d’un instant notre cause eut peut-être plus d’audience qu’en des mois de résistance. L’action fit la Une de tous les journaux du monde ou presque. Cette stratégie n’est rien d’autre que celle dont a usé aussi La Manif Pour Tous sur le Tour de France : puisque la presse ne va pas là où nous sommes, allons là où la presse se trouve. A belle action, belle défense oblige. C’est le ténor du barreau Stéphane Maitre qui a fait tourner court le procès des Hommen. Pour seule plaidoirie, il lui suffit d’attaquer, tant y avait-il eu de violations des droits de la défense. Entre autres vices de procédure, les Hommen arrêtés sont enfermés plus de deux heures durant dans une camionnette sans rien savoir des raisons de leur séquestration. Christian*, l’un de ces « 4 mousquetaires » de Roland Garros du 9 juin dernier, est un jeune chef d’entreprise en lancement d’activité ; la barbarie de la police lui fit subir de très lourds préjudices.

Très médiatisée aussi non en raison l’action mais de la démesure de la peine : l’affaire Nicolas Buss. Nos institutions touchent le summum du délire idéologique, l’apothéose fiévreuse du jusqu’auboutisme avec ces trois semaines que Nicolas a passé en cachot en attendant de faire appel. Nicolas est à peine plus engagé que le « simple » manifestant de La Manif Pour Tous. C’est son goût pour ces petites manifestations appelées « Téléportations Pour Tous » qui lui jouera ce mauvais tour. Pour protéger les enfants, Nicolas veut du « On Ne Lâche Rien » prendre toute la teneur. Mais de tel combat, Corneille rappelle la cruelle destinée :

Quand on veut soutenir ceux que le sort accable,
A force d’être juste on est souvent coupable ;
Et la fidélité qu’on garde imprudemment,
Après un peu d’éclat traîne un long châtiment,

C’est d’insolence seule qu’il fut au fond accusé. Unique forme de désobéissance civile que son incarcération seule lui laissait : celle de l’esprit. Frédéric Pichon s’adresse à Maître Benoît Gruau pour prendre l’affaire ; il défend Nicolas brillamment. Mais lorsque le gouvernement érige en principe des maximes pareilles a celle-là : Quand on craint d’être injuste, on a toujours à craindre ; Et qui veut tout pouvoir doit oser tout enfreindre ; l’on se réjouit de soutenir une juste cause, et se convainc en pensant : Laissons nommer sa peine un injuste attentat : La justice n’est pas une vertu d’Etat.

Le parquet n’a pas terminé ses offensives. L’association est aussi un véritable appui pour les jeunes, des étudiants pour la plupart, dont la justice se plaît à exiger, des sommes de plus en plus extravagantes. Elle s’est faite un grand soutien de la résistance, mieux : elle y concourt, elle est en somme la condition de sa poursuite. « Solidarité Pour Tous », et à ses côtés le CARP, assurent de trouver des visages humains capables de générosité dans la rude et froide machine judiciaire qui jubile à rançonner ce qu’elle s’empresse de désigner comme le « bourgeois » de peur de ne se voir elle-même accuser sous ce titre. Pourquoi donc se priver d’une pareille occasion ? Et de répondre avec la neuvième béatitude sous la plume de Claudel : « Heureux qui est dépouillé injustement, car il n’a plus rien à craindre de la justice. »


- Source : Nouvel arbitre

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