www.zejournal.mobi
Samedi, 04 Mai 2024

Dans le Donbass, de Lugansk à Donetsk, le front craque progressivement

Auteur : Erwan Castel | Editeur : Walt | Jeudi, 04 Juin 2015 - 19h22

Partout sur le front, les combats et les bombardements s’intensifient, et le réveil de la vraie guerre semble aujourd’hui une évidence, et même oserais-je écrire, un soulagement dans le coeur des soldats lassés de cette fausse et cynique trêve de Minsk, qui use les nerfs et l’attention des soldats et fauche chaque jour l’espérance et l’innocence des civils.
Lorsque la guerre fait rage, la destinée d’un pays attaqué doit appartenir à ses guerriers, et seule la victoire des armes peut amener dans les foyers la justice et la paix qui ne sont pas négociables à l’aune des hypocrites négociations diplomatiques.

Au loin le district de Petrovsky à l’Ouest de Donetsk, à droite, Marienka, au premier plan, la ligne de front tenue par deux bataillons de la Garde Républicaine de Donetsk (le terril étant au centre des dispositifs) Si la ligne de front offre un no man’s land sécuritaire, en revanche ce n’est pas le cas entre Marienka et Trudovsky (à droite derrière le terril), où la continuité urbaine créer une ligne de contact de moins de 200 mètres

Dans le Donbass, de Lugansk à Donetsk, le front craque, et sous la pression des armes de plus en plus bavardes, les unités se jaugent mutuellement testant leurs dispositifs de défense et leurs procédures de réaction… Sur l’Ouest du front, là où des volontaires français sont regroupés au sein d’une unité de reconnaissance de la Garde républicaine, les combats terrestres sont de plus en plus violents, notamment dans le secteur de Marienka, où les belligérants qui ne sont plus qu’à 200 mètres les uns des autres, cherchent à créer une rupture des défenses adverses.

Si la journée est relativement calme, les combattants terrés dans les tranchées et les bunkers, à l’abri des snipers et tireurs, en revanche la nuit est le royaume des chauves souris, symbole des unités de reconnaissance (razviedka)), qui s’infiltrent, pour découvrir et tester le dispositif ennemi…

Trudovsky, meurtrie mais toujours debout résiste vaillamment aux assauts des punisseurs de Kiev

Derrière le terril de Trudovsky, une usine de charbon porte les stigmates de la guerre et les symboles du courage et de la noblesse de ce peuple russe du Donbass martyrisé par Kiev.

Ainsi à l’Ouest de Donetsk, Trudovsky, ce paisible quartier minier du district de Petrovsky, niché au pied d’un immense terril est au coeur de la tourmente… En effet la ligne de front passe juste à la lisière d’une maigre forêt bordant ses maisons alignées. La ligne de front ici est surtout une ligne de contact dépourvue de no man’s land, et qui contrôle une pénétrante vers l’agglomération de Donestk.

Depuis plusieurs nuits les combats font rage dans ce secteur : accrochages des unités de reconnaissance, travail des snipers et de l’artillerie, avancée des lignes de défense et des postes d’observation, combats d’infanterie et de chars etc… chacun cherchant à rompre la défense de l’ennemi.

Ainsi, au cours de la soirée du 31 mai 2015, des tirs de mitrailleuses et de roquettes ont été engagés à partir de bâtiments occupés par des ukrainiens (dont des volontaires islamistes tchétchènes) en direction des « blok post » républicains. Rapidement les échanges sont allés crescendo, en intensité et moyens, avec l’entrée dans la danse des chars, des mortiers et même d’obusiers ukrainiens situés à 10 km de là (en complète infraction avec les accords de Minsk soit dit en passant !)

Ces combats violents, appuyés par les canons des chars et de l’artillerie ont duré plusieurs heures, de la fin de la journée au milieu de la nuit. 5 nouvelles maisons ont été durement touchées à Trudovsky par les canons de Kiev.

Le lendemain à l’aube, le quartier de Trudovsky en grande partie déserté, comptent ses ruines, tandis que bousculent le silence matinal les plaintes des chiens errants et les silhouettes voûtées des anciens mineurs qui préfèrent mourir que de quitter leur sanctuaire

A l’heure où je termine ces lignes, les éclairs et tonnerres d’acier déchirent à nouveau et  de plus belle le manteau de la nuit. Si les affrontements continuent et le confirment par la croissance de leur intensité, ce secteur de Marienka risque fort d’être l’enjeu de nouveaux combats importants, et peut-être même devenir une bataille décisive de la guerre.

Le grand livre de l’Histoire vient d’ouvrir une page portant le nom de cette petite cité minière attaquée, encore inconnue hier mais dont le destin nous appelle à participer avec honneur à son écriture…

Erwan Castel, volontaire français dans les Forces armées de Novorossiya


- Source : Erwan Castel

Cela peut vous intéresser

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...