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Mieux que la laisse du chien : le manteau GPS pour les enfants !

Auteur : Marie Delarue | Editeur : Walt | Mercredi, 10 Sept. 2014 - 13h07

Il n’y a pas à dire, on vit vraiment une époque formidable et il faudrait être bien mesquin pour penser le contraire. Soyons objectifs : le progrès nous environne, il nous cerne, nous porte et nous transporte, se met en quatre – que dis-je : en huit, en douze… – pour nous faciliter la vie.

Tenez, un exemple : « Il y en a même qui font des enfants parce qu’ils ne peuvent pas avoir de chien », disait autrefois feu Coluche. C’est vrai, un chien, ça prend du temps. Il faut le sortir, l’emmener pisser, ramasser sa crotte sous le réverbère, se faire un « dog elbow » parce que Médor tire comme un abruti sur sa laisse… Un calvaire, on vous dit. Tandis qu’un enfant, c’est simple comme l’électronique : le monitoring quand il est dans le ventre de sa mère, l’écoute-bébé quand il est dans son berceau, la caméra-vidéo quand il est chez la nounou, et dès qu’il trotte à son compte, un petit GPS dans son manteau avant de pouvoir lui greffer une puce dans le cerveau. Et zou, vous voilà tranquilles pour la vie !

C’est le pari de l’entreprise de prêt-à-porter Gémo (filiale du groupe Éram), qui va commercialiser dans quelques jours un manteau pour filles ou garçons de 3 à 10 ans, dans lequel sera intégré un boîtier GPS. C’est gentil comme tout, ça s’appelle « Ma p’tite balise » (du nom de la start-up qui l’a conçu) et c’est destiné à « rassurer les parents sur le trajet de leurs enfants, quand ils vont à l’école, faire du sport, participent à des sorties ou sont invités à un anniversaire ». Ils pourront ainsi, nous dit Gémo, « suivre la position des enfants sans les importuner ni leur donner le sentiment qu’ils sont surveillés ».

Jérôme Kerviel, lui, sait qu’il est pisté, tandis que vos chérubins, non. Double bénéfice : vous fliquez vos enfants et, en plus, vous les prenez pour des cons !

Dans l’article qu’elle consacre au sujet, Nicole Vulser (Le Monde) cite Michel Foucault : « Pas besoin d’armes, de violences physiques, de contraintes matérielles. Mais un regard qui surveille et que chacun, en le sentant peser sur lui, finira par intérioriser au point de s’observer lui-même : chacun, ainsi, exercera cette surveillance sur et contre lui-même. » Foucault avait tort et raison à la fois. Il n’est pas coupable. Tort parce qu’il écrivait cela en 1975, et donc ne connaissait ni Facebook, ni Twitter, ni Google, ni Instagram… ces déversoirs de l’intime où chacun, en se répandant, cherche à vivre son quart d’heure warholien. Raison parce qu’il y a longtemps déjà que nous avons intégré la surveillance morale, celle qui veut qu’on s’autocensure en permanence dans les mots et l’écrit, et même dans la pensée intime. Avec son arsenal répressif sur fond d’histoire revisitée, le politiquement correct est la plus verrouillée des prisons.

La p’tite balise pèse 55 grammes et mesure 6 centimètres. Elle est dotée d’un bouton SOS, permet de consulter l’historique de tous les trajets effectués par l’enfant pendant 24 heures et peut vous biper pour signaler que votre joujou est gentiment rentré à la maison. Le manteau GPS coûte 99 euros et la marque Gémo vous offre les 6 premiers mois de géolocalisation. Après quoi, il vous en coûtera 4,90 euros d’abonnement mensuel auprès de Ma p’tite balise. C’est nettement moins cher qu’un promeneur pour chien (9 €/jour). Les amateurs ne vont pas manquer. On leur fait une suggestion : plutôt que faire un enfant, la prochaine fois offrez-vous un robot. On en fait maintenant de tout à fait charmants et les prix sont en baisse.


- Source : Marie Delarue

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