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Samedi, 18 Oct. 2025

Badinter, ce héros ?

Auteur : E&R | Editeur : Walt | Vendredi, 17 Oct. 2025 - 16h23

Franc-Tireur est ce canard d’extrême droite sioniste que personne n’achète (son positionnement pointu doit correspondre, et heureusement, à 0,1 % des Français, soit un juif français sur dix), mais qui s’achète des vues sur Twitter, devenu X.

On a effectivement vu passer des tweets annonçant un numéro de Franc-Tireur qui totalisaient entre 1 et 2 millions de vues, ce qui est nettement exagéré : ça sent la ferme de référencement au Pakistan, là où on achète 5 000 à 10 000 vues pour quelques euros.

Au-delà de cette volonté d’écraser toute concurrence ennemie sur son passage, comme un bulldozer à Gaza, FT, conduit par les vedettes que sont le fils Enthoven et la menteuse Fourest – c’est pas nous qui le disons, c’est Ruquier –, FT ne tient que par son actionnaire, le milliardaire Kretinsky, qui s’achète des journaux comme d’autres des slips.

On remarque que déjà, à l’époque, Caron était en frontal avec Fourest. Aujourd’hui, c’est-à-dire depuis le 7 octobre 2023, le frontal est devenu beaucoup plus dur. On n’est plus à fleurets mouchetés, ça se tabasse à coups de gourdins cloutés.

Collés au mur par la réalité des 70 000 morts, une montagne de morts que seul un déni de cerveau malade peut dissiper, toute défense étant impossible, les ultrasionistes d’extrême droite ont décidé de choisir l’attaque. Leur agressivité est donc la mesure du crime israélien.

Mais l’agressivité couplée à la demande de censure et de condamnation de leurs adversaires a touché un point sensible en France : peu de Français nient la Shoah, la négation de la Shoah (1939-1945) de la Seconde Guerre mondiale est même pénalisée, et maintenant, on leur demande de nier la Shoah de 2023-2025. C’est là que ça bugue : y aurait-il une bonne et une mauvaise shoah ?

Et ce on, c’est la colonne vertébrale des médias, qui est majoritairement israéliste, pour ne pas dire complètement. Alors, dans ce contexte, tout devient conflictuel, par exemple la panthéonisation de Badinter. Le texte suivant essaye de nous faire croire qu’il s’agit d’un héros.

Or, quand on est bien informé, ou mieux informé qu’Enthoven, l’auteur du panégyrique, sinon moins désinformateur, on trouve un personnage beaucoup plus complexe, moins parfait, moins juste. Et ce n’est pas par antisémitisme, mais bien par honnêteté intellectuelle et simple déontologie journalistique. Ici, on n’aime pas qu’on nous raconte des craques. Et là, on dégoulines sous les craques.

Autrement dit, si la république (ou ceux qui se prennent pour elle) nous dit que c’est un grand homme et basta, on ferme le Panthéon et on passe à autre chose, c’est qu’il y a cachoterie. On emballe et on embaume le grand homme, justement pour qu’il soit intouchable. On décrète qu’il est une grande conscience du XXe siècle en France, et on noie le poisson. C’est le syndrome de la momie.

Maintenant, passons à l’édito de Raphaël, que nous publions un peu comme un droit de réponse.

PS : on a souri quand Rapha a dénoncé l’extrême droite.

La Rédaction d’E&R

*

À part ça, liberté d’expression,

D’Éric Zemmour à Marion Maréchal, l’extrême droite déteste Robert Badinter, s’étrangle à l’idée de l’hommage national qui lui est rendu et lui reproche pêle-mêle d’avoir « sanctifié une vision de la justice qui a désarmé la société face aux criminels », d’avoir « aboli la peine de mort pour les criminels endurcis », d’avoir « noyauté la justice au profit d’une idéologie sectaire, laxiste et victimaire » et d’avoir « transformé le Conseil constitutionnel en outil de contrôle politique ». Et de conclure qu’ils conduisent ce réquisitoire « au nom de toutes les victimes du laxisme d’État ». Pourquoi tant de haine ?

Parce qu’en supprimant les juridictions d’exception en temps de paix, en développant les peines non privatives de liberté, en réformant le droit pénal pour offrir davantage de garanties à la défense et en veillant à l’amélioration des conditions de détention, Robert Badinter n’a pas « vidé les prisons » comme l’en accuse Éric Zemmour (la population carcérale a légèrement augmenté sous son ministère) ni versé dans un laxisme coupable qui serait le prélude à des années de relâchement, il a simplement promu un humanisme juridique à partir d’un seul principe : la justice doit être humaine, ou elle n’est pas la justice.

Parce que Robert Badinter était juif. Ceux qui haïssent Simone Veil « l’avorteuse » vomissent Badinter l’abolitionniste pour la même raison : le fantasme d’un judaïsme corrupteur et attaché à dissoudre les mœurs et affaiblir la puissance publique. D’autant que Badinter était la migraine des antisémites, à commencer par le négationniste Robert Faurisson, qui l’avait attaqué en diffamation pour avoir été traité de « faussaire de l’histoire » par l’ancien ministre. Faurisson fut débouté et l’expression « faussaire de l’histoire », jugée proportionnée et légitime.

Parce que Robert Badinter a non seulement obtenu l’abolition de la peine de mort, mais surtout, il a convaincu les Français, dans leur majorité, de son inanité. Quand il est devenu garde des Sceaux, la France penchait pour la peine capitale, au motif que, comme le disait le Front national, « la vie d’un assassin ne vaut pas davantage que celle de sa victime ». Badinter est de ces géants qui ont fait basculer l’opinion publique. Par son éloquence et ses arguments, il s’est fait entendre de tous et il a vaincu le bon sens du type qui se dit de bonne foi que le coupable d’un homicide mérite lui-même la mort. Il a montré à ceux qui devaient l’apprendre que la justice n’était pas une affaire de vengeance, mais de réparation. Il a élevé les Français en leur indiquant la différence entre la colère et la loi. Robert Badinter n’a pas seulement épargné la mort à des criminels. Il a convaincu les Français que c’était ce qu’il fallait faire et qu’une démocratie adulte ne coupait pas les gens en deux. Comment l’extrême droite pourrait-elle lui pardonner cela ? Tout le commerce des démagogues repose, à l’inverse, sur l’exaltation des émotions et la méfiance à l’égard des idées qui l’emportent sur les sentiments.

Les grands hommes ont toujours une part sombre (sauf Badinter)


- Source : E&R

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