Lecornu 3 ou la crise politique endémique en France

Macron a nommé Lecornu comme Premier ministre pour la troisième fois. Ce matin, premier Conseil des ministres, puis le test de l'Assemblée. Quand nos élites globalistes appellent à "la stabilité", c'est-à-dire à ne pas s'opposer à leur pouvoir, les oppositions sont hésitantes. Macron a mis la France face à un choix décisif : se réveiller ou se soumettre définitivement.
Nous en sommes, en deux mois, au troisième Gouvernement Lecornu. Le premier a duré un mois, le second un jour, nous verrons combien de temps durera celui-ci. Il est présenté comme un gouvernement technique, vous devez entendre "non politique', ce qui est quand même surprenant pour un organe se devant justement d'être politique, puisque gouverner est un acte politique (de prise de décisions) et non pas technique (d'exécution de décisions prises ailleurs).
N'ayant pas suffisamment de légitimité politique, Lecornu a tenté de compenser avec la société civile, en en invitant des membres dans ce "Gouvernement technique". Pour autant, les partis les plus représentés à l'Assemblée nationale, notamment le RN, ont été écartés. Les membres LR, qui y sont entrés, ont été radiés.
Nous sommes donc bien toujours dans une logique de confrontation entre l'exécutif et le législatif. Avec un Président à une cote de popularité autour de 15% selon les statistiques officielles, le déficit de légitimité de l'exécutif pour s'opposer au Parlement est flagrant.
Ce matin, premier Conseil des ministres, dont le but est de tenter de fixer la ligne la plus basse possible pour faire adopter un budget et survivre à la Déclaration de politique générale de cet après-midi à l'Assemblée. Bref, pour rester au pouvoir, car tel est bien le seul but.
Le RN et les Insoumis ont chacun déposé leur motion de censure du Gouvernement. La division fait le jeu de la minorité gouvernante et nous sommes en droit de nous demander jusqu'à quel point ces "oppositions" ne jouent pas consciemment un jeu, qui in fine légitime ce système de gouvernance en lui procurant les apparences démocratiques sans les risques politiques.
Le PS et les Verts hésitent à voter la censure du Gouvernement. Les LR pourraient s'abstenir.
Bref, le courage politique n'est plus à la mode ...
Les gens sortent dans la rue, manifestent autour du drapeau français et en son nom. Les Français comprennent parfaitement, quel est l'enjeu : sauver la France, celle que l'on aime, la "France française". Mais sans le soutien et l'implication de véritables forces politiques nationales, ils sont désarmés.
Où sont nos hommes politiques, ceux qui ont fait la grandeur de notre pays ?
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Lecornu : épisode 2, série 1, chevaux de retour et outsiders
L'épisode 1 de la Série Lecornu 1 n'a vécu que quelques heures. Les pronostics sur des écuries aux casaques roses ou brunes ont fait perdre leurs mises aux parieurs trop confiants. « Je ne fais encore une fois aucun pari », a déclaré prudemment Emmanuel Macron à son arrivée en Egypte. À l'arrivée de l'épisode 2, sur l'hippodrome de Matignon, nous trouvons les habituels chevaux de retour et quelques outsiders. On vous donne leur pedigree.
Le gouvernement Lecornu 2 : un quinté dans le désordre, mais avec de beaux outsiders.
Voici les nouveaux placés à l’arrivée, par ordre alphabétique, c’est-à-dire dans le plus grand désordre « organisé » par Emmanuel Macron, car s’il y a un responsable, qu’ils viennent le chercher, c’est lui !.
Monique Barbut, ancienne présidente du WWF, conseillère de l’Élysée sur les questions climatiques, devient ministre de la Transition énergétique. Elle remplace Agnès Pannier-Runacher dont le papa et les enfants (pas elle, hein !) détiennent Perenco, le numéro 2 du pétrole en France. Les éoliennes pourront enfin fleurir dans nos campagnes et les actionnaires du groupe danois Vestas, principal fournisseur européen d’éoliennes, retrouver le sourire.
Philippe Baptiste devient ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’espace à la place d’Elisabeth Borne. Il semble en avoir les compétences.
Jean-Pierre Farandou, ministre du travail et des solidarités. PDG de la SNCF, il propose de rester deux années de plus jusqu’à ses 70 ans en tant que président non exécutif. Un travailleur exemplaire !
Marina Ferrari (Modem puis Ensemble pour la République de Macron) est une cousine de la journaliste Laurence Ferrari. Après des stages à la Défense nationale et un passage à l’université Lyon III, elle a un job administratif. Bref, elle compte plus sur une carrière politique que professionnelle et devient ministre déléguée au Tourisme dans le gouvernement Barnier. Bayrou ne la retient pas, mais Lecornu la prend comme ministre des sports dès son premier gouvernement éclair.
Françoise Gatel devient ministre de l’aménagement du territoire et de la décentralisation. Elle a participé au gouvernement Le Maire, au gouvernement Bayrou. Lecornu l’avait écartée de son précédent gouvernement. Ce n’est pas son premier choix, mais… c’est une proche de Jean-Louis Borloo, peut-être un peu trop voyant pour être intégré à ce gouvernement grisâtre. Il est sous le coup d’une enquête judiciaire pour trafic d’influence, abus de biens sociaux et recel perpétrés lorsqu’il était au conseil d’administration de Huawei.
Edouard Geffray est le septième ministre à l’Éducation nationale depuis 2022 après Jean-Michel Blanquer, Pap Ndiaye, Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castéra (moins d’un mois), Nicole Belloubet, Anne Genetet (trois mois), Elisabeth Borne (celle qui n’était pas spécialiste de la question, mais qui faisait partie du gouvernement Lecornu I). Une représentante syndicale confiait à franceinfo que Édouard Geffray est, à ses yeux, « le chef d’orchestre de tous les bricolages, réformes faites et défaites qui ont contribué à l’état désastreux de l’Education nationale ». ENA, Ordre du Mérite, Palmes académiques, Légion d’honneur… que peut-on demander de plus pour nos enfants ?
Vincent Jeanbrun (LR), ministre de la ville et du logement. Il est maire de L’Haÿ-les-Roses. L’association Anticor dépose plainte pour favoritisme et trafic d’influence dans le cadre d’un projet immobilier. De plus, le parquet de Créteil a ouvert une enquête préliminaire pour prise illégale et recel d’intérêts et concussion dans l’attribution de logements. Anticor évoque un possible détournement de fonds publics.
Roland Lescure (Renaissance) et Naïma Moutchou (Horizons) avaient accepté de renoncer à leurs postes de vice-présidents de l’Assemblée au profit des députés RN Sébastien Chenu et Hélène Laporte en échange d’un poste ministériel.
Roland Lescure garde son job de ministre de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle, énergétique et numérique du précédent gouvernement Lecornu.
Naïma Moutchou devient ministre des Outre-mer après avoir été nommée ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, de l’Intelligence artificielle et du Numérique dans le gouvernement Lecornu I.
Amélie de Montchalin, Young Leader, Young Global Leader. Après avoir été battue aux élections en 2022, elle est devenue représentante de la France à l’OCDE, membre du Conseil européen pour les relations internationales. Elle redevient ministre des Comptes publics par la grâce de François Bayrou, puis de Lecornu I et II. Elle fera ce qu’on lui dira de faire.
Laurent Nuñez devient ministre de l’Intérieur à la place de Bruno Retailleau, décidément mal en cour. Qui va remplir les fonctions de préfet de police de Paris ? On murmure que Alexandre Benalla serait dans les starting-blocks.
Serge Papin, proche d’Alain Chabat et de Daniel Prévost — ce qui le rend plus sympathique que n’importe quel LREM — devient ministre des Petites et Moyennes Entreprises, du commerce, de l’artisanat, du tourisme et du pouvoir d’achat. PDG de Super U, président non-exécutif d’Auchan France. Enfin un ministre qui semble avoir quelque compétence.
Stéphanie Rist (Renaissance c’est-à-dire En Marche, puis LREM — le nom change mais c’est toujours Macron le boss), ministre de la Santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées. Entre 2012 et 2016, elle a perçu l’équivalent de 22 000 euros de l’industrie pharmaceutique : de l’argent pour des congrès, des repas ou nuits supplémentaires, etc.
Philippe Tabarot (LR) redevient ministre des Transports comme dans le gouvernement Bayrou et le premier gouvernement Lecornu. Il est pour la privatisation du réseau ferroviaire et envisage la limitation du droit de grève. Il est soupçonné de détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts. Sa sœur Michèle, actuellement questeur au bureau de l’Assemblée nationale, l’avait fait travailler comme assistant parlementaire (29 000 € en 2016), alors qu’il touchait 66 000 € net annuels à la mairie du Cannet (en 2016) et 40 000 euros annuels en tant que vice-président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Catherine Vautrin ne fera plus de mal à la santé des Français, en tant que ministre des Armées, elle est mieux dans son élément. Elle est également ministre des Anciens combattants. Cela ne devrait pas être une charge trop lourde, d’autant qu’elle est aidée par Alice Rufo, fille de Marcel Rufo, pédopsychiatre, fidèle soutien d’Emmanuel Macron.
par Jacqueline - Le Média en 4-4-2
- Source : Russie politics