La soumission des élites de l’UE - Ursula Von der Leyen et ReArm Europe

Partie 8 : Ursula Von der Leyen et ReArm Europe
Aux États-Unis, les plus importants fonds d’investissement (Blackrock, Carlyle, KKR etc.) investissent depuis des dizaines d’années dans le domaine militaire au point d’être présents au capital de plus de 90 % des principaux groupes de défense américains. Le déclenchement de conflits y est clairement perçu comme une nouvelle opportunité d’investissements.
Quelques jours après le début de la riposte israélienne aux attentats du Hamas, le PDG de RTX, énorme conglomérat américain du secteur de l’armement, adressait aux responsables des grands fonds d’investissement une note les incitant à soutenir les aides militaires américaines à Israël. Notamment parce que l’augmentation du financement américain pour Israël allait générer de nouveaux contrats qui assureraient d’importants profits à venir. Une manière opportuniste de rappeler que dans un tel contexte de guerre, la défense est évidemment un placement d’avenir.
Tout ceci n’est pas sans rappeler l’agitation non justifiée en Europe de la soit-disant menace russe et de la mise en place du plan ReArm Europe qui en découle.
Les grands fonds d’investissement US sont parties prenantes dans une grande partie du secteur militaire européen et une grande partie des 800 milliards d’euros de dépenses annoncées par Ursula von der Leyen, ancienne ministre de la Défense allemande et présidente actuelle de la Commission européenne, pourraient leur revenir. En effet, le plan ReArm Europe risque de bénéficier à ces fonds non européens, une élite dont les liens sont parfois questionnables.
On retrouve les mêmes fonds d’investissement des États-Unis (Blackrock, Vanguard, Fidelity,..) qui opèrent dans les entreprises d’armement, tant aux États-Unis qu’au sein de l’Union Européenne / Grande Bretagne où ils partagent l’actionnariat avec les États eux-mêmes. Il apparaît ainsi que les fonds nord-américains figurent parmi l’actionnariat de quelques-unes des principales entreprises d’armement européennes, notamment Rheinmetall (Allemagne), Dassault (France), Thales (France), BAE Systems (Grande-Bretagne), Leonardo (Italie), Safran (France),...
Il est à noter que BlackRock suivant des données de 2022, par le biais de différents fonds, est également actionnaire des principaux concurrents US à ces sociétés européennes dont Boeing, Lockheed Martin, Raytheon Technologies, General Dynamics, Northrop Grunman,… ce qui pose la question de la sécurité des informations et du risque d’espionnage des sociétés européennes au profit de leurs concurrents US.
Le plan ReArm Europe, dont les dépenses ne seraient pas prises en compte dans l’évaluation du déficit et de la dette, prévoirait d’affecter 150 milliards d’euros à un outil permettant à la Commission Européenne d’aller sur les marchés de la dette afin que les États puissent faire des achats groupés par le biais de prêts. Ces prêts seraient articulés dans une initiative législative appelée SAFE (il semble que ce soit le nom commercial du nouveau produit financier de BlackRock). Pour que le paquet « Préparation 2030 » soit déclenché, ce programme de réarmement de l’Europe doit être approuvé par le Conseil de l’Union Européenne. Or, il semblerait qu’Ursula Von der Leyen veuille contourner le Parlement européen en vertu de l’article 122 du traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne. L’Union Européenne reconnaît que l’augmentation des dépenses militaires entraînera certainement une réduction des dépenses sociales ou des augmentations d’impôts. Or, à ce jour, le niveau d’endettement de l’Union Européenne est déjà excessif et commence à inquiéter certaines institutions européennes.
La norme ITRAR : au regard du plan ReArm Europe et de la dépendance de l’Europe vis-à-vis du secteur de la défense et des technologies (loigiciels, puces,…) US, il est bon de rappeler la norme ITAR. La Réglementation US sur le trafic d’armes au niveau international (International Traffic in Arms Regulation, ITAR) désigne un ensemble de règlements du gouvernement fédéral américain servant à contrôler les importations et exportations des objets et services liés à la défense nationale, tels que recensés sur la « Liste des matériels de guerre et assimilés américains ». La norme ITAR permet ainsi de donner légitimement aux USA le droit d’interdire d’exporter du matériel militaire européen à partir du moment où une pièce de construction est labellisée « made in USA » au sein de ce matériel. Cette norme a été mise en place en 1976 avec pour but de contrôler les exports de technologies et de services à usage militaire d’origine US ainsi que d’en assurer la traçabilité. C’est en fait un outil de domination commercial, car elle fait autorité sur tout produit contenant des composants ou sous-ensemble, aussi mineurs soient-ils. Ainsi les États-Unis placent les industriels « ITARisés » dans une situation de forte dépendance, ces derniers étant dans l’obligation afin de commercialiser leurs productions en conformité avec les textes de lois américains d’obtenir des licences d’exportation, licences dont le processus d’obtention est lourd, complexe et long et qui peut entraîner des retards de livraison couteux voir des pertes de contrats à l’export. Les entreprises européennes ne respectant pas les exigences US sont sujettes à de lourdes sanctions qui incluent des amendes extrêmement élevées accompagnées d’éventuelles peines de prison. Il est nécessaire de rappeler que l’application de la norme ITAR est extraterritoriale.
Partie 9 à suivre
Chapitre I : Guerres économiques mondiales
Partie 1: L’explosion des Nord Streams et la crise financière de 2008
Partie 2: la déstabilisation d'Atos
Partie 3: La cession du pôle énergie d’Alstom à General Electric
Partie 4: le cas Airbus et la prise de contrôle de Gemplus
Partie 5: Les entrées au capital ou collaborations de sociétés US /UK qui posent question
Partie 6: Les cabinets d'avocats US, Palantir, la suspension du FCPA, le Cloud Act
Chapitre II : L’espionnage entre alliés au centre du jeu des grandes puissances occidentales et d’Israël
Partie 1: In Q tel – CIA Labs - Prism - Pegasus – Palantir – Chiliad et la famille Maxwell
Partie 2: l'unité 8200
Chapitre III : La soumission des élites de l’UE, de la Grande-Bretagne et la mise en place de pions au service d'intérêts privés anglo-saxons et israéliens
Partie 1: L'Ukraine
Partie 2: Blackrock- Nestlé-CMA CGM
Partie 3: Salamé-Glucksmann
Partie 4: George Soros
Partie 5: Macron
Partie 6: Macron - Merz - Starmer
Partie 7: Sarkozy - Carlyle - Bilderberg
L'auteur, Anne Philippe, est spécialiste en intelligence économique et en relations internationales et diplômée de l’Université Panthéon-Assas. Elle a beaucoup voyagé notamment en Europe dans le cadre de ses activités professionnelles. Economiste et financière de formation, elle s’est intéressée très tôt au droit international et aux crises financières en particulier celle de 2008
- Source : France-Soir