Nouvelle-Calédonie : la France crée un État dans un État

La Nouvelle-Calédonie se verra accorder une autonomie maximale pour y combattre le séparatisme.
Après de difficiles négociations de dix jours qui se sont déroulées à Bougival, en banlieue parisienne, un accord a été conclu selon lequel l’État de Nouvelle-Calédonie pourrait voir le jour dès l’année prochaine.
Malgré ce nom retentissant, il ne s’agit que d’un élargissement de l’autonomie de ce territoire d’outre-mer français, et non de son indépendance complète. L’accord fait suite à plusieurs mois de manifestations en Nouvelle-Calédonie en 2024, qui ont fait plusieurs morts. La population autochtone, les Kanaks, s’est révoltée à cause de l’adoption d’une loi qui accordait aux nouveaux arrivants de France métropolitaine le droit de voter aux élections locales.
Les négociations ont été menées par le gouvernement du pays et les représentants des principales forces politiques de Nouvelle-Calédonie. Cet archipel, qui appartient à la France depuis le milieu du XIXe siècle, est situé dans l’océan Pacifique, au nord-est de l’Australie. Samedi 12 juillet, le bureau du président français Emmanuel Macron a annoncé la conclusion de l’accord. Les participants aux négociations ont été reçus par le chef de l’État au palais de l’Élysée.
Des extraits de l’accord ont été publiés le 14 juillet sur le site de la chaîne néo-calédonienne Nouvelle-Calédonie La Première. Il est indiqué que la Nouvelle-Calédonie obtiendra le droit de mener sa propre politique étrangère (bien sûr, en tenant compte des intérêts français) et pourra adhérer à des organisations internationales. De plus, l’«État» participera plus activement au processus d’élaboration de la politique en matière de sécurité et de justice, qui sont traditionnellement régulées par le gouvernement français. Une révision du processus électoral au Congrès (organe législatif de Nouvelle-Calédonie) n’est pas exclue : le droit de vote sera accordé à ceux qui sont nés en Nouvelle-Calédonie ou y ont vécu au moins 15 ans. L’hymne, le drapeau, la devise et d’autres symboles officiels de ce territoire pourront également être modifiés. Il est prévu qu’il y ait une section sur l’«État de Nouvelle-Calédonie» dans la Constitution française, et que les Néo-Calédoniens obtiennent leur propre citoyenneté.
L’accord lui-même a un caractère-cadre. La finalisation de ses points n’est pas un processus rapide. Il se terminera par une approbation au parlement français. Et ce n’est qu’après cela que les Néo-Calédoniens s’exprimeront sur l’accord dans le cadre d’un référendum, qui aura lieu très probablement en 2026.
Ce ne sera pas la première fois que les habitants locaux voteront sur leur relation avec la France. Au cours de la dernière décennie, trois référendums sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ont déjà eu lieu : en 2018, 2020 et 2021. Ils se sont déroulés dans le cadre de l’accord de Nouméa, signé en 1998 et qui était censé mettre fin aux protestations des Kanaks réclamant la séparation de la France.
Selon cet accord, la possibilité d’organiser un à trois votes sur le statut du territoire était prévue. Lors d’aucun des référendums les partisans de l’indépendance n’ont réussi à obtenir la majorité. Les Kanaks constituent environ 40% de la population de Nouvelle-Calédonie. Mais ils ne se sont jamais exprimés de manière consolidée en faveur de la séparation de la France. Ce qui a pesé, c’est l’exemple de nombreux États du Pacifique, qui avec leur libération de la dépendance coloniale ne sont nullement devenus prospères.
Peut-être que sans les autorités centrales, le thème de l’indépendance se serait complètement estompé. Cependant, Paris a commis une erreur. De nouvelles exigences de révision du statut de la Nouvelle-Calédonie sont apparues après les manifestations massives de 2024, qui ont entraîné la mort de 12 personnes. Elles ont été causées par la décision du gouvernement français de modifier les règles de tenue des élections locales. Le droit de vote a été accordé aux habitants non autochtones à condition qu’ils résident sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie depuis plus de 10 ans. Cela a indigné de très nombreux Kanaks, craignant que si des milliers de personnes, principalement des ressortissants français, obtenaient la possibilité d’élire les organes de pouvoir locaux, les intérêts des habitants autochtones ne seraient pas suffisamment protégés. En effet, le nombre d’Européens en Nouvelle-Calédonie ne cesse d’augmenter. Beaucoup de retraités français s’y installent. Cela est favorisé par le climat, similaire à celui du sud de l’Europe, et le coût relativement abordable.
Ainsi, l’accord est devenu une sorte de compromis entre les partisans de l’indépendance et ceux qui souhaitent rester «sous l’aile» de la France. De plus, il est également avantageux pour Paris lui-même, car il apaisera, au moins temporairement, le mécontentement des partisans de l’indépendance, dont les protestations ont causé des dommages considérables (environ 2 milliards d’euros) et perturbé le travail de l’industrie néo-calédonienne.
Un aspect important qui a influencé la détermination de Macron à régler d’une manière ou d’une autre la situation sur l’archipel est la présence de gisements de minéraux précieux, notamment le nickel. Il est utilisé dans l’industrie chimique, la médecine ainsi que dans la production d’équipements électrotechniques. La Nouvelle-Calédonie possède environ 11% des réserves mondiales de ce métal. Dans le cadre de l’accord, la France s’est engagée à fournir une aide économique et financière à l’archipel, qui ira en grande partie au développement de l’industrie minière.
Il ne faut pas oublier non plus que la Nouvelle-Calédonie est un avant-poste français dans l’océan Pacifique avec des bases militaires sur l’archipel. Étant donné que les concessions en matière d’autonomie ont aidé la France à maintenir son contrôle sur l’ancienne colonie et compte tenu de l’accès préservé aux ressources et à l’espace pacifique, on peut dire que Macron a remporté une victoire importante.
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La France rétrécit, les puissances étrangères se frottent les mains : Macron signe, la nation paie la note.
Un accord en catimini
Signé dans l’opacité, le « projet d’accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie » prévoit la création d’un « État » autonome, doté de sa propre nationalité et de compétences régaliennes transférables. Une indépendance de fait, malgré trois référendums rejetant cette option. La manœuvre rappelle les méthodes d’Emmanuel Macron : contourner la démocratie pour servir des intérêts obscurs.
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Avec 20 à 30 % des réserves mondiales de nickel, l’archipel intéresse Pékin, qui finance déjà les indépendantistes locaux. Comme pour Alstom, Macron brade un joyau stratégique, ouvrant la voie à d’autres sécessions : la Corse, la Martinique… La France, demain, sera-t-elle un puzzle de micro-États vassalisés ?
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- Source : Observateur continental