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Six milliards de plus pour piller les océans… Une victoire de plus pour les lobbies…

Auteur : Augustin Langlade | Editeur : Walt | Vendredi, 29 Nov. 2019 - 11h32

On voit les limites des « déclarations écolos fumeuses » du Parlement Européen qui, une fois de plus cède aux lobbies. Un audit pour savoir comment est employé l’argent de nos impôts est plus qu’urgent. Les écolos et autres défenseurs de la planète, ne sont pas d’accord pour financer, ce contre quoi ils se battent. On pille les océans, on déforeste à tour de bras, on empoisonne à qui mieux-mieux, on nous emprisonne dans un réseau d’ondes toxiques et on vient nous parler de Co², de particules fines et autres vignettes vertes. On nous prend plus pour des abrutis. (Les Moutons Enragés)

Alors que le monde entier s’alarme de la dévastation des océans, le Parlement européen a validé la semaine dernière un nouveau projet de financement public de l’industrie de la pêche, à hauteur de six milliards d’euros. Quelques ONG, parmi lesquelles Sea Shepherd, Bloom ou ClientEarth, tentent de s’élever contre cette décision, qui ne semble pas avoir remué pour autant l’univers médiatique. Une volte-face qui en dit long sur les priorités de nos dirigeants. 

Voilà, c’est fait. Encore une fois, l’information est presque passée inaperçue, alors qu’elle représente un pas de plus dans la destruction méticuleuse de nos océans. Mardi 12 novembre, la Commission européenne de la Pêche a voté l’ouverture de nouvelles négociations qui vont conduire, entre 2021 et 2027, à accorder des subventions supplémentaires de 6 milliards d’euros à l’industrie de la pêche. À vingt voix sur vingt-huit (dont deux abstentions), les nouveaux euro-députés, toujours plus déconnectés des réalités, ont jugé nécessaire de renforcer les flottes maritimes de tous les pays d’Europe, de construire de nouveaux navires et de moderniser les anciens.

Les lobbies le savent très bien : à Bruxelles, plus que partout ailleurs, il est toujours possible de contourner impunément la volonté populaire.

Pourtant, les euro-députés fraîchement élus avaient une occasion inespérée d’infléchir la politique commune dans l’intérêt de l’écologie, comme le préconisaient le président de leur commission, Chris Davies ainsi que les députés co-signataires d’une lettre ouverte adressée en octobre 2019 au Parlement européen et signée par plusieurs ONG. Qu’importe ! Les députés ont la semaine dernière repris tels quels le texte et l’enveloppe du prochain Feamp (Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche), concoctés bras dessus bras dessous avec les lobbies par leurs prédécesseurs.

Pire, ce vote approuve une nouvelle marche-arrière puisque, sous couvert d’améliorer la sécurité des marins, une bonne partie des fonds sera dédiée à la construction de nouveaux bateaux de grande taille, autrement dit à la surpêche, bien que ce type de subventions soient interdites depuis 2004 par ce même Parlement, décidément schizophrène quand il s’agit de protéger l’environnement.

Surtout, ne nous berçons pas d’illusion, car le dernier rapport en date est clair. Comme le souligne la plate-forme LIFE (Low Impact Fishers of Europe) : 70 % des dernières subventions du Feamp ont été octroyées aux flottes de grande taille et 18 % aux petites flottes de pêche artisanale, composées de bateaux de moins de douze mètres. Autrement dit : presque tout.

Cette énième victoire des lobbies industriels, qui a dû être fêtée derrière les caméras en toute discrétion (ils ont compris la leçon), vient ajouter un couplet de plus à la danse macabre de l’humanité. Compétitivité, croissance, emplois, protéines, ce sont les jolis mots qui permettent aux industriels de nous faire payer la destruction des océans. Malgré les coups de gueule des ONG, les alertes des scientifiques, les pétitions des citoyens et les désastres environnementaux qui s’accumulent chaque jour, tout se passe comme si les plus hautes instances de notre monde étaient sourdes à nos revendications.

Modernisons nos navires, pourvu qu’on gagne un peu d’argent avant de tomber dans le précipice ! Donnons d’une main ce que nous reprenons de l’autre ! 

Les océans sont au bord de l’effondrement. Outre les vecteurs de pollution provenant de l’activité terrestre (comme les GES et les déchets chimiques), la surpêche et la pêche illégale, qui relève du braconnage, sont les pires fléaux qui puissent frapper les étendues bleues. Si nous ne faisons rien pour arrêter la machine, les poissons pourraient être amenés à disparaître totalement d’ici 2050 selon un rapport de l’ONU, voire 2035, selon les estimations de l’océanologue Boris Worm et du biologiste Daniel Pauly.

Plus de 50 % des ressources halieutiques sont sur-exploitées, 8 % ont disparu, les trois quarts sont menacées ; et si nous avons besoin de financer de si grands navires, c’est parce que la majeure partie des poissons ont disparu de nos côtes. Nous pêchons toujours plus loin, dans des zones toujours plus profondes, avec des engins toujours plus puissants, tout simplement parce que les poissons se font de plus en plus rares. Il n’y en a plus.

La situation est donc catastrophique : une disparition des poissons implique de facto un effondrement complet de tous les éco-systèmes marins. À cause des millions de filets de pêche perdus ou abandonnés en mer, la pêche est également la principale cause de pollution plastique des océans, bien loin devant nos bouchons et nos brosses à dents. Car l’extermination des espèces marines accélère l’acidification des océans, supérieure de 26 % par rapport au début de la révolution industrielle (quelques chiffres ici).

Non, si nous devons changer quelque chose dans nos modes de vie, l’urgence est de toucher à nos assiettes : c’est là que se dégustent aujourd’hui les catastrophes de demain et comme le dit Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, ce sont nos enfants qui payeront le prix de notre avidité. 

À défaut de politiques cohérentes et durables, que nos dirigeants corrompus ne mettront jamais en place, à nous d’organiser la résistance à l’échelle individuelle : si notre régime alimentaire n’en est pas dépendant, arrêtons de manger du poisson. Maintenant.


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