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Vendredi, 03 Mai 2024

La « guerre contre le terrorisme » symptôme du vide politique

Auteur : François d'Alançon | Editeur : Walt | Mardi, 30 Sept. 2014 - 20h24

« Troisième guerre mondiale », « guerre contre le terrorisme », guerre des « civilisés » contre les « barbares », « unité nationale » derrière le drapeau, « nous sommes tous des sales français »… Le « bellicisme pompier » des dirigeants français n'a d'égal que l'hystérie médiatique.

Face à l'émotion légitime suscitée par l'assassinat d'Hervé Gourdel, la logorrhée incantatoire de l'élite française n'est que le dernier symptôme du vide de la pensée politique et stratégique qui sévit dans l'Hexagone. Dans un pays en pleine crise d'identité, saisi par la peur du déclassement, dans une mondialisation où les dirigeants s'avèrent incapables de proposer une perspective d'avenir à des citoyens tentés par le repli, -l'Etat n'assurant plus sa fonction traditionnelle de protection-, l'organisation Etat islamique devient « le cache-sexe d'une vacuité politique généralisée », pour reprendre l'expression de Peter Harling, chercheur à l'International Crisis Group (ICG). Une classe politique à l'unisson entonne l'antienne de la « guerre contre le terrorisme » et de la « « protection des minorités » dans la mise en scène d'un interventionnisme moralisateur, plus révélatrice d'une « névrose de répétition » que d'une quelconque réflexion stratégique.

Aucune leçon ne semble avoir été tirée de 13 ans de lutte contre Al-Qaida, de l'invasion de l'Irak et des interventions en Afghanistan et en Libye. Une nouvelle fois, la globalisation de la cible et de l'enjeu participe de la régression et de la confusion des esprits. Le « terrorisme » n'est qu'un mode d'action et ne peut donc être « éradiqué » en tant que tel. En revanche, on peut parfaitement vouloir démanteler ou affaiblir un groupe armé qui l'utilise pour atteindre un objectif politique ou idéologique. Encore faudrait-il définir les intérêts français à long terme, la nature de l'adversaire, ses alliés et ses ennemis, les moyens et opportunités à la disposition de la France et l'effet final recherché, bref une stratégie. Autant de questions aujourd'hui sans réponse dans la troisième guerre déclarée précipitamment par François Hollande.

Chacun sait que des frappes aériennes, si elles peuvent donner un coup d'arrêt et désorganiser l'adversaire, ne suffiront pas à réduire l'Etat islamique, produit, parmi d'autres, de causes multiples. Entre autres, l'invasion américaine de l'Irak en 2003, qui, en renversant Saddam Hussein, a substitué la tyrannie d'une majorité (chiite) à celle d'une minorité (sunnite) et exacerbé la rivalité entre l'Arabie saoudite et l'Iran.


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