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Vendredi, 03 Mai 2024

Loi Duflot : quelque chose de pourri au royaume des Verts

Auteur : Grégoire Bignier | Editeur : Walt | Vendredi, 20 Juin 2014 - 10h49

Même expurgée de ses avatars les plus improductifs dont les conséquences, avant même que la loi ait été décrétée, ont été la dépression des petits propriétaires et la fossilisation du marché immobilier, la loi Duflot repose sur un dogme écologique gravé dans le chaume : la densité (nombre d’habitants par km2).

La densité, c’est entasser le plus de monde possible sur la surface la plus petite. Paris a déjà une des plus hautes densités au monde (avec Hong-Kong et Le Caire). L’idée, en ce qu’elle se veut écologique, est que cela optimise les infrastructures, de transports notamment. En effet, il n’est pas a priori idiot de penser qu’il est inutile de construire tramways ou métros si ce n’est pas pour les utiliser au maximum.

Mais il y a un effet pervers d’entraînement à tout cela : plus vous investissez dans les moyens de transports, plus vous valorisez les terrains autour, plus il se crée un appel de populations qui rapidement saturent à leur tour les capacités de transports (un petit tour de RER B ou de ligne 1 aux heures de pointe pour s’en convaincre). Donc, il faut augmenter encore ces capacités de mobilité et entretenir ainsi la spirale infernale, contribuant à vider les régions avoisinantes de leurs forces vives. Comme projet d’écologie humaine, on a vu mieux.

Peut-être à leur corps défendant (laissons-leur ce doute), les Verts français, en récitant le Coran écologique (ou la Bible ou le Talmud, comme on voudra), qui inscrit la densité au rang de dogme intangible, se sont alliés tacitement avec les promoteurs de tout poil et les grands groupes de construction pour créer une machine infernale carburant à l’idéologie la plus sectaire et à l’affairisme le plus avide.

Mais les Verts français se sont aussi alliés avec les socialistes (on se demande pourquoi) dans leur efforts pour singer les grandes métropoles anglo-saxonnes ou asiatiques (Londres, Shangai, Bangkok), dont la culture de la congestion engendre un « Junkspace » métastasé. Il aurait été plutôt de leur vocation d’imaginer un vrai projet avec sa propre identité comme l’ont fait les villes de Berlin, Luang Prabang ou Adélaïde. Ces villes ont su créer leur propre alternative, unique par définition et qu’il est donc inutile de copier, mais dont il faut retenir la leçon, elle réellement écologique.

Il existe de par le monde d’autres urbanismes verts, humains, en un mot vivables qui ne sont pas fondés sur la recherche effrénée d’une densité paroxysmique, mais sur la recherche de complémentarité entre régions, d’un cadre de vie symbiotique (allez à La Haye pour voir) et d’une vocation qui fonde leur économie (Venise la marchande, Istanbul porte de l’Orient, Paris ville lumière n’ont pas toujours été des clichés pour touristes).

Dès lors, on pourrait se bercer du doux rêve d’imaginer ce que l’Ile-de-France n’aurait jamais dû cesser d’être : la plus belle région du monde.


- Source : Grégoire Bignier

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