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Jeudi, 02 Mai 2024

Triste jeunesse qui partout, toujours, suit le courant !

Auteur : Constant Gerardin | Editeur : Walt | Dimanche, 01 Juin 2014 - 22h33

Jeudi, la « jeunesse française » – quelques milliers de personnes – marcha contre le « F-Haine », dans un esprit « citoyen ». Autrement dit, une vaste transhumance. Tel est le spectacle pathétique que renvoie notre triste jeunesse.

Triste jeunesse futile. Pulsionnelle et animée par des affects stériles que la société l’enjoint à ne plus réfréner, elle voit dans sa spontanéité un gage d’authenticité et de révolte. Elle ne fait là que le jeu du système, qui se nourrit de l’abrutissement généralisé engendré par l’enfermement des masses dans l’immédiateté.

Triste jeunesse décérébrée. Aveugle et ignare, elle reproduit frénétiquement le discours dominant sans jamais l’interroger ni décortiquer sa logique profonde. Réfractaire à tout savoir, étrangère à toute culture, elle se vautre dans l’information futile et idolâtre perpétuellement la déesse Communication, mamelle de tous les panurgismes.

Triste jeunesse sans imagination. Terne et prévisible, elle bannit l’originalité des attributs juvéniles, vitupère les déviances, vénère Canal+. La mode est son seul horizon, le troupeau son seul présent. Leurrée par les médias, elle se fait le coryphée de l’impertinence institutionnalisée, de la transgression encadrée, de la désobéissance officialisée. Partout, toujours, elle suit le courant.

Triste jeunesse complaisante. Soumise et abusée par l’oligarchie, elle s’érige pourtant en bouclier du système, imite les possédants alors qu’elle n’est qu’un prolétariat en puissance. De chœur avec les thuriféraires du libéralisme, elle célèbre incessamment son statut sans voir qu’il ne lui réserve d’autre avenir que celui d’esclave choyé du capitalisme.

Triste jeunesse consumériste. Matérialiste et superficielle, la vacuité de ses idéaux n’a d’égal que l’inanité de ses aspirations. La consommation est l’alpha et l’oméga de ses ambitions, l’iPhone son veau d’or. Faisant coïncider accomplissement moral avec achèvement matériel, elle ne pense plus qu’avec « l’estomac », pour reprendre l’expression de Cioran.

Triste jeunesse pusillanime. Lâche et individualiste, recroquevillée sur ses possessions, fuyant partout la souffrance, aliénée par le pacifisme. Gorgée de violence virtuelle et d’images explicites, elle rejette pourtant l’action virile et résolue, et s’obstine dans l’agitation petite-bourgeoise. La vie humaine et la propriété portées au pinacle lui interdisent tout sacrifice.

Triste jeunesse qui a renoncé à être jeune.


- Source : Constant Gerardin

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