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Copé sacrifié : pourquoi maintenant ?

Auteur : Christophe Servan | Editeur : Walt | Vendredi, 30 Mai 2014 - 15h34

Dans l’affaire Bygmalion, il y a encore des zones d’ombre mais aussi beaucoup de certitudes, suite aux aveux de Jérôme Lavrilleux. La campagne 2012 de Sarkozy aurait donc coûté près de 34 millions contre un plafond légal autorisé de 22 millions. Douze millions auraient été alors sortis des comptes de campagne et affectés au budget «ordinaire» de l’UMP avec comme justificatif des conventions fictives. Ce tour de passe-passe aurait été rondement mené par le susnommé qui, à l’époque, cumulait les fonctions de directeur adjoint de campagne en charge des meetings et directeur de cabinet de Jean François Copé. On sait aussi que cette affaire a été déclenchée par le magazine Le Point le 27 février dernier suite à des fuites internes et que derrière Copé, Sarkozy ne pouvait manquer d’être éclaboussé.

En moins de 48 heures, Jean François Copé et toute son équipe ont été débarqués de la tête de l’UMP et remplacés par un triumvirat composé de François Fillon, Jean Pierre Raffarin et Alain Juppé. Changement de personnes mais aussi – et c’est le point capital – changement de ligne. Qu’entendons-nous, en effet, sur tous les plateaux de télé ? Longuet, Raffarin, Kosciusko-Morizet … ils entonnent tous le même refrain: «Il faut reconstruire une grande formation qui incarne avec les centristes la droite républicaine !» Bref, c’est la barre au centre toute, adieu la ligne Buisson, exit Guaino, Wauquiez, Copé et… Sarkozy. De la dépouille de l’UMP, on fait ressortir le fantôme de l’UDF.

Mais pourquoi toute cette précipitation au lendemain d’un scrutin triomphal pour Marine Le Pen ? Du résultat de ce scrutin, l’immense majorité des Français n’a retenu que les résultats bruts, c’est-à-dire les scores des différentes formations sur l’ensemble du territoire national. Mais au sein des états-majors du PS et de l’UMP, ce qui importe surtout – comme d’ailleurs après chaque élection –, c’est comment ont voté les Français, département par département, circonscription par circonscription, une carte électorale détaillée qui seule peut donner une image de ce que pourrait devenir la future Assemblée nationale. Or, qu’observe-t-on ?

D’après les données publiées dans le journal Le Monde, le Front national est arrivé en tête dans 71 départements sur 101, il franchit la barre des 30 % dans 25 départements et surtout – chiffre extravagant – il franchit la barre des 15 % dans la totalité des départements de la métropole sauf deux, Paris et les Hauts-de-Seine.

Les conséquences d’un tel résultat sont évidentes. Rappel : en 2012, il y avait eu 46 triangulaires au soir du premier tour, chiffre ramené à 35 après désistements – le fameux pacte républicain. Si les Français votent en 2017 comme en 2014, le deuxième tour devrait donner lieu à 400-450 affrontements triangulaires, voire plus ; chacun peut imaginer la suite.

Le séisme politique, il est là et pas ailleurs. Oui, il y a bien le feu à l’UMP et ceci explique cela. Reste à savoir si cette stratégie d’union sera suivie par les électeurs.

Selon Éric Zemmour, c’est la ligne Buisson qui a permis à Nicolas Sarkozy de limiter les dégâts en 2012. S’il a raison, alors en 2017, le FN aura devant lui un boulevard.


- Source : Christophe Servan

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