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Colombie: rien ne va plus au sein de l'armée

Auteur : RFI | Editeur : Rémi | Vendredi, 07 Mars 2014 - 04h42

En Colombie, l’armée fait la Une de la presse ces dernières semaines. Scandale de corruption, affaire d’écoutes illégales, tensions internes, les militaires colombiens sont sur la sellette. Le chef de l’Etat Juan Manuel Santos a dû changer son état-major mardi 18 février pour la deuxième fois en six mois. Que se passe-t-il dans l’armée colombienne ?

Rien ne va plus au sein de l’armée colombienne. Cette semaine, l’hebdomadaire colombienSemana a révélé ce qui pourrait être l’une des plus grosses affaires de corruption touchant l’armée. Depuis deux ans, des juges d’instruction se penchaient sur les agissements d’officiers soupçonnés de voler l’institution. Ils n’ont pas été déçus. Des centaines d’heures d’enregistrements révèlent l’existence d’un réseau de colonels et généraux qui se remplissaient les poches sur le dos de l’armée. Avec les méthodes les plus diverses : fausses factures, détournement de matériel, trafic d’armes, tout cela se chiffrant en millions d’euros.

Parmi les bénéficiaires, et c’est là que l’affaire se corse, se trouve un colonel actuellement derrière les barreaux pour homicide, dans le cadre du dossier dit des « faux positifs », pratique révélée en 2008 qui consistait pour l’armée à assassiner des civils, maquillés en guérilleros pour faire du chiffre. La justice a près de 2 000 cas à élucider. Plusieurs officiers ont été arrêtés. Et l’argent détourné servait apparemment à assurer leur défense, payer des avocats, et acheter le silence de sous-officiers témoins de ces pratiques.

A un mois de la présidentielle…

Cette affaire a rendu furieux le président colombien. Six généraux ont été limogés. Parmi eux le chef de l’état-major. Dans les enregistrements, il insulte les juges et invite les accusés à s’organiser comme une mafia contre « toute cette connerie ». Or ce général avait été nommé il y a peine six mois à la tête de l’état-major pour resserrer les rangs de l’armée. Lors de ce dernier remaniement, le président Juan Manuel Santos avait voulu, sans le dire, se débarrasser d’officiers hostiles au processus de paix, engagé avec la guérilla des Farc fin 2012. Un processus de paix qui déplait aux militaires. Le ménage n’a pas suffit.

Cela pourrait être le fond de l’histoire. L’armée colombienne, qui est l’une des plus importantes d’Amérique Latine, ne sait pas ce qu’elle va devenir lorsque l’ennemi numéro un, la guérilla marxiste, va déposer les armes. Les militaires sont tellement inquiets que, toujours selon l’hebdomadaire Semana, des officiers auraient mis sur écoute les négociateurs du gouvernement qui discutent en ce moment à Cuba avec les guérilleros et les journalistes qui couvrent les négociations.

Cette histoire avait déjà valu, il y a deux semaines, la suspension à deux officiers des services secrets. Une enquête doit déterminer qui avait ordonné ces écoutes et qui était réellement surveillé. Pour reprendre les termes du général limogé, ça fait beaucoup de « conneries ». Le président a assuré qu’il serait sévère. Il en va de son prestige à un mois des prochaines présidentielles…où il se présente à sa propre succession, sans pour l’instant avoir réussi à signé la paix avec la guérilla, grand objectif de son mandat.


- Source : RFI

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