www.zejournal.mobi
Lundi, 27 Oct. 2025

Marco Rubio, promoteur du chaos au Venezuela

Auteur : Ryan Grim, Saagar Enjeti, Jack Poulson | Editeur : Walt | Lundi, 27 Oct. 2025 - 15h38

Les services du renseignement américains ont estimé que très peu, voire aucun trafic de fentanyl vers les États-Unis ne provient du Venezuela, malgré les récentes déclarations de l’administration Trump, a déclaré à Drop Site un haut responsable américain directement au fait du dossier.

Le responsable a fait remarquer que bon nombre des bateaux visés par les frappes de l’administration Trump ne disposent même pas de la capacité en essence ou en puissance moteur nécessaire pour atteindre les eaux américaines, contredisant fortement les affirmations du secrétaire à la Défense Pete Hegseth. Cette affirmation est corroborée par les récentes déclarations du sénateur Rand Paul, Républicain du Kentucky, qui a également souligné que le fentanyl n’est pas produit au Venezuela.

Malgré l’absence de renseignements reliant le Venezuela à la production de fentanyl, l’administration Trump a fait du trafic de drogue vénézuélien présumé le casus belli de sa campagne visant à renverser le gouvernement de Nicolas Maduro. Jeudi, le président Donald Trump a évoqué une éventuelle opération terrestre, affirmant lors d’une conférence de presse que les “drogues maritimes” entrant dans le pays représentent “5 % de moins qu’il y a un an. Elles arrivent donc désormais par voie terrestre”. “La prochaine étape sera terrestre”, a-t-il déclaré, indiquant qu’il était prêt à contourner l’approbation du Congrès. Vendredi, les États-Unis ont annoncé l’envoi d’un porte-avions en Amérique latine, marquant une nouvelle escalade.

Deux sources proches des discussions à la Maison Blanche soulignent que le secrétaire d’État Marco Rubio, partisan de longue date d’un changement de régime au Venezuela, a été le moteur de la posture militaire et rhétorique agressive envers le régime Maduro.

Le secrétaire Rubio, également responsable des vestiges de l’Agence américaine pour le développement international, a donc réaffecté des millions de dollars précédemment alloués à des mesures “pro-démocratiques” au Venezuela et dans les pays voisins, dans une tentative à peine dissimulée de préparer la région à la guerre.

Au cours des premiers mois de l’administration, Rubio a avancé plusieurs arguments en faveur d’un changement de régime au Venezuela, principalement basés sur les droits de l’homme et les préoccupations électorales, qui n’ont cependant pas convaincu Trump. Après avoir pris ses fonctions au Conseil national de sécurité au printemps, Marco Rubio a présenté un nouvel argument à Trump : Maduro serait un narcotrafiquant terroriste, selon une mise en accusation de 2020 par le ministère de la Justice sous la première administration Trump pour trafic présumé de cocaïne.

Le responsable a souligné que l’aversion personnelle de Trump pour la drogue et sa promesse électorale de mobiliser l’armée américaine contre les cartels de la drogue mexicains ont été les arguments décisifs, poussant Trump à donner son feu vert aux récentes frappes. Trump n’ayant toujours pas mené d’opérations contre les cartels mexicains, jugées politiquement inattaquables, Rubio a habilement détourné son attention vers Maduro. La perpective d’accéder aux vastes ressources pétrolières du Venezuela a été la cerise sur le gâteau.

Un récent événement a pourtant menacé de faire dérailler la campagne de Rubio., lorsque Maduro a proposé de céder ces ressources pétrolières aux États-Unis en échange d’une cessation des hostilités. Trump a évoqué cette offre lors d’une récente apparition publique, déclarant que Maduro

“a tout proposé. Vous savez pourquoi ? Parce qu’il ne veut pas se frotter aux États-Unis”.

Selon les sources, Trump aurait rejeté l’offre après avoir écouté les arguments de Rubio avançant que le meilleur moyen de sécuriser les réserves pétrolières du Venezuela était de provoquer un changement de régime et de conclure des accords plus avantageux avec un nouveau gouvernement. Une récente évaluation du gouvernement américain sur les exportations pétrolières vénézuéliennes vers la Chine a révélé que celles-ci s’élevent à près d’un demi-million de barils par jour, soit bien moins que la capacité totale de production du pays. Trump exclut toutefois cette option à court terme.

La CIA et le département d’État n’ont pas répondu à nos appels à commenter ces informations.

La politique étrangère sous Trump est désormais sous l’emprise d’un groupe connu au sein de l’administration sous le nom de “Gang of Five”, selon certaines sources. Ce groupe est composé de Marco Rubio, Stephen Miller, le chef de cabinet adjoint, Susie Wiles, chef de cabinet de Trump, Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Trump, et le vice-président J.D. Vance. Le secrétaire à la Guerre Pete Hegseth, pour se rendre indispensable à l’administration, a appliqué avec zèle la stratégie de Rubio, attaquant régulièrement des bateaux qu’il accuse sans preuve de transporter de la drogue et brûlant vifs les passagers. Jeudi, assis aux côtés de Trump, Hegseth a promis une guerre sans fin contre la drogue.

“Notre génération a consacré deux décennies à traquer Al-Qaïda et Daech. Comme l’a dit le président, il s’agit ici de Daech, l’Al-Qaïda de l’hémisphère occidental… notre message à ces organisations terroristes étrangères : nous vous traiterons comme nous avons traité Al-Qaïda… Nous vous tuerons”.

Des navires de guerre en Colombie

La façon dont Rubio utilise exactement les fonds “pro-démocratie” de l’USAID, ni la provenance de ces fonds, ne sont clairement mentionnés dans les divulgations fédérales. Toutefois, une série de contrats passés dans les pays voisins indique une intensification des préparatifs militaires en Colombie.

Une grande partie de la résistance soutenue par les États-Unis contre Maduro, y compris la désastreuse opération Gideon, une tentative de coup d’État en mai 2020, a été basée en Colombie et en Guyane. Fin septembre, le service chargé de l’application des lois internationales du département d’État américain a signé un contrat de deux ans, d’un montant de 4,8 millions de dollars, pour la création d’un “stand de tir virtuel colombien” avec la société VirTra, Inc., basée en Arizona. Deux ventes militaires à l’étranger ont également été réalisées par l’intermédiaire des garde-côtes américains : 1,73 million de dollars pour un nombre non divulgué de bateaux de 6 mètres, signé le 12 septembre, et 3,8 millions de dollars pour huit “unités de combat fluviaux” de 7m50, signé quatre jours plus tard. La succursale d’Arlington du cabinet de conseil international Deloitte a également obtenu un contrat de trois ans d’un montant de 3 millions de dollars avec le Bureau des ressources énergétiques du département d’État américain pour des services en Colombie le 30 septembre, après des années de pratique de “conseil” dans le domaine minier dans la région.

Si ces contrats indiquent que des millions de dollars sont investis en Colombie, cette vague de financement pourrait désormais être compromise par la récente condamnation par le président Gustavo Petro d’une frappe aérienne américaine meurtrière menée le 15 septembre contre un bateau de pêche dans les eaux colombiennes.

Le 3 octobre, la vice-présidente de Maduro, Delcy Rodriguez, a accuséExxon de financer une attaque militaire dans la région. Cette accusation survient moins de deux semaines après que la compagnie pétrolière texane a annoncé une expansion de 6,8 milliards de dollars de ses activités en Guyane, qui est en conflit frontalier de longue date avec le Venezuela concernant la région d’Essequibo.

“La Guyane a ouvert ses portes à l’envahisseur américain et à l’agression militaire contre notre pays”, a déclaré Mme Rodriguez, avant d’ajouter qu’Exxon “finance le gouvernement guyanais”

pour cette opération. (En revanche, le gouvernement Maduro entretient depuis longtemps des relations amicales avec Chevron, concurrent d’Exxon basé dans la région de Houston, à la tête de près d’un quart de la production pétrolière du pays).

La CIA a également cherché à s’implanter dans les médias. L’ancien chef de l’agence de la CIA à Paris, Dale Bendler, récemment mis en cause, s’est enregistré rétroactivement en tant qu’agent étranger pour Armando Capriles, qu’il a qualifié de PDG de Cadena Capriles, ancienne dénomination de la société mère du très populaire quotidien vénézuélien Ultimas Noticias. Il a tenté de recruter Capriles comme agent d’une “OGA” (autre agence gouvernementale) en échange d’une certaine clémence vis-à-vis des sanctions américaines, en 2019. On ignore s’il a pu le recruter.

Les registres des marchés publics mettent également en évidence les activités de longue date des opérations spéciales américaines dans la région. La société texane Madison Springfield, Inc. (MSI), spécialisée dans la guerre de l’information, a mené une enquête d’un an, d’un montant de 458 915 dollars, intitulée “Guyana Ghost Men assessment” pour le compte du Commandement des opérations spéciales de l’armée américaine, à partir de septembre 2021. Avant la fin de cette enquête, MSI a été discrètement rachetée par Premise Data, une société de collecte de renseignementsbasée à San Francisco, qui a elle-même été gratifiée d’un contrat de sous-traitance de l’USAID d’un montant de 498 701 dollars de l’USAID pour de la collecte d’informations au Venezuela 35 jours avant la tentative de coup d’État manquée de l’opération Gideon, selon des informations rendues publiques. Suite à la faillite financière de Premise, les deux sociétés ont été rachetées en août par Culmen International, une société de sous-traitance spécialisée dans les opérations spéciales basée à Alexandrie.

“Promouvoir la démocratie”

Le gouvernement américain tente depuis des décennies de renverser le gouvernement socialiste du Venezuela, notamment par l’intermédiaire du Bureau des initiatives de transition (OTI) de l’USAID, selon un câble diplomatique américain divulgué en 2006 et largement commenté. Le câble détaillait la stratégie en cinq points de l’OTI pour s’opposer au prédécesseur de Maduro, Hugo Chavez :

“1) Renforcer les institutions démocratiques,
2) Infiltrer la base politique de Chavez,
3) Diviser le chavisme,
4) Protéger les intérêts commerciaux vitaux des États-Unis,
5) Isoler Chavez sur la scène internationale”.

Le National Endowment for Democracy (NED), bras quasi officiel de l’action politique internationale des États-Unis, a pour mission délicate de financer des organisations à but non lucratif et des journalistes afin de servir les objectifs de la politique étrangère américaine tout en permettant aux bénéficiaires de continuer à revendiquer leur indépendance. La première administration du président Trump aurait même émis des réserves sur une campagne secrète de “promotion de la démocratie” menée par la CIA contre le président vénézuélien Nicolas Maduro en 2019, qui aurait été “difficile à démarquer” de ses homologues officiels.

Avant sa tentative ratée d’évincer Maduro, le NED a vanté son soutien à un rapport primé sur le président vénézuélien, intitulé “Petrofraude”, réalisé par l’organisation Connectas basée à Bogota, ainsi qu’à une campagne sur les réseaux sociaux en faveur de l’opposition à Maduro, #SetThemFree. (Fondée en 2012 en tant que sous-programme de la bourse d’études de Harvard, Connectas a clairement divulgué son financement par le NED depuis au moins 2013, mais se montre moins transparent sur les 88 000 dollars reçus du Bureau des affaires internationales relatives aux stupéfiants et à l’application de la loi du département d’État américain, qui travaille en étroite collaboration avec les agences de police internationales, notamment pour pratiquer les écoutes téléphoniques.)

À l’approche de la troisième investiture de Maduro, le NED a de nouveau publiquement souligné sa collaboration avec Connectas, saluant la campagne “Operation Retweet” de ce média qui diffuse anonymement des articles critiques à l’aide d’avatars alimentés par l’IA. Le NED a également indiqué avoir

“rapidement déployé un plan d’urgence en trois volets : soutenir les organisateurs politiques pour mobiliser les réseaux locaux, fournir une aide d’urgence (notamment en matière de relogement, de mise à l’abri et de services médicaux et psychologiques) aux personnes en danger, et aider les principaux groupes de la société civile proposant une aide juridique, technique et humanitaire aux prisonniers politiques et à leurs familles”.

Pendant des années, le département d’État américain et l’USAID, aujourd’hui dissoute, ont fait disparaître des registres publics les noms des bénéficiaires de fonds d’action politique dans les zones sensibles, invoquant un engagement à prévenir tout potentiel préjudice. Le NED a lui-même supprimé rétroactivement des millions de dollars de subventions en Ukraine en 2022, puis a mis fin au principe de transparence par défaut concernant les bénéficiaires de subventions grâce à une nouvelle politique de “devoir de précaution” en avril 2025.

La nouvelle administration Trump a supprimé la plupart des programmes d’action politique de l’USAID dès ses premiers mois au pouvoir, seuls quelques programmes anticommunistes à Cuba ayant été partiellement épargnés. Une liste publiée par Politico divulguant les coupes dans les programmes d’aide a révélé que les suppressions “America First”concernaient notamment l’arrêt d’une subvention de 6,2 millions de dollars à l’organisation Partners of the Americas, Inc., qui s’était engagée à « assurer une transition en douceur du système de la distribution alimentaire contrôlé par le gouvernement Maduro vers un système alimentaire basé sur l’économie de marché d’un nouveau gouvernement vénézuélien ». Le programme de soutien alimentaire de Maduro, appelé Comités locaux d’approvisionnement et de production (CLAP), a été durement frappé par les sanctions américaines pendant le premier mandat de Trump, et l’un de ses dirigeants a été arrêté puis expédié à Miami.

Traduit par Spirit of Free Speech

***

Le Venezuela et la CIA mis à nu par Trump lui-même

par Francisco Delgado Rodriguez

Le prétexte de lutter contre le trafic de drogue pour envahir un pays n’est pas nouveau et a été utilisé par plusieurs présidents américains. Il est impossible de recenser toutes les fois où la CIA s’est lancée dans des actions similaires à celles que Trump a ordonnées contre le Venezuela devant les caméras. Le président Donald Trump vient de lancer une attaque contre la CIA. Oui, car c’est bien ce qui ressort de son annonce au monde d’ordonner des opérations clandestines, qu’il aurait plutôt dû qualifier de «découvertes», sur le territoire souverain du Venezuela. Ce fait peut être abordé sous de nombreux angles.

Commençons par insister sur le fait qu’aucune loi internationale ne permet au gouvernement américain de mener des actions contribuant à altérer la souveraineté d’un autre État. Malheureusement, cette évidence est pertinente à rappeler au vu du chaos avec lequel le monde fonctionne.

En second lieu, et toujours sur la base des règles de coexistence civilisée, il est inacceptable qu’un service de renseignement d’un pays quelconque envisage d’assassiner un être humain ; c’est-à-dire une exécution extrajudiciaire, pure et simple. On sait qu’ils le font, mais que le président l’admette tranquillement franchit toutes les lignes rouges.

Et si l’on parle du caractère secret ou clandestin, mieux vaut ne pas approfondir. Imaginez un agent clandestin de la CIA n’importe où, en train de conspirer, quand soudain, le président du gouvernement qui l’a envoyé reconnaît publiquement les objectifs de sa présence dans ce pays. En bref : la situation de ce soi-disant espion, déjà bien complexe, devient pratiquement inviable.

Mais le dédain de Trump envers la CIA n’est pas nouveau. Un jour après son entrée en fonction lors de son premier mandat, le 27 janvier 2017, le tout nouveau président a exprimé des opinions «dévalorisantes» sur le travail de cette institution dans l’enceinte même de Langley, une position qu’il a adoptée à plusieurs reprises par la suite. Imaginez à nouveau les agents clandestins qui apprennent par la presse que leur service dangereux est discrédité par leur chef suprême, le président.

Déjà durant le mandat actuel de Trump, Elon Musk, alors directeur de DOGE, a visité Langley en avril 2025. Le contenu de ses discussions n’a pas filtré, mais on sait qu’il avait laissé une traînée d’inquiétude par ses velléités de réduire, voire de fermer ces structures, dont l’utilité est mise en doute selon la vision du président Trump.

La CIA et le théâtre des opérations contre le Venezuela

L’aspect peut-être le plus dangereux de cette histoire est que Trump cherche à banaliser, non seulement le mensonge colossal implicite selon lequel le Venezuela est responsable du trafic de drogue qui s’écoule vers les États-Unis, mais aussi que, sur la base de ce mensonge, le gouvernement américain a le droit de liquider des personnes dans des pays tiers, selon les suggestions de Marco Rubio.

Vraiment, le président américain n’est pas aussi stupide qu’on pourrait le croire jusqu’ici. Non. La menace d’utiliser l’inquiétante CIA pour assassiner ou éliminer de prétendus ennemis vénézuéliens fait partie du montage construit pour générer la panique et, éventuellement, des trahisons au sein du peuple de ce pays et du chavisme en particulier.

Pour toutes ces raisons, en bonne logique, les déclarations de Trump sont une action fondamentalement médiatique. La CIA ne fera pas d’opérations clandestines à l’avenir, la CIA opère déjà au Venezuela, et ce depuis qu’elle existe ; oui, car là où il y a du pétrole en abondance, la CIA doit être présente, et surtout s’il y a une révolution profonde comme la révolution bolivarienne.

Les experts qualifient ce type de manœuvres comme faisant partie d’une guerre cognitive. Ils parient qu’il suffit de générer frénétiquement des menaces verbales ou de déployer des troupes pour que les victimes se démobilisent et qu’ainsi le changement de régime souhaité leur revienne à très bas coût, d’un point de vue guerrier et avec leurs marines non anéantis.

Suivant cette logique, les agresseurs savent qu’aucune variante invasive ne peut prospérer, même limitée à une frappe chirurgicale comme ils disent, sans qu’avant ou pendant ne soit générée une situation interne qui contribue à briser l’unité ou la capacité de réponse défensive des agressés, dont l’esprit et les émotions ont été préalablement travaillés.

La CIA, toujours

Il est impossible de recenser toutes les fois où la CIA s’est lancée dans des actions comme celles ordonnées devant les caméras par Trump. Un de ses derniers directeurs, le canaille de Mike Pompeo, s’est vanté à l’Université du Texas, en 2019, que la CIA avait menti et volé ; il ne lui restait plus qu’à reconnaître qu’ils avaient assassiné.

Également exécrable fut la mise en œuvre de ce qui est devenu un programme de violation flagrante des droits humains à l’échelle universelle, lors de la «guerre contre le terrorisme» à l’ère Bush ; dans ce contexte, la CIA s’est consacrée aux enlèvements et à l’installation dans plusieurs nations distinguées d’Europe de lieux où ils torturaient, appelant cela des «excès de contraintes physiques».

Certaines des victimes ont fini sur le territoire illégalement occupé de la baie de Guantanamo, dans la fameuse base, le seul endroit de Cuba où ces «excès» ont été pratiqués depuis la chute de la tyrannie de Batista.

Derrière chaque coup d’État dans Notre Amérique, il y a toujours la CIA ; derrière les nombreuses formes de fascisme et de dictatures militaires en Amérique du Sud, y compris le Plan Condor, il y a la CIA ; le terrorisme d’État contre Cuba fut entièrement organisé par la CIA ; plus récemment, dans la judiciarisation de la politique dans la région et le lynchage médiatique des leaders de gauche et progressistes, la CIA était dans les coulisses.

À propos du trafic de drogue, la CIA apparaît aussi de manière «clandestine» ; souvenez-vous de son implication dans le trafic d’opioïdes lors de l’invasion du Vietnam, en Afghanistan, dans la Libye post-Kadhafi, ou pendant la guerre des «contras» dans la Révolution sandiniste ; toutes sont des traces indélébiles des objectifs inavouables qu’a eus la «Compagnie», comme on l’appelle souvent dans les versions cinématographiques qui cherchent à blanchir cet appareil.

Mais ils devraient prévenir Trump qu’au sud du Rio Bravo, on ne «mange pas de la peur» en ce qui concerne la «Compagnie». Ses fiascos en témoignent, par exemple, les nombreuses fois où ils ont tenté d’assassiner Fidel, pour ne mentionner que quelque chose qui est devenu une légende, comme tout ce qui concerne le Leader historique de la Révolution cubaine.

Le journaliste américain Tim Weiner, prix Pulitzer, a publié en 2008 un livre anthologique sur la Centrale de Langley ; il l’a intitulé «Legs de cendres» (Legacy of Ashes), et on y trouve un inventaire d’erreurs, de limitations et la prévision que, s’ils ne changent pas, ils sont condamnés à un état d’échec endémique.

Une curiosité : l’expression «legs de cendres» serait le qualificatif qu’Eisenhower aurait employé en répondant à Kennedy, lorsque ce dernier s’est intéressé au parcours de la Centrale de Renseignements, à l’occasion de la passation de gouvernement. La mauvaise opinion sur la «Compagnie» semble venir de très loin.

Ce qui se passe maintenant au Venezuela pourrait confirmer les prévisions de Weiner. Il suffirait que les autorités chavistes capturent et exposent certains de ces agents tueurs, préalablement annoncés/dénoncés par leur chef suprême, pour que le scandale éclate à Washington. Probablement même, cela contribuerait à l’effondrement de toute l’opération anti-vénézuélienne.

Sur les réseaux sociaux numériques, une question devient virale après l’aveu de Trump d’avoir ordonné des opérations clandestines à l’étranger incluant des assassinats : n’importe quel autre pays peut-il donc faire de même aux États-Unis ? Peut-être que dans leur réponse, les Américains comprendront le danger de cette affaire.

source : Granma via Le Grand Soir


Cela peut vous intéresser

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...
 
 

Contribuer au journalisme de ZeJournal

Faites un don pour nous aider à poursuivre notre mission d’information

Faire un don

( En savoir plus )