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Lundi, 28 Juill. 2025

Enfin libre, Georges Ibrahim Abdallah restera un modèle de constance et de détermination

Auteur : Hannan Hussain | Editeur : Walt | Lundi, 28 Juill. 2025 - 11h42

Face aux agissements des plus répréhensibles de la France, l’engagement indéfectible d’Abdallah et sa libération sont d’autant plus remarquables.

Il s’agissait d’une lutte de principe qui durait depuis des années.

Georges Ibrahim Abdallah, le prisonnier le plus ancien d’Europe, est devenu une icône de la résistance sans concession lorsqu’il a rejoint le Front populaire de libération de la Palestine [FPLP], utilisant sa vision anticolonialiste du monde pour se rallier aux opprimés et envoyer un message clair aux conspirateurs américains et israéliens : « ça suffit ! »

Aujourd’hui, après que la France a maintenu cette figure de la résistance emprisonnée pendant quatre décennies, sans procès équitable, sa libération tant attendue met en évidence certaines réalités fondamentales :

  • Premièrement, elle montre que les plans des États-Unis et d’Israël visant à maintenir Abdallah hors de la scène publique ont fait long feu, après que ces derniers aient dépensé des ressources diplomatiques et des moyens de renseignement considérables pour empêcher sa libération, alors qu’il remplissait toutes les conditions légales pour bénéficier d’une libération anticipée depuis plus de deux décennies.
  • Deuxièmement, sa libération montre clairement que la résistance peut l’emporter sur la répression.
  • Troisièmement, elle expose crûment la malhonnêteté française.

La libération d’Abdallah doit aussi être considérée comme une faille dans la volonté États-Unis de mener une guerre contre les figures de la résistance.

Al-Mayadeen – Georges Abdallah arrive à Beyrouth après 41 ans passés dans les prisons françaises.

Le militant libanais Georges Abdallah est revenu à Beyrouth après 41 ans passés dans les prisons françaises, accueilli à l’aéroport international de Beyrouth, par une foule nombreuse venue célébrer sa libération.
Selon le correspondant d’Al Mayadeen, le convoi d’Abdallah devait ensuite quitter l’aéroport en direction du nord, vers sa ville natale de Qoubaiyat.

Le régime américain n’a ménagé aucun effort pour entraver le processus judiciaire dans cette affaire, contournant sciemment les attendus d’un véritable procès et choisissant plutôt de donner une dimension politique à la procédure judiciaire.

Le fait qu’Abdallah ait refusé toute forme de compensation pour obtenir sa libération envoie un message fort à toutes les figures de la résistance détenues illégalement, des héros libanais aux nombreux combattants palestiniens.

Ce sentiment fait écho aux principes d’intégrité, de résistance anticoloniale et de dignité humaine qui sont le moteur de la persévérance.

L’un des objectifs fondamentaux de Washington et de Tel-Aviv était de saper l’élan des organisations internationales de défense des droits humains et de faire pression pour que Abdallah reste indéfiniment derrière les barreaux grâce à des manœuvres et pressions.

Cela a été démontré par leur surveillance continue des procédures judiciaires dilatoires en France, notamment le refus de l’ancien ministre français de l’Intérieur Manuel Valls à libérer Abdallah de prison.

Abdallah, qui bénéficie d’un soutien considérable au sein de la résistance libanaise, pourrait considérer sa libération tant attendue comme une preuve de ce que la solidarité peut finir par imposer.

Comme l’a clairement indiqué Jacques Attali, conseiller principal de l’ancien président français François Mitterrand, il n’y avait pratiquement aucune preuve tangible contre Abdallah pour étayer les accusations portées contre lui.

Il est réconfortant aujourd’hui de voir Abdallah retrouver la liberté grâce à la pression populaire.

Les organisations libanaises de défense des droits humains, par exemple, ont joué un rôle déterminant pour établir que l’emprisonnement d’Abdallah était motivé par des raisons politiques et non par une véritable mesure de justice.

Les souffrances endurées pendant des décennies, malgré d’importantes réserves quant à l’impartialité de la justice française, envoient un message fort sur la persévérance et révèlent l’hypocrisie de Paris sur des infractions réelles et montées de toutes pièces.

Comme l’avait affirmé l’avocat d’Abdallah au moment de sa condamnation à perpétuité alors très critiquée, cette décision – et ses motivations politiques inavouées – équivalaient à une « déclaration de guerre ».

La mobilisation populaire n’était pas seulement évidente dans certaines parties du monde arabe. Rien qu’en France, Abdallah était célébré comme un symbole de liberté digne d’être libéré.

Il suffit de regarder les manifestations annuelles devant la prison de Lannemezan, dans le sud du pays : ce militantisme a prouvé que Abdallah n’était pas seulement ancré dans le discours politique libanais, grâce à sa résilience, son dévouement à la cause palestinienne et d’autres qualités qui lui ont permis de braver l’influence coloniale.

Au contraire, Abdallah était un thème récurrent de la force de la résistance face à la mollesse du mouvement diplomatique dans son affaire vieille de plusieurs décennies en France.

En refusant de tenir compte de l’élan populaire en faveur des droits d’Abdallah et d’une justice attendue depuis longtemps, la France révèle son double standard choquant en matière de libertés.

Malgré tous les discours sur le maintien d’un système fondé sur des règles où les valeurs communes seraient au cœur de la stabilité, le statut d’Abdallah, prisonnier politique le plus ancien d’Europe, jette une ombre sur ces affirmations.

La détermination inébranlable de la Palestine à résister à l’agression criminelle sioniste prouve que le poids des valeurs authentiques, de la moralité et de la justice doit se concentrer sur les opprimés, et non sur ceux qui facilitent l’agression sioniste.

La ferme conviction d’Abdallah pour cette cause marque un point de friction naturel avec Paris, qui a approuvé les crimes génocidaires d’« Israël », son soi-disant « droit à se défendre », et qui, parmi d’autres États occidentaux, est directement complice des atrocités commises à ce jour.

Face aux agissements des plus répréhensibles de la France, l’engagement indéfectible d’Abdallah et sa libération sont d’autant plus remarquables.

« Nous sommes extrêmement heureux. Je ne m’attendais pas à ce que la justice française prenne une telle décision ni à ce qu’il soit un jour libéré, surtout après tant de demandes de libération rejetées », a déclaré son frère Robert Abdallah. « Pour une fois, les autorités françaises n’ont pas obéï aux des pressions israéliennes et américaines. »

Ainsi comprise, la libération durement acquise d’Abdallah doit être considérée comme une défaite cuisante de la campagne de pression sioniste-américaine et comme la preuve que le soutien aux figures de la résistance peut porter ses fruits.

Comme le montre le génocide effréné perpétré par « Israël » à Gaza, les efforts visant à éliminer les prisonniers politiques, voire à les réduire au silence, ne peuvent aboutir.

Le passage d’Abdallah de l’emprisonnement à la liberté, grâce notamment à l’élan populaire en faveur des droits humains, montre clairement que ceux qui luttent pour la liberté et la défense des droits doivent prendre les choses en main.

Traduction : Chronique de Palestine

L'auteur, Hannan Hussain, est commentateur en affaires internationales et auteur. Il est lauréat du prix Fulbright en politique publique de l’université du Maryland et ancien élève du Harvard Project for Asian and International Relations.

Ses écrits ont été publiés par le Carnegie Endowment for International Peace, le Georgetown Journal of International Affairs, le Middle East Institute, le Cornell Policy Review, Channel News Asia et l’Express Tribune (partenaire de l’International New York Times).

***

Georges Ibrahim Abdallah libéré après 40 ans : retour triomphal au Liban

Après plus de 40 ans passés en prison en France, le militant libanais Georges Ibrahim Abdallah a été expulsé vers le Liban, où il a été accueilli en héros à Beyrouth. Son retour marque un événement symbolique majeur pour ses partisans.

C’est un moment chargé d’émotion et d’histoire que le Liban a vécu ce vendredi 25 juillet : Georges Ibrahim Abdallah, figure emblématique de la lutte révolutionnaire et l’un des plus anciens prisonniers politiques d’Europe, est enfin rentré dans son pays natal après plus de quatre décennies derrière les barreaux en France.

Peu avant 14h, heure de Beyrouth, son avion s’est posé sur le tarmac de l’aéroport international Rafic Hariri. À sa sortie, une foule exaltée l’attendait, brandissant des drapeaux, scandant « Liberté ! » et l’acclamant comme un héros revenu de l’exil carcéral. Militants, proches, représentants politiques, et membres du Hezbollah – dont un député présent à l’accueil – ont salué ce retour historique, attendu depuis plus de 25 ans.

Condamné en 1987 pour complicité dans des assassinats de diplomates à Paris, Georges Abdallah était pourtant libérable depuis 1999. Mais malgré de nombreuses demandes, sa libération avait sans cesse été bloquée. Ce n’est que la semaine dernière que la cour d’appel de Paris a ordonné son expulsion vers le Liban, une décision assortie d’une interdiction définitive de revenir sur le sol français. Le parquet général a depuis déposé un pourvoi en cassation, mais ce recours n’ayant pas d’effet suspensif, rien ne s’opposait plus à son départ.

Un message fort pour la Palestine

À peine arrivé sur le sol libanais, Georges Abdallah a pris la parole dans le salon d’honneur de l’aéroport. Fidèle à ses convictions, il a immédiatement exprimé son soutien à la cause palestinienne, dénonçant l’inaction du monde arabe face à la souffrance des Palestiniens :

« Les enfants de Palestine meurent de faim pendant que des millions d’Arabes regardent en silence ».

Appelant à intensifier la résistance, ses propos ont résonné comme un manifeste politique, réaffirmant l’engagement d’une vie. Pour ses partisans, il incarne la constance et la fidélité à une idéologie combattante, bien au-delà des décennies et des murs d’une prison.

Un départ modeste, un accueil grandiose

Avant de quitter la France, Georges Abdallah a vidé sa cellule, décorée d’un drapeau à l’effigie de Che Guevara. Il a légué la plupart de ses livres, journaux et vêtements à ses codétenus et à son comité de soutien. Il n’a emporté qu’une petite valise, symbole d’un homme resté sobre et déterminé jusqu’au bout.

Direction désormais Kobayat, son village natal dans le nord du Liban, où sa famille a promis un accueil officiel et populaire. Une cérémonie est prévue dans les jours à venir, marquant son retour comme un événement national.

par Le Média en 4-4-2


- Source : Al-Mayadeen (Liban)

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