Vérité du macronisme : la petite bourgeoisie comme garde-chiourme

Entre la première révolution industrielle, entamée en Angleterre au XVIIIe siècle et la seconde commencée dans la deuxième moitié du XIXe pour se terminer en 1914, la bourgeoisie devenue pouvoir économique est arrivée au pouvoir politique au détriment de l’aristocratie. L’outil philosophique et juridique de cette prise de pouvoir fut la «doctrine libérale» avec ses conséquences politiques et institutionnelles. Ce nouveau système de domination, celui de l’exploitation capitaliste s’est installé à peu près partout en Occident. Mise en danger par les troubles sociaux violents conséquences du grand massacre dû à la guerre impérialiste de 14/18, la bourgeoisie céda ensuite à la tentation consistant à liquider les systèmes de démocratie représentative pour installer, comme l’avait prévu Jack London dans son célèbre livre «Le talon de fer» des dictatures féroces. L’exploitation capitaliste prenant alors une forme terroriste. Comme l’ont démontré, à l’époque des organisations de masse, les expériences italiennes et allemandes, la meilleure solution pour les bourgeoisies a consisté à s’appuyer sur la base de masse fournie par la petite bourgeoisie contre le prolétariat. Le véritable fascisme, celui de l’entre-deux-guerres et ses continuations postérieures, reposait sur la mobilisation de ces couches sociales particulières.
Finalement aujourd’hui, dans un Occident confronté à la crise interne du néolibéralisme, et à la montée du monde multipolaire, le Capital mobilise de nouveau les petites bourgeoisies occidentales pour tenter de retarder l’avènement du Sud global. Pour ce faire, il travaille à mettre en place des sociétés autoritaires en utilisant à nouveau les couches moyennes, mais de façon segmentée cette fois-ci.
En France, le pouvoir réel appartient à une ploutocratie, qui a installé à sa complète et servile disposition un personnel de politiques et de hauts fonctionnaires d’une médiocrité sidérante. Elle est propriétaire en direct d’un système médiatique qu’elle a totalement verrouillé, et qui est le relais de sa domination idéologique. Appuyé par un corps enseignant déclassé qui cache, derrière quelques vagues pulsions démocratiques, une fidélité politique et idéologique sans faille, comme l’ont démontré les élections législatives de 2024. Quant à la répression pour contraindre les couches populaires à la sagesse, cette oligarchie dispose de deux éléments essentiels, une hiérarchie policière totalement dévouée à son pouvoir, et un système judiciaire où une magistrature de couches moyennes sociologiquement et idéologiquement très homogènes se comporte comme le pire des garde-chiourmes. Capable d’une violence telle que celle qu’il a affichée au moment de la crise des gilets jaunes. Sans parler des couches intellectuelles et artistiques, en général d’une médiocrité abyssale, et totalement asservies. Laurent Lafitte et Juliette Binoche viennent, à l’ouverture du festival de Cannes, de nous donner à entendre leurs insupportables cours de morale entre champagne et petits fours.
Finalement, les chiens ne font pas des chats. Pour asseoir et essayer de préserver sa domination, si la bourgeoisie néolibérale n’utilise pas exactement les mêmes méthodes de violence brutale qui furent les siennes dans l’entre-deux-guerres, avec les résultats que l’on connaît, elle balance à nouveau le libéralisme politique par-dessus bord. Et s’appuie sur les mêmes couches sociales.
Cette petite bourgeoisie qui ne lui a jamais manqué.
- Source : Vu du Droit