«Pourquoi vous nous prenez pour des cons?»: Poutine s’interroge sur les prétentions de l’Occident

Vladimir Poutine a rappelé que ce n’est pas la Russie qui se retirait d’accords internationaux et qui possédait tout un réseau de bases militaires à travers le monde. Répondant à une question d’un journaliste de la BBC, il lui a demandé pourquoi l’Occident prenait les Russes « pour des cons ».

Lors de sa grande conférence de presse annuelle tenue pour la 16e fois ce jeudi 17 décembre, le président russe a commenté les prétentions de l’Occident à l’égard de son pays et portant sur le domaine militaire. Il a rappelé que les États-Unis s’étaient progressivement retirés de plusieurs ententes internationales, notamment du traité ABM (missile antibalistique) et de celui sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI).

« Ensuite, ils sont sortis du traité Ciel Ouvert. Que nous reste-t-il ? Je ne veux pas vous poser cette question, mais qu’a-t-on à faire dans ce contexte ? Laisser les choses telles qu’elles sont ? Vous, en tant que pays de l’OTAN, vous allez survoler notre pays et tout transmettre au partenaire américain. Et nous, nous devons être privés de cette option pour le territoire américain ? Vous êtes intelligents, mais pourquoi vous nous prenez pour des cons ? Pourquoi vous considérez que nous ne pouvons pas analyser des choses aussi élémentaires ? », lance Vladimir Poutine au journaliste de la BBC qui lui a demandé si la Russie se sentait responsable de la détérioration des relations avec l’Occident.

Par ailleurs, le président russe a mentionné l’existence d’autres questions qui suscitent la préoccupation de la Russie, notamment l’éventuelle prolongation du traité New Start.

Qui est qui ?  

Vladimir Poutine a en outre rappelé que les États-Unis possèdent un vaste réseau de bases militaires à travers le monde.

« Répondez donc à votre question : qui est blanc et laineux, et qui est piquant et agressif. Nous avons deux-trois bases de déploiement, d’ailleurs sur les axes à risque terroriste : au Kirghizstan, au Tadjikistan, en Syrie. […] Savez-vous quel est notre budget militaire ? 46 milliards. Celui du Royaume-Uni est beaucoup plus important et aux États-Unis il est de 770 milliards ».

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Poutine : Navalny n’était pas assez important pour être empoisonné, la Russie “aurait fini le travail”

Dans de rares nouveaux commentaires en réponse aux allégations généralisées de l’Occident selon lesquelles la figure de l’opposition russe Alexei Navalny a été empoisonnée par des agents du Kremlin, le président Vladimir Poutine a déclaré aux journalistes, lors d’une importante conférence de presse annuelle jeudi, qu’il n’était tout simplement pas assez important pour être une cible.

“C’est une ruse pour attaquer les dirigeants (de la Russie)”, a déclaré Poutine. “Mais cela ne veut absolument pas dire qu’il faut l’empoisonner”, a-t-il noté. “Qui a besoin de lui ?”

Et dans une déclaration peut-être la plus provocante et la plus moqueuse, Poutine a ajouté : “Si quelqu’un avait voulu l’empoisonner, il l’aurait achevé.”

Tout au long des commentaires, Poutine a évité de mentionner Navalny directement par son nom, l’appelant seulement “le patient de la clinique de Berlin”. Tout cela fait suite à un nouveau rapport de l’enquêteur britannique autoproclamé “open source” Bellingcat, qui prétend que le FSB a dirigé l’opération. En octobre, l’UE a imposé des sanctions à une demi-douzaine de hauts responsables des services de renseignement russes soupçonnés d’être liés à la mort imminente de Navalny.

Lors de récents entretiens, Navalny a décrit l’épreuve comme une tentative d’assassinat politique qui venait du sommet – de Poutine lui-même. En août, il a été transporté par avion dans un hôpital de Berlin après avoir été empoisonné, soi-disant avec un agent neurotoxique de la famille du Novichok produit par les Soviétiques.

Jeudi, Poutine a qualifié cette affaire de ridicule. Ceci après que de nombreux rapports des médias russes ont souligné qu’une grande partie de la population nationale n’avait jamais entendu parler de Navalny avant cette saga, et certainement très peu en dehors de la Russie l’avaient fait. En outre, les critiques russes à l’égard des enquêteurs allemands et des allégations des responsables américains se demandent pourquoi les services de renseignement russes utiliseraient un agent si “manifestement” traçable à l’armée et aux services de renseignement russes.

Putin says if Russia wanted to kill Navalny, it would've "finished" the job. Experts say Novichok could take up to 12 hours to affect the nervous system. Short of injecting it directly, it's almost impossible to dose so as to incapacitate rather than kill.https://t.co/Ym0beFNQqc

— Kaitlan Collins (@kaitlancollins) December 17, 2020

Voici un autre échange intéressant avec un journaliste de la BBC lors de l’événement de presse annuel où le dirigeant russe répond à diverses questions dans le cadre d’un forum ouvert :

Le représentant de la BBC a posé une question sur les raisons de la détérioration des relations entre la Russie et l’Occident et s’est demandé si le dirigeant russe se sentait responsable de cette détérioration, au moins partiellement, ou si la Russie était “inoffensive et propre”.

“Maintenant, sur le fait que nous sommes inoffensifs et propres. Par rapport à vous, oui, c’est un fait, nous sommes inoffensifs et propres parce que nous avons accepté de libérer d’un diktat soviétique sans équivoque les pays et les nations qui voulaient se développer de manière indépendante“.

Il a conclu en notant que la principale alliance militaire de l’Occident avait menti sur les promesses de l’après-guerre froide faites dans les années 1990. “Nous avons entendu vos assurances que l’OTAN ne s’étendra pas à l’Est, mais vous n’avez pas tenu vos promesses”, a accusé Poutine.