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Vendredi, 26 Avr. 2024

La dictature des GAFAM est déjà en place

Auteur : Liliane Held-Khawam | Editeur : Walt | Mardi, 08 Sept. 2020 - 15h25

Why it is necessary and urgent to get rid of Google and how to start doing it

Le système médiatico-politique nous a expliqué il y a quelques mois qu’il allait absolument tracer les contacts de tout un chacun pour alerter les personnes qui auraient été en contact avec une personne positive au COVID-19. Un grand show nous a tenus en haleine durant de nombreuses semaines quant aux divers procédés, fabriqués sur mesure par des personnes locales. On nous a aussi promis que les données personnelles seraient stockées sur place. On a oublié d’expliquer aux téléspectateurs des journaux télévisés de grande écoute que ce traçage serait porté par les entreprises de la Silicon Valley.

De notre côté, nous avions décelé et alerté depuis notre site dès le mois de mai que les mises à jour de Apple et de Google avaient inclus l’application elle-même.

Eh bien voilà que quelques 3 mois plus tard, on nous annonce via la presse officielle que finalement Apple et Google « vont intégrer directement dans leurs smartphones la solution de traçage des contacts qu’ils proposent pour suivre au mieux la progression du Covid-19. Ce changement élimine ainsi le besoin de concevoir et télécharger une application dédiée. » Combien cela a-t-il coûté aux Etats? Que va devenir le lancement de l’initiative qui veut stopper le traçage des citoyens? Des dégâts unilatéraux occasionnés à la démocratie. Des bénéfices eux aussi unilatéraux en direction des financiers qui tiennent les GAFAM.

Et ce n’est pas tout.

L’article de Bluewin nous apprend que les propriétaires des téléphones devront accepter qu’il soit activé afin de savoir s’ils ont ou non croisé le chemin de porteurs du virus.

Et dans leur immense générosité, les deux entreprises veulent bien partager des infos avec ce qu’il reste des autorités de santé publique.

«Nous permettons (aux autorités de santé publique) d’utiliser plus facilement et plus rapidement le système de notifications d’exposition sans avoir à créer et à maintenir une application».

Et le communiqué du duopole (secteur toutefois monopolisé par la même micro-élite financière) de poursuivre: « la nouvelle solution proposée leur apporte une «option supplémentaire» pour compléter leur palette d’outils de traçage. Elle sera compatible avec les applications utilisant le système développé initialement par Apple et Google. Cette évolution était prévue dès le départ. »Voilà donc qui corrobore nos alertes du mois de mai. L’information transmise par nos autorités sanitaires qui nous parlaient de test non obligatoire, etc. était une fake news.

Traçage des contacts sans installer un app

Si quelqu’un a encore la force de se lever et de s’opposer à ceci, il devrait le faire. Autrement, l’alternative exclusive qui demeure serait de renoncer à votre smartphone, mais pour cela il faudrait que le cash survive à la dictature qui promet d’être historique.

Je vous joins un extrait de Coup d’Etat planétaire, qui alertait sur la conquête des territoires nationaux et de leurs « Ressources humaines » par les GAFAM. Vous constaterez que l’extrait se termine avec la réflexion:

« Ces projets non éthiques et impopulaires se font dans le secret à l’insu des populations qui seront un jour mises au pied du mur. Le comment de la chose reste à découvrir…»

Nous connaissons la réponse depuis 2020. Le comment s’appelle COVID-19. La couronne qui mettra un terme définitif aux Etats pour une autre organisation qui a aussi la forme de la couronne, et que l’on avions baptisée « organisation coronale ».

LHK

*

Extrait du chapitre Vers une cybersociété contrôlée par les GAFAM , Coup d’Etat planétaire, octobre 2019

L’Etat souverain délimité par un territoire, doté d’une industrie nationale génératrice de richesses nationales, constitué de citoyens-électeurs, et chapeauté par une autorité qui fait respecter sa législation est en train de succomber aux attaques de l’oligarchie. Son effondrement est en cours. On ne voit pas comment on peut inverser la vapeur dans la mesure où une autre entité systémique s’est d’ores et déjà constituée. Cette horizontalité constituée de flux, de processus, de systèmes, de réseaux, et autres nuées d’interactions mais aussi de numérisation et de dématérialisation empêcheront les pays de se relever pour un bon bout de temps. Cette nouvelle architecture est un pain béni qui permet aux GAFAM de phagocyter les attributs de l’Etat. Actuellement, l’Etat a plus besoin d’eux que le contraire, et nous assistons à un « transfert de pouvoir plus rapide de l’Etat vers les corporations ». Les exonérations fiscales ne sont que la partie visible de l’iceberg. Imaginez un pays dont l’accès au net est coupé ou le débit ralenti.

Cette évidence fait dire au professeur Frank Pasquale que nous sommes passés d’une souveraineté territoriale à une souveraineté fonctionnelle. Les prestataires de services ont pris le pouvoir et s’affirment comme nouveaux souverains. Pour ce faire, il prend l’exemple de Amazon, qui serait plus un qu’un simple acteur de e-commerce. Il jouerait même un rôle règlementaire sur les agents qu’ils hébergent[1]. Selon Pasquale[2] « Dans les domaines fonctionnels, de la location d’appartement au transport en passant par le ecommerce, les personnes seront de plus en plus soumises au contrôle d’entreprises plutôt qu’à celui de la démocratie ». L’avocate Lina Khan décrit Amazon comme « société positionnée au centre du commerce électronique et sert désormais d’infrastructure essentielle pour une foule d’autres entreprises qui en dépendent », en se référant à la puissance structurante des services cloud d’Amazon Web Services, AWS. Pour l’avocate, cela installe Amazon sur un « trône monopolistique, ou presque ».

Le transfert de prérogatives régaliennes vers ces sociétés technologiques est tel qu’elles sont en voie de dénier l’utilité des professions réglementées, voire de la justice elle-même. En Estonie, la fonction de juge pourrait être remplacée par un juge robot qui serait autonome dans la gestion des délits mineurs de valeur inférieure à 7’000euros. La France s’essaie à la justice prédictive, et les tests ne sont pas concluants. Quant à la blockchain, elle ambitionne de supprimer le tiers de confiance. Les algorithmes sont supposés remplacer les interventions humaines dans le cadre des métiers les plus sensibles.

Le secteur de la santé devrait subir le même traitement de numérisation, et de gestion à distance par des algorithmes et des processus d’automatisation. La dématérialisation des dossiers médicaux avance à un rythme soutenu avec ou sans l’accord des patients. En Suisse, c’est la Poste avec sa plateforme de santé numérique E-Health qui se diversifie dans le support à la santé. La France suit le mouvement. Des services de téléconsultations sont au programme de la société Doctolib. Celle-ci est soutenue par Bpifrance, et a pu lever des fonds pour 150 millions d’euros. Ces projets non éthiques et impopulaires se font dans le secret à l’insu des populations qui seront un jour mises au pied du mur. Le comment de la chose reste à découvrir…

Notes:

[1] « Souveraineté fonctionnelle : la puissance des GAFAM met-elle en péril les démocraties ? », zdnet.fr

[2] From territorial to functional sovereignty : The case of Amazon », F Pasquale, Law and political economy, 2017

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