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Israël: «Nous ne possédons pas d’armes nucléaires, mais nous les utiliserons si nécessaire…»

Auteur : Sébastien Weimar | Editeur : Walt | Lundi, 01 Juin 2020 - 07h05

L’État d’Israël est un pays tout à fait unique en ce qui concerne son propre statut nucléaire. Selon toutes les déclarations officielles de ses autorités et «l’accord tacite des principales puissances mondiales», Tsahal ne possède pas d’armes atomiques.

Néanmoins, le monde entier est bien conscient que l’armée israélienne dispose non seulement d’un certain nombre d’ogives nucléaires utilisables, mais également une triade nucléaire à part entière capable de frapper l’ennemi sur terre, mer et dans le ciel. Comment cela a pu être rendu possible?

Pour répondre à cette question, il faut savoir qu’Israël était presque initialement considéré par les pays occidentaux comme son propre avant-poste au Moyen-Orient. Son objectif principal dans ce contexte était de s’opposer à l’expansion de l’influence de l’Union Soviétique dans cette région, y compris le renforcement des positions militaro-stratégiques de la Russie bien que cela soit l’URSS qui ait, en fait, ouvert la voie à la création d’Israël. À leur tour, les États du monde arabe voisin d’Israël n’ont pas caché leurs intentions de vouloir détruire ce nouveau pays en le qualifiant d ‘ «erreur» qui devrait être «corrigée» en l’effaçant de la carte géographique».

Dans une série de conflits armés qui ont longtemps perduré entre Tel Aviv et les pays arabes, l’Occident et l’URSS ont chacun suivi leur propre chemin. La Russie a armé ses alliés du Moyen-Orient et, si nécessaire, est intervenu personnellement dans les hostilités menées contre Tsahal. Les pays soutenus par l’Otan ont choisi de mettre l’arme nucléaire entre les mains d’Israël pour jouer le rôle d’intimidation extrême. La France a parfaitement compris dans quel but Tel Aviv avait besoin d’un réacteur nucléaire construit par leurs spécialistes dans le désert près de la ville de Dimona.

Sous la condition que l’installation nucléaire reste de nature exclusivement pacifique, la France a aidé l’Etat hébreu à l’obtenir. Le Premier ministre israélien,Ben Gourion, aurait personnellement apporté à Charles de Gaulle cette promesse. Il y a lieu de croire que Paris a non seulement aidé la partie israélienne à créer un réacteur pour produire du plutonium de qualité militaire et a fourni les matériaux nécessaires, mais a également participé aux essais d’armes nucléaires israéliennes.

Une histoire encore plus étrange est arrivée aux Américains. Les Israéliens leur ont d’abord menti en expliquant qu’une usine de tissage ou qu’une usine métallurgique était en construction près de Dimona. Lorsqu’il ne fut plus possible de tenir plus longtemps caché la tromperie, le réacteur a alors été déclaré comme étant un site d ‘ «énergie nucléaire pacifique». Dans le même temps, il est vrai que le président américain de l’époque, John F. Kennedy, qui avait l’intention de procéder à une inspection de cette centrale nucléaire conformément à toutes les règles, a été tué à Dallas. Parmi les nombreuses versions de sa mort, celles qui suggèrent la participation du Mossad, avec la CIA, ne semblent d’ailleurs pas du tout des plus ridicules.

D’autres présidents passés par la Maison Blanche n’ont plus tenté d’organiser des contrôles. La préoccupation fondamentale de ces derniers n’était pas leur vie mais le fait que si Washington avait reconnu qu’Israël réalisait secrètement et illégalement un programme nucléaire militaire, cela aurait, en raison du Foreign Aid Act de 1961, coupé automatiquement l’aide financière impressionnante des États-Unis à Israël. Aux États-Unis, il y a longtemps que la masse des documents officiels a été déclassifiée. Ces documents confirment pleinement que les Américains connaissent bien les armes nucléaires d’Israël mais qu’il est totalement désavantageux de le reconnaître.

En fin de compte, les autorités israéliennes adoptent une position appropriée car le pays n’a pas signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, ainsi que la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, tout comme  les accords internationaux sur le contrôle des exportations nucléaires. En tant que membre de l’AIEA (centre mondial pour la coopération dans le domaine nucléaire), Israël est un État qui, de manière obstinée, ne veut pas reconnaître son statut nucléaire malgré les nombreuses preuves documentaires et qui, donc formellement, ne supporte aucune obligation imposée à tous les pays officiellement inclus dans le «club atomique». Les dirigeants d’Israël et Tsahal font périodiquement des allusions claires et transparentes selon lesquelles, dans des cas extrêmes, ces armes «inexistantes» peuvent être «lancées sur la tête des ennemis d’Israël».

On peut, pour préciser cette pensée israélienne, employer en référence les mots de Golda Meir: «Nous ne possédons pas d’armes nucléaires, mais nous les utiliserons si nécessaire…» Aujourd’hui, il est avantageux pour Israël de posséder cette arme de destruction massive sans devoir avoir le statut officiel approprié, c’est-à-dire d’avoir la capacité d’intimider des adversaires potentiels sans avoir aucune responsabilité et obligation envers la communauté internationale. L’adoption de telles «règles» est, bien sûr, l’une des manifestations les plus frappantes de la politique occidentale des «doubles standards».


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