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Vendredi, 29 Mars 2024

Le PDG de Facebook présente son projet de censure de masse lors de son audition au Sénat

Auteur : Andre Damon | Editeur : Walt | Vendredi, 13 Avr. 2018 - 20h24

Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a profité de son apparition mardi devant les commissions sénatoriales de la justice et du commerce pour esquisser un plan de censure de masse sur la plus grande plate-forme de médias sociaux au monde.

Zuckerberg a expliqué comment chaque déclaration faite par les 2,2 milliards d’usagers de l’entreprise était analysée et validée par des systèmes d’intelligence artificielle, puis passée en revue par une armée de quelque 20 000 censeurs. Si l’entreprise trouve une déclaration «sensationnelle» ou apte à «créer la discorde», l’usager sera signalé comme «mauvais agent» et ses messages seront soit bloqués, soit signalés au gouvernement, ou les deux.

Depuis l’élection de 2016, a déclaré Zuckerberg, l’entreprise a subi une transformation. « Nous sommes dans un vaste tournant philosophique quand à la façon dont nous abordons notre responsabilité en tant qu’entreprise », a déclaré Zuckerberg.

« Il ne suffit pas de construire des outils » et de laisser les usagers en faire ce qu’ils veulent, a déclaré Zuckerberg. « Nous devons nous assurer qu’ils sont utilisés pour faire du bien » en « surveillant l’écosystème » de Facebook.

La capacité de «contrôler» tout le contenu de Facebook était impossible avant l’arrivée de l’intelligence artificielle, a déclaré Zuckerberg. « Depuis les débuts de l’entreprise en 2004, nous n’avions pas de technologie d’IA capable de regarder les contenus partagés. » Mais le développement rapide de l’intelligence artificielle permettait maintenant à Facebook de filtrer et de comprendre chaque message sur sa plate-forme.

«D’ici la fin de l’année, plus de 20 000 personnes travailleront sur la sécurité et la surveillance de contenu», a déclaré Zuckerberg. « Alors quand le contenu nous est signalé, nous le ferons analyser par ces gens. »

Il s’est vanté de ce que les outils d’intelligence artificielle de Facebook réussissent maintenant à repérer 99 pour cent de la «propagande terroriste» avant que les usagers ne la voient. En «déployant des outils d’IA», Facebook peut «surveiller et faire respecter de manière proactive» tout contenu, a déclaré Zuckerberg.

Ces outils d’IA seront utilisés pour identifier les comptes qui diffusent de «fausses nouvelles», et ils ont aidé l’entreprise à «supprimer de manière proactive des dizaines de milliers de comptes avant qu’ils ne puissent causer des dommages significatifs».

Pour souligner la politique d’intégration de l’entreprise dans l’appareil du renseignement, de la police et de l’armée, Zuckerberg a déclaré que Facebook est activement impliqué dans une «course aux armements» avec la Russie.

Le sénateur démocrate Patrick Leahy a exigé que Zuckerberg fasse plus pour lutter contre les comptes et les pages Facebook qui sèment la « discorde », et pas seulement ceux qui sont exploités par la Russie. Le sénateur a demandé à un membre du personnel de montrer un panneau avec des exemples de telles pages de «discorde», demandant pourquoi ils étaient autorisés à continuer.

L’apparition de Zuckerberg est survenue après qu’il a annoncé vendredi que l’entreprise demanderait à toutes les « grandes » pages Facebook et de toutes les pages qui diffusent des pages et publicités politiques de vérifier leur identité. Il a précisé ce que cela signifiait lors de son apparition mardi, disant qu’il exigerait que quiconque opérant de «grandes» pages ait une «identité gouvernementale valide» et «vérifie son adresse» en recevant un code de confirmation par mail.

Interrogé par le sénateur républicain John Cornyn pour savoir si Facebook acceptait la responsabilité pour les déclarations de ses usagers, Zuckerberg a déclaré: « Nous sommes responsables du contenu ». Il a ajouté que ses outils d’intelligence artificielle seraient en mesure de dire si un message était « vous savez […] quelque chose de mal ».

Les vastes dangers à l’encontre des droits démocratiques posés par les mesures de censure de Facebook ont été ignorés par tous les membres démocrates du Congrès, qui ont universellement applaudi la répression de la part du géant des médias sociaux. Il en allait de même pour presque tous les républicains, à l’exception du sénateur Ted Cruz, qui cherchait à polir son image auprès de l’extrême droite en critiquant la censure exercée par Facebook sur les organisations politiques d’extrême droite.

Cruz a accusé Facebook et d’autres géants de la technologie de s’engager « dans un modèle généralisé de partialité et de censure politique » contre l’extrême droite, afin de promouvoir ce qu’il a appelé les opinions politiques « de gauche ». Il a demandé à Zuckerberg s’il connaissait « l’orientation politique » des « examinateurs de contenu » de Facebook.

Zuckerberg a répondu conformément à la ligne standard élaborée entre les démocrates, les principaux républicains, et les agences de renseignement. « Il y a un certain nombre de choses dont nous serions tous d’accord qu’elles sont clairement mauvaises. L’ingérence étrangère dans nos élections, le terrorisme […] ce sont là des activités clairement mauvaises que nous voulons éliminer».

En fait, la véritable cible du régime de censure de masse mis en place par les géants de la technologie est l’opposition politique de gauche, et surtout l’utilisation de Facebook par les travailleurs pour organiser des grèves et des manifestations. Au cours des deux derniers mois, de nombreux articles publiés dans de grands journaux américains ont averti que des enseignants de tout le pays utilisaient des groupes Facebook pour organiser des grèves indépendamment des syndicats.

L’affirmation de Cruz selon laquelle Facebook diffusait des points de vue «de gauche» représentait l’ensemble des critiques formulées à l’audience des efforts de Facebook pour déchirer le Premier Amendement de la Constitution américaine et instaurer une censure de masse.

En effet, malgré des semaines de presse négative et d’efforts pour diaboliser Zuckerberg parce qu’il n’avait pas montré assez de respect pour les assertions d’ingérence russe dans l’élection de 2016, l’audience a révélé la remarquable unanimité de la classe dirigeante pour la création d’un régime de censure de masse comme transition vers des formes de pouvoirs ouvertement dictatoriales.

Sur fond d’une crise politique croissante au plus haut niveau de l’État, d’une opposition grandissante au sein de la classe ouvrière et de la menace croissante de guerre mondiale, l’élite dirigeante voit dans la censure la seule façon de consolider sa domination menacée sur la société.

Le World Socialist Web Site mène la lutte pour s’opposer à la censure sur Internet à travers la construction d’un mouvement socialiste de masse de la classe ouvrière. Nous appelons tous les travailleurs et les jeunes voulant s’opposer à la censure de nous contacter et rejoindre la lutte pour le socialisme.

Photo d'illustration: Mark Zuckerberg durant l’audience au Congrès


- Source : WSWS

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