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Néo-féminisme : un combat pour la domination en utilisant la violence

Auteur : Florence Rault | Editeur : Walt | Lundi, 19 Févr. 2018 - 11h19

L’affaire Weinstein qui au départ ne concernait que le très particulier milieu d’Hollywood dans ses liens avec le Parti Démocrate américain, a débouché sur une déflagration qui secoue le monde anglo-saxon et l’Europe de l’Ouest. Ce qui fut présenté comme une « libération de la parole des femmes » confrontées à une violence masculine massive, a immédiatement embrayé sur une véritable « guerre des sexes » faisant voler en éclats non seulement la décence ordinaire mais mettant également dangereusement en cause des règles et des principes qui régulent une société démocratique et peuvent être très justement considérés comme des acquis de civilisation.

Tous ceux qui ont émis des réserves lors du lancement des campagnes #BalanceTonPorc et #MeToo ont été prestement disqualifiés, moqués, insultés. Et pourtant, comme la nuée l’orage, ces campagnes portaient en elles les catastrophes culturelles, sociales et liberticides auxquelles nous sommes confrontés. Cela va de la mutilation des œuvres artistiques à la façon des talibans, aux délires suédois qui font de l’acte sexuel un viol par définition jusqu’à la preuve « d’un consentement explicite ». En passant par les demandes gravissimes de responsables d’institutions publiques de renversement de la charge de la preuve en matière pénale. Comme Jacques Toubon « défenseur des droits », demandant instamment que l’on viole ce qu’il est chargé de défendre ! Et l’utilisation de fantasmagories de charlatans, comme dans l’affaire Flavie Flament, pour justifier l’abandon de principes pénaux séculaires.

Comment s’étonner alors, lorsque la simple raison a déserté le champ du débat, que des gens comme Caroline de Haas ou d’autres militantes du néo-féminisme prédateur et violent se livrent à des débordements ahurissants. La responsable d’Osez le féminisme, a organisé avec l’affaire Darmanin une manipulation détestable, méritant peut-être que le parquet examine de plus près quel a été son rôle dans le dépôt de la plainte, désormais classée sans suite. Par ailleurs, probablement inquiète pour la prospérité de son petit business révélé par la presse, elle n’hésite pas à accuser l’État d’être « le complice de viols de masse ». Comme d’habitude en assénant des statistiques fantaisistes selon lesquelles une femme sur deux aurait été agressée sexuellement, et un homme sur deux serait un prédateur sexuel ! Ce sont des militantes déchaînées par l’organisation d’un colloque plutôt favorable sur le phénomène #BalanceTonPorc à l’EHESS, qui appellent à empêcher sa tenue y compris par la force. Tout autre parole que la leur étant inacceptable. Et nervis excités, elles envahissent l’amphithéâtre pour s’y livrer à la violence et l’intimidation.

Revenons quelques instants sur les inconséquences de Marlène Schiappa. Dans l’affaire Daval, elle est intervenue de façon tout à fait intempestive en violation du principe de la séparation des pouvoirs, pour donner son avis sur la conduite d’un dossier judiciaire. Mais le plus grave n’a pas été relevé. La ministre a contesté dans leur principe les moyens de défense développés par les avocats du mis en examen. C’est-à-dire qu’elle considérait comme intolérable la liberté du choix de leurs arguments. Elle s’indignait du fait que des considérations sur la personnalité de la victime aient été avancées par la défense, ce qui reviendrait à « légitimer les féminicides ». Quelle est cette folie ? En oubliant opportunément les incroyables mensonges du lobby féministe dans l’affaire Sauvage pour excuser un meurtre en faisant de son auteur une victime, Madame Schiappa veut-elle que l’on abandonne un des principes intangibles du droit pénal ? Celui de la personnalité des crimes et des peines, parce que l’on juge des faits particuliers et des hommes (ou des femmes) particuliers. Il est du devoir du juge d’examiner tout ce qui lui est soumis, et notamment les circonstances dans lesquelles un drame a pu se dérouler, celles du passage à l’acte. Interdit de se défendre, interdit d’expliquer, et par conséquent interdit de comprendre ? Eh bien désolée Madame la ministre, si on peut lyncher, dans ce cas il est impossible de juger.

Ces exemples démontrent que l’entreprise de délation générale et particulière, initiée par #BalanceTonPorc ne pouvait déboucher que sur cette catastrophe. J’ai beaucoup entendu au début de la campagne, qu’il y avait peu de noms jetés en pâture, et que la dénonciation serait pédagogique par son caractère général. Cela n’est pas sérieux. Tout d’abord dès lors que l’on fait de la délation un instrument d’ingénierie sociale, comment imaginer que l’on va se contenter de dire « moi aussi » sans aller plus loin ? Bien sûr que non, car dans un tel mouvement collectif, avec ses effets d’entraînement, d’émulation et de surenchère, il faut désigner les coupables. D’abord un groupe, les hommes et leur patriarcat, puis nommément. Cela se passe toujours ainsi. Devenant un acte social valorisé, la délation appelle la délation. Sait-on que le plus grand nombre de lettres de dénonciation envoyées à la Gestapo pendant la dernière guerre mondiale, l’a été pendant la dernière année d’occupation alors que la défaite de l’axe était inéluctable ? Ensuite, le grand déballage ne pourra générer que de la frustration. Les méchants sont désignés, et par conséquent il faut les punir. L’envie de pénal qui traverse nos sociétés, nous confronte pourtant sur les questions de sexe à une énorme contradiction. La justice pénale obéit à des objectifs et des règles qui font que l’appréhension d’une partie de ce qui relève de la « délinquance sexuelle » est extrêmement difficile. Dans ce domaine, il faut d’abord rappeler que prétendre que les viols ne sont pas sanctionnés par la justice est une baliverne. Désormais, grâce aux progrès de la police scientifique, les principales infractions peuvent être établies et sanctionnées et ce en respectant les règles du débat contradictoire. Il faut savoir aussi que les crimes de viol occupent actuellement la moitié des sessions d’assises dans notre pays, et font l’objet d’une répression sévère.

En revanche ce dont on nous parle aujourd’hui, avec d’ailleurs des degrés de gravité variables, ce sont les zones grises, celles « du parole contre parole », de la subjectivité, de la culture et de ses évolutions. Et ce sont ces situations particulières que le néo féminisme veut à tout prix criminaliser, en amalgamant harcèlement et agression sexuels avec le crime de viol. L’abandon des échelles de gravité pourtant prévue par le code pénal permettant toutes les manipulations. Il faut donc être clair, on ne peut pas s’en remettre uniquement et de cette façon à la justice pour traiter ce qui relève d’autres modes de régulation sociale. Essentiellement pour deux raisons :

  • donner à la justice l’objectif d’assouvir la haine des hommes et la volonté de pouvoir du néo-féminisme, est une impasse démocratique car cela ne peut se faire que par l’abandon des principes fondamentaux des libertés civiles. Les magistrats sont là pour veiller au contraire à leur respect et les accuser pour cela de « complicité avec des viols de masse » est simplement une ignominie.
  • En second lieu, ceux qui sont victimes d’accusations infondées sont particulièrement désarmés. Ils sont d’abord soumis à des lynchages médiatiques terriblement violents, dont aucune procédure judiciaire efficace ne peut préserver. L’action en « dénonciation calomnieuse » à l’encontre des accusateurs est simplement un leurre. Quant aux interminables procédures de diffamation, elles ne débouchent, au mieux, que sur des réparations symboliques, et ne peuvent en aucun cas être dissuasives. Pierre Joxe et Gérald Darmanin vont en faire l’expérience. David Hamilton ne pourra pas, âgé de 83 ans et poussé au désespoir, il a préféré se suicider.

Mon amie Marcela Iacub a identifié une partie du problème : « Ils (les néo-féministes) pensent que les femmes sont des êtres différents et que leur émancipation passe avant tout par des sanctions pénales et civiles appliquées contre les hommes. Pour eux, il n’y a pas d’autre horizon politique que la violence institutionnelle ».

L’enjeu n’est pas l’émancipation Marcela, mais comme d’habitude, le Dieu caché est le combat pour le pouvoir, et ce qui l’accompagne. Et avec des méthodes, dont on sait très bien sur quoi elles peuvent déboucher.


- Source : VU DU DROIT

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