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Le ministère de l’Intérieur tancé pour sa répression policière de la Manif pour tous

Auteur : Boulevard Voltaire | Editeur : Walt | Mardi, 05 Janv. 2016 - 15h14

« Mieux vaut tard que jamais », dit le bon sens populaire. Deux ans après les faits ayant justifié sa saisine, le Défenseur des droits vient de rendre un avis au sujet de la répression policière de la Manif pour tous. Et plus précisément d’une de ses adventices, les « Mères Veilleuses » : un collectif de mères de famille qui se contentaient d’occuper l’espace public en silence, sans manifester, crier, ni – faut-il le préciser ? – troubler l’ordre public. Fin 2013, une quarantaine de ces mères de famille se recueillaient auprès du Mur pour la Paix au Champ-de-Mars lorsqu’elles ont été encagées par la police. C’est-à-dire entourées de forces de police qui empêchaient tout mouvement vers l’extérieur. Pour quelle raison ? Les ordres, sans doute.

La plaisanterie a duré deux heures. Puis les policiers sont repartis comme ils étaient venus. Difficile d’arrêter de si paisibles manifestantes. Mais l’effet psychologique de cet encagement était atteint. D’où la décision de déposer un recours auprès du Défenseur des droits.

Celui-ci (Jacques Toubon) n’est pas connu pour son engagement en faveur de la famille naturelle. Outre une absolue fidélité à son mentor Jacques Chirac, il a toujours manifesté une étonnante docilité envers le pouvoir. Ce n’est pas pour rien qu’il a été nommé à ce poste qui remplace la défunte et sinistre HALDE. Dans un rapport du 25 novembre et publié seulement un mois plus tard – la proximité des élections régionales, peut-être -, il écrit sans ambages : « La mesure était manifestement disproportionnée au regard de sa durée et du risque quasi inexistant de trouble que les manifestantes étaient susceptibles de causer à l’ordre public ».

Une précédente décision avait déjà donné lieu à une condamnation de principe au profit d’une manifestante interpellée pour avoir agité des drapeaux de la Manif pour tous le 14 juillet 2013. Ces décisions n’ont aucune valeur juridique contraignante. Mais leur dimension morale n’est pas à négliger : si ces mères de famille n’ont subi aucun préjudice stricto sensu, elles ont fait l’objet d’une forme vexatoire et spécialement injustifiée de répression. Comme en ont fait les frais ces enfants aspergés de gaz lacrymogène le 24 mars 2013 : ceux-là n’ont eu droit à aucune compassion, et le préfet Boucaut a justifié l’action des policiers par « l’agressivité » des manifestants.

Pour faire justice, il faudrait également rappeler la garde à vue de 67 jeunes entassés dans deux cellules d’un commissariat du XVIIIe arrondissement, et tous ceux qui ont été interpellés, matraqués, poursuivis, coursés, retenus pour vérification d’identité, les simples promeneurs porteurs d’un vêtement « séditieux », les agitateurs de drapeaux, en bref tous ceux qui, simplement parce qu’ils manifestaient contre une loi inique, ont été réprimés. Qu’un homme comme Jacques Toubon en vienne à condamner de telles pratiques met en évidence leur ridicule.

Tout cela ne sert à rien, direz-vous. La loi est passée, il n’est pas question de revenir dessus et tout est rentré dans l’ordre. Pour ceux dont les opinions ont la constance du poisson rouge, sans doute. Pour les jeunes qui, des mois durant, se sont mobilisés, ce n’est pas certain. Ce genre d’épreuves infligé par un régime terrorisé à la vue de drapeaux roses plus qu’à celle des hordes de banlieue montre sa fragilité intrinsèque. La génération 2013 s’en souviendra.

On en reparle dans quelques années ?

François Teutsch


- Source : Boulevard Voltaire

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