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Lundi, 06 Mai 2024

Conflits d'intérêts: La liste des membres de la commission européenne recasés dans les multinationales

Auteur : Regards | Editeur : Walt | Jeudi, 29 Oct. 2015 - 22h16

Une enquête de l’ONG Corporate Europe Observatory fait le compte des anciens membres de la commission Barroso recasés au sein des multinationales et de leurs officines. Des "Revolving doors" totalement banalisées entre deux mondes qui n’en font qu’un.

Les illustrations de la très antidémocratique proximité entre les institutions européennes et les lobbies industriels ou financiers ne manquent pas. Tout récemment, l’affaire Volkswagen en a fait la démonstration : on apprenait ainsi, en début de semaine, que la Commission avait délibérément ignoré l’alerte, tandis que le Parlement votait, lundi, contre une commission d’enquête. Enfin, mercredi, l’UE accordait une marge de tolérance sur les émissions de diesel…

Pour saisir l’ampleur de la porosité entre les deux milieux – qui n’en font d’ailleurs qu’un à bien des égards –, la notion de revolving doors (portes tambour) est particulièrement efficace. L’association Corporate Europe Observatory (CEO) vient ainsi de publier une édifiante enquête sur le parcours des membres de la Commission Barroso II, dont le mandat s’est achevé en octobre 2014.
Un commissaire à l’Environnement chez les agrochimistes.

On y apprend que 9 sur 27 – soit un tiers – des anciens commissaires ont pris des fonctions dans (ou auprès) de grandes entreprises privées. Pour un total de… 98 fonctions, le cumul ne les rebutant pas. Si 37 de ces transferts ont fait l’objet d’un examen par le Comité d’éthique, celui-ci n’en a empêché aucun. Selon CEO, neuf d’entre eux n’aurait pourtant pas dû être autorisés. Ne citons que le cas de la très libérale Viviane Reding, commissaire de 1999 à 2014, qui officie désormais au sein d’Agfa Gevaert, de la compagnie minière Nyrstar et de la fondation Bertelsmann, celui de Karel de Gucht, ex-commissaire au Commerce et négociateur du Traité transatlantique, qui exerce chez Merit Capital, ou de Neelie Kroes (Concurrence) salariée par Bank of America Merrill Lynch.

Le cas le plus effarant est peut-être celui du Slovène Janez Potocnik, ancien commissaire à l’Environnement, que l’on retrouve aujourd’hui au sein du Forum for the Future of Agriculture, lobby créé par… l’agrochimiste Syngenta. Parmi les secteurs rejoints par les ex-commissaires, celui de la finance se taille, sans surprise, la part du lion (lire aussi "Comment le lobby financier condamne Bruxelles à l’impuissance politique"). Et le roi de la jungle, c’est encore l’ancien président de la Commission lui-même, José Manuel Barroso, qui s’est recasé au sein de 22 organisations. Même si la plupart de ces fonctions sont honorifiques, plusieurs concernent des instances majeures de lobbying, comme les Bilderberg Conferences ou le European Business Summit.

Intérêts partagés

Comme le souligne CEO, le problème n’est pas nouveau. Quand, en 2011 à la suite de plusieurs scandales, différentes ONG s’étaient élevées contre ces allers-retours, la Commission Barroso avait affirmé que son nouveau code de conduite constituait le nec plus ultra en matière de bonnes pratiques. Ledit code a été très sévèrement évalué par un rapport parlementaire l’an passé, fustigeant son opacité, l’absence de procédures pour l’appliquer et le contrôler : « Quand d’autres systèmes éthiques contribuent à renforcer la confiance des citoyens dans les gouvernements, celui de la Commission européenne apparaît conçu pour favoriser les intérêts politiques et la carrière des commissaires ».

La "bulle de Bruxelles", écrit l’organisation, « conduit à une proximité relationnelle malsaine entre législateurs et sujets de la législation ». Lesrevolving doors qu’empruntent les commissaires européens sont d’autant plus problématiques que ceux-ci concentrent les plus grands pouvoirs, les lois et les règlements qu’ils promulguent affectant la vie de 500 millions de citoyens… Leur liens directs avec les intérêts des multinationales et des organisations qui les défendent démontrent que le conflit d’intérêts est quasiment le mode de gouvernement de l’Union européenne, sans même que ces liens aient besoin d’être dissimulés tant ils relèvent de la normalité bruxelloise.


- Source : Regards

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