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MiG-31 vs bouclier antibalistique à Deveselu

Auteur : Valentin Vasilescu-Traduction Avic Réseau International | Editeur : Walt | Mercredi, 10 Juin 2015 - 21h05

Dans un précédent article j’avais expliqué que le bouclier de Deveselu était un complexe AEGIS au sol, auxquels se rajoutaient 24 missiles antibalistiques SM-3. Ce complexe est équipé de missiles de croisière BGM-109G Tomahawk, capables de frapper Moscou et autres cibles sur le territoire de la Russie.

Presque tout sur l’ABM bouclier américain Deveselu-Roumanie (vidéo)

Les missiles de croisière sont moins vulnérables aux missiles anti-aériens et air-air que les missiles balistiques. La caractéristique du missile de croisière, c’est qu’il peut voler à faible altitude. Les reliefs et la courbure de la terre réduisent la distance de détection par les radars au sol. Les missiles de croisière créent de gros problèmes pour les radars au sol qui ne peuvent les distinguer quand ils volent au milieu d’objets au sol élevés tels que les immeubles de grande hauteur et les forêts. Contrairement aux missiles balistiques, des missiles de croisière peuvent changer souvent de direction de vol afin de ne pas entrer dans le rayon d’action des batteries de missiles AA et faire en sorte qu’il soit impossible de prévoir quelles sont les cibles visées.

Les nouveaux missiles de croisière bénéficient également de technologies « stealth », offrant une surface de réflexion radar très faible (0,1-0,01 m2), ce qui les rend difficiles à repérer, à suivre et à intercepter. Ils sont propulsés par des moteurs à réaction de petite dimension qui, eux aussi, laissent une empreinte infrarouge détectable seulement à courte distance. Le processeur des missiles de croisière a dans sa mémoire une carte de navigation radar du relief des zones, visant à voler au plus près du sol de manière permanente. Un avion d’interception aurait besoin de connaître la trajectoire et la vitesse du missile de croisière pour pouvoir calculer la zone possible de lancement du missile air-air, avant que celui-ci n’atteigne sa cible. C’est pourquoi la détection d’un missile de croisière et la transmission de ses paramètres de vol se font plus facilement par des radars aéroportés qui ont la capacité de distinguer les objets volants des autres objets du terrain à une distance plus grande. C’est le rôle des avions d’alerte précoce du type AWACS.

NATO AWACS 1988

Depuis 2008, quand les États-Unis ont soulevé la question de l’installation du bouclier balistique en Europe, l’aviation militaire russe a créé un chasseur à grand rayon d’action capable d’intercepter aussi bien les missiles de croisière que les missiles balistiques intercontinentaux : le MiG-31.

Le radar de bord Bars du MiG-31 BM a introduit dans la mémoire du microprocesseur une carte numérique du terrain survolé, permettant de comparer et de distinguer des missiles de croisière par rapport aux objets environnants au sol. Il détecte simultanément 24 cibles aériennes jusqu’à une distance de 350-400 km. Le processeur de bord choisit les 10 plus dangereux d’entre eux, dirige vers eux 10 missiles de longue portée R-33/37 qu’il a à bord. Le missile R-33/37 pèse 600 kg, long de 5 m et est le seul missile avec une portée de 300-390 km et a une vitesse de Mach 6. Huit autres cibles sont suivies et détruites avec des missiles air-air à moyen rayon d’action R-77 (110 km de portée). Le poids maximal de missiles que peut transporter un MiG-31 est de 9 000 kg.

WORLDS BEST Russian R-37 rival to US Air force F-22 AIM-120D AMRAAM missile (Vidéo)

Le MiG-31 est entré dans l’armée soviétique en 1981. Il a été fabriqué à plus de 500 exemplaires, avec une vitesse maximale de 3.000 km/h et un plafond de service de 20,600 m. Il a été modernisé dans les versions BM/BS à l’usine Socol de Nijni Novgorod pour s’adapter aux conditions de champ de bataille moderne. L’aviation militaire russe ne disposera que de 130 MiG-31 modernisés jusqu’en 2017. Depuis 2013, la firme a commencé à travailler sur le projet MiG-41 (avec une vitesse maximale de Mach 4,3), qui effectuera son premier vol en 2017. Le MiG-35 est obtenu en modifiant les autres 150 appareils MiG-31 déjà existants.

Le MiG-31 a quelques limitations, ce n’est pas un avion multi-rôle, capable d’assurer des combats aériens nécessitant de grandes manœuvres, mais un avion avec deux sièges (le pilote et l’opérateur) qui patrouillent à très haute altitude, pendant plus de deux heures. Il suffit d’une patrouille de MiG-31 pour interdire la pénétration de l’espace aérien russe sur une ouverture jusqu’à 400 km.

Le 28 mai 2015, lors d’un exercice dans le polygone arctique de Pemboi, dans la région de Komi (1.500 km au nord-est de Moscou) auquel ont participé 12 000 soldats et 250 avions, un MiG-31 BM a abattu un missile de croisière. Le missile de croisière, avait été lancé à bord d’un bombardier TU-95 MS et volait à une altitude inférieure à 300 m. Il a été intercepté 10 km avant qu’il n’atteigne la cible.

MIG31 Cruise missile intercepted by MIG-31 (Vidéo)

Les forces aériennes russes exploitent 12 escadrilles de MiG-31. La défense de la frontière orientale de la Russie est assurée par les MiG-31 de la base aérienne de Chuguyevka située à proximité de la mer du Japon, de la base aérienne de Petropavlovsk dans la péninsule du Kamtchatka, et de la base aérienne Anadyr, près de l’Alaska.

L’interception de missiles de croisière lancés à partir de bombardiers stratégiques, à partir du pôle Nord et de l’Europe occidentale, entre dans la tâche des MiG-31 des bases aériennes de Letneozersk et Talagi dans la région d’Arkhangelsk, la base aérienne Monchegorsk dans l’oblast de Mourmansk, la base aérienne de Rogachyovo sur l’île de la Nouvelle-Zemble et la base aérienne Tiksi sur la côte de la Mer de Laptev en Sibérie.

La défense de Moscou contre les missiles de croisière lancés depuis Deveselu entre dans la tâche des bases aériennes de Khotilovo et Kubinka autour de Moscou. À la fin de l’année 2015 quand le bouclier à Deveselu deviendra opérationnel, une patrouille de 4 MiG-31 sera déployée par rotation, à partir de la base aérienne de Belbek en Crimée. Des experts militaires américains estiment que moins de 10 % des milliers de missiles de croisière, lancés par les américains et les britanniques lors de l’invasion de l’Irak en 2003, sans l’imposition d’une zone d’interdiction aérienne comme en Libye en 2011, toucheraient leurs objectifs s’ils étaient confrontés à des MiG-31 BM.


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