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Vendredi, 03 Mai 2024

Après l’Irak, Syrie, le Yémen …De nouveau Le Liban?

Auteur : Mohamed El Bachir | Editeur : Walt | Mercredi, 10 Juin 2015 - 10h15

”Tant que les lions n’auront pas d’historiens, les histoires de chasse glorifieront le chasseur. ” Proverbe africain

Les monarchies wahhabites, reflet inversé des puissances occidentales

Aujourd’hui, affirmer que la guerre en Syrie fait de cette terre, une mère porteuse d’un nouveau Moyen-Orient relève de l’évidence. Diagnostiquer que la grossesse se fait dans une douleur effroyable c’est peu dire. Rappeler que l’ancêtre de ce  Moyen-Orient en gestation  s’appelait Balfour- Sykes-Picot,  auteurs d’une forfaiture historique, en créant des entités artificielles est for utile. Oublier  que tout cela fut possible grâce à la complicités des Wahhabites et des Hachémites, protecteurs soi disant des lieux saints musulmans, c’est perpétuer une injustice dont furent victimes  les peuples arabes, en particulier le peuple palestinien.

Souligner que seules des circonstances historiques particulières ont empêché le couple anglo-français, d’aller plus loin dans la partition de Bilad El Cham est  nécessaire; cela permet de comprendre le profil  de ce Moyen-Orient en gestation. Mais encore faut-il rappeler ce qu’était Bilad El Cham, (terre de la civilisation) ou Grande Syrie. Bilad El Cham est l’équivalent des États actuels de Syrie, Jordanie,  Liban et Palestine et d’ une partie sud de la Turquie.

Le dépeçage programmé de l’Irak et de la Syrie par l’Axe du bien, les Monarchies wahhabites, la Turquie et Israël n’est pas une simple vue de l’esprit. Ce dépeçage est l’instrument géopolitique conçu  pour affaiblir l’axe Téhéran, Bagdad, Damas et Hezbollah.

L’ancien Diplomate M. Raimbaud décrit dans son livre, très documenté et instructif, Tempête sur le Grand Moyen-Orient, les tenants et aboutissants de ce dépeçage.

Un dépeçage dont l’organisation terroriste Daech qui sévit en Irak et en Syrie est l’un des architectes. Comme en Syrie, son frère ennemi, le Front El Nosra, «des barbares modérés »  financé par le Qatar qui,  par ailleurs, « n’est pas le grand manitou du terrorisme mondial qu’on dénonce parfois » dixitle directeur  de Libération qui l’affirme. (4 juin 2015)

…Ou l’ère des Califats contre Téhéran, Bagdad, Damas et le Hezbollah

D’après Défense Intelligence Agency (DIA), l’Administration américaine préconise l’établissement d’ « une principauté salafiste en Syrie», et faciliter la naissance d’un État islamique « pour isoler le régime syrien »  tout en  précisant que« Pour les pays occidentaux, ceux du Golfe, et la Turquie [qui] tous soutiennent l’opposition [syrienne]… la possibilité existe d’établir de façon officielle ou pas une principauté salafiste dans l’est de la Syrie (Hasaka et Der Zor) , et c’est exactement ce que veulent les pouvoirs qui appuient l’opposition, de façon à isoler le régime syrien… »

Le contenu du document déclassifié ne fait que confirmer ce qu’a révélé Seymour Herst dans son article intitulé The «Redirection» datant de mai 2007. A savoir empêcher l’Iran de constituer avec l’Irak, la Syrie et le Hezbollah, une puissance régionale contrebalançant  la puissance nucléaire israélienne.

C’est dire que dans ses calculs stratégiques, les Occidentaux ont pris en compte l’invariant ‘Sécurité et suprématie de l’État d’Israël’.

A ce propos, durant l’occupation américaine de l’Irak, l’hypothèse de bombarder l’Iran était sur les bureaux des stratèges américain. Hypothèse qui visait d’une part,à contrer l’influence iranienne en Irak et  retarder son programme nucléaire d’autre part. La guerre menée par Israël en juillet 2006  au Liban avait un double objectif : affaiblir durablement le Hezbollah et tester les capacités de défense de la résistance libanaise. Un test utile pour préparer un  bombardement des plus efficaces de l’Iran.

On sait  maintenant que la résistance du peuple libanais a dissuadé  les stratèges américains d’une telle initiative. D’autres plans furent mis en application dont on voit les effets aujourd’hui. Bien sûr, la monarchie wahhabite fut mise à contribution.

Comme l’atteste Seymour Hersh, dès 2007, l’administration  du Président coopéra « ouvertement avec l’Arabie saoudite pour mener à bien des opérations clandestines visant à affaiblir le Hezbollah.» Ce qui a eu pour conséquence d’accélérer la formation de groupes extrémistes sunnites  et évidemment, les USA confièrent l’exécution et le financement  des opérations à l’Arabie Saoudite.

Américains et Saoudiens s’étant mis d’accord que l’ennemi régional est iranien, ne restait plus qu’à intégrer l’État d’Israël dans l’élaboration d’une nouvelle stratégie israélo-saoudienne.

« Cette nouvelle stratégie constitue un grand changement , ”un tsunami en matière de politique américaine”, affirme un consultant, proche d’Israël. »

Toujours d’après les sources du journaliste Seymour Hersh, quatre axes principaux furent ainsi définis :

«Premier axe : Israël serait assurée de la primauté de sa sécurité. Washington, l’Arabie Saoudite et les autres pays de confessions sunnites gardant un œil vigilant sur la menace iranienne.

Deuxième axe : Les Saoudiens feraient pression sur le Hamas, parti islamiste palestinien ayant reçu le soutien de l’Iran, pour qu’il réduise le nombre d’agressions contre Israël et qu’il entame des négociations sur le partage du pouvoir avec le Fath.

Troisième axe : L’administration Bush veillerait avec l’appui direct des Etats sunnites à contrecarrer l’hégémonie chiite dans la région.

Quatrième axe : le gouvernement saoudien, avec l’approbation de Washington, fournirait une aide financière et  logistique dans le but d’affaiblir le gouvernement du Président Bachar El-Assad. » 

Concernant l’axe N°1, sa primauté n’a rien de surprenant puisque qu’il est l’invariant de la politique internationale des puissances occidentales. Quant à l’axe N°2, la pression exercées par les Royaumes wahhabites sur le Hamas s’est manifestée par la prise de position anti-syrienne de l’un de ses dirigeants Khaled Mechaal, après s’être réfugié à Doha puis par le timide rapprochement entre l’Autorité Palestinienne et la direction du Hamas. Ce rapprochement demeure pour le moment inopérant à cause des divergences politiques au sein du Hamas.

Enfin, la mise en pratique du troisième et quatrième axe, sa réalisation est en cours en Irak et en Syrie sous la forme d’un tsunami géopolitique. Un tsunami où Jordanie,  Monarchies wahhabites,  Turquie œuvrent telles des ”docteurs Frankenstein” avec l’aide et la bénédiction de l’Axe du bien dont Israël est une composante essentielle. Projetant ainsi le Proche-Orient  «dans un clair obscur » où  « surgissent les monstres.»  entre « l’ancien qui se meurt  et le nouveau qui ne parvient pas à voir le jour ».

Cependant dans ce « clair obscur », un pays concerné par les géostratéges israélien, saoudien et américain manque à l’appel.

En effet, dans ce tsunami, si on fait abstraction de la position claire de la Coalition du 8 mars, Hezbollah, et Courant patriotique libre(CPL) de Michel Aoun, le rôle du gouvernement libanais et de l’alliance du 14 mars dont le Courant du futur de Saad Hariri, est mal défini, voire, à première vue  incompréhensible. Certes,  le Liban semble  vivre globalement dans un climat politique apaisé.  Et à entendre les dirigeants du Courant du futur d’obédience sunnite ce calme est dû à la  ”neutralité politique” bien réfléchie du gouvernement.

Mais dans un avenir proche, cette ”neutralité politique” mettra t-elle réellement la patrie de la diva Fayrouz à l’abri de la tempête moyen-orientale? Rien n’est moins sûr !

… Et en ligne de mire le Liban

Tout d’abord, il faut rappeler que le gouvernement libanais gouverne sans Président. Un blocage institutionnel qui empêche toute décision politique à la hauteur des dangers internes et externes qui menacent l’unité du Liban. Un blocage dont Michel Aoun est  la cause, en tant que candidat à la présidence prônant une sortie de cette ”neutralité”.

Toujours est-il, quelques rappels mettent en doute la pérennité de ce ”calme politique” et dévoilent les dessous stratégiques de cette ”neutralité”.

Un haut responsable du gouvernement Siniora (19 juillet 2005 – 9 novembre 2009) a reconnu que les membres de ce dernier sont «  très tolérants vis à vis d’El Kaïda au Liban »

Et pour expliquer les raisons de cette tolérance, il ajoute «la crainte de voir l’Iran ou la Syrie transformer le Liban en un théâtre de conflit».

Aujourd’hui, la Syrie est à feu et à sang et son gouvernement n’a ni moyens ni intérêt d’exporter  le conflit au Liban. Quant à l’Iran, ses forces armées et politiques ont d’autres chats à fouetter que de créer des problèmes politiques aux libanais et donc au Hezbollah. Si on admet ces données on peut en conclure que du côté syrien et iranien, le Liban n’ a rien à craindre. Ce qui nous amène à s’interroger sur l’utilité politique des groupe radicaux sunnites du Nord du Liban, de la vallée de la Bekka et des camps de réfugiés palestiniens du Sud Liban. Et on sait que ces groupes, aidés militairement et financièrement par la CIA et l’Arabie saoudite «sont liés idéologiquement  à Al-Qaïda et servent de Tampon face au Hezbollah ».

Notamment dans le Jurd de Ersal où l’armée libanaise joue plus le rôle d’une police assurant la sécurité comme le lui recommande le gouvernement que celui d’une force armée garantissant l’intégrité territoriale comme le demande la Coalition du 8 mars.

En prenant en compte toutes ces données et sachant que le Hezbollah demeure une des composantes importantes de l’Axe Téhéran- Bagdad-Damas, l’hypothèse qu’il soit la cible d’une attaque de grande ampleur  n’est pas à exclure.

Cette hypothèse induit deux inconnues: les prétextes d’une telle intervention au Liban et la date.

Soucieuses de ”légalité internationale” et considérant que toute solution politique au Moyen-Orient passe la démilitarisation du Hezbollah, il est probable que les puissances occidentales brandiront  la résolution N° 1680 du Conseil de sécurité (2006 ).  A n’en pas douter, les Monarchies du Golfe et la Turquie emboîteront le pas et fermeront les yeux …Sur une intervention israélienne.

Dans tous les cas, l’État d’Israël attend ce moment.

Quant aux Front El Nosra aux portes du Liban et les cellules dormantes affiliées à Al-Qaïda à l’intérieur du Liban, tout indique qu’elles joueront le rôle de forces collaborationnistes comme le firent  les milices phalangistes en 1982.


- Source : Mohamed El Bachir

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