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Dimanche, 19 Mai 2024

Qui veut embraser l’Amérique ?

Auteur : Avic – Réseau International | Editeur : Walt | Samedi, 02 Mai 2015 - 17h19

Qui, dans le monde, ignore que la structure sociale des Etats-Unis est basée sur un racisme originel ? S’étant construits sur des bases communautaires et ségrégationnistes, les Etats-Unis sont un patchwork de microsociétés cohabitant, tant bien que mal, se haïssant et se méfiant les unes des autres.

Les blancs dits « caucasiens » n’aiment pas les latinos et les noirs, les noirs n’aiment pas les blancs et les latinos qui, eux-mêmes n’aiment ni les blancs, ni les noirs. Ne parlons même pas des natifs, des asiatiques, des moyen-orientaux, etc. Et tout ce monde réuni n’aime pas les démunis qui, eux-mêmes, honnissent les nantis. Un pays de haine et de méfiance permanente.

Le racisme aux Etats-Unis ne date pas d’aujourd’hui, mais cela n’a pas empêché ce pays de se doter d’un président noir, ce qui serait impensable en Europe où pourtant, pour certains pays, la population bronzée est assez conséquente. Il est encore loin le jour où un français des Antilles logera à l’Elysée.

La soudaineté des violences racistes dans un pays quotidiennement raciste ne peut que susciter quelques interrogations. Nous savons qu’aux Etats-Unis, la violence policière est quotidienne. Elle est dirigée contre presque tout le monde. Il suffit de se rappeler les images de Dominique Strauss Khan, menottes aux poignets, encadré d’agents du FBI comme un vulgaire dealer de quartier. Indiens, latinos, noirs ou blancs, les délinquants, petits ou grands, se font régulièrement descendre par une police qui a appris à dégainer d’abord et discuter ensuite. L’appareil judiciaire lui-même est d’une violence inouïe. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir le nombre record de citoyens américains incarcérés dans les prisons du pays, ou de porter attention à la liste d’attente des futures exécutions capitales. Tout cela tend à confirmer que les Etats-Unis sont un pays violent, avec une violence principalement dirigée contre les plus démunis. Ce que nous savions déjà.

Alors, pourquoi cette nouvelle flambée de violence qui semble essentiellement dirigée contre la population noire ? Ou, plus exactement, pourquoi cette médiatisation soudaine de ce qui se passait au quotidien ? Il y a comme une tentative de faire percevoir la violence interne à la société américaine comme un affrontement entre blancs et noirs. Toutes les bavures policières de ces derniers mois tendent à mettre en avant la couleur noire des victimes. Cependant, dans le cas de Baltimore, il y a quelque chose qui cloche. Voici une ville dont le maire est noir, le chef de la police est également noir, avec une police composée de beaucoup d’agents noirs, et cette police serait devenue subitement raciste anti-noirs ? D’où proviendrait cette haine de la part des autorités ou des forces de l’ordre ? Que les policiers, pris individuellement, puissent être racistes selon le schéma décrit plus haut, c’est très possible et même probable. Mais comment expliquer que ces policiers puissent être couverts par une hiérarchie qui pourrait elle-même être animée d’un racisme inverse ?

Depuis les évènements de Fergusson, plusieurs cas « d’exécutions sommaires » de noirs par la police ont fleuri sur le Net. Certaines de ces exécutions semblent avoir été montées de toute pièce, comme si l’on voulait entretenir la flamme des émeutes de Fergusson. Mais les vraies bavures ne manquant pas, ces vidéos n’ont pas eu l’impact attendu. La société américaine, malgré sa violence, est l’une des plus apathiques au monde. Pour la soulever à l’échelle de l’immense pays que sont les Etats-Unis, gouverné de manière totalement décentralisée, il faut beaucoup plus que des tweets et quelques morts de plus. Dans l’Histoire récente du pays, les seuls évènements qui ont mobilisé des foules sous forme d’émeutes, avec quelques chances de dégénérer, ont été des protestations raciales. Les autres sujets de mobilisation ne fonctionnent pas. On se souvient de « Occupy Wall Street », avec sa tentative de mobiliser la population étatsunienne contre les ultra riches autour du slogan « les 99% contre les 1% ». Ça avait été un flop. Le gouvernement fédéral, quant à lui, est inattaquable. Tout le monde fait semblant de croire que le Président des Etats-Unis détient les rênes du pays, mais tous savent que le pouvoir est ailleurs. Il reste donc les tensions raciales. Quiconque, de l’intérieur ou de l’extérieur, voudrait allumer un incendie aux Etats-Unis, commencerait par là. Les évènements de Baltimore, avec, au début, des manifestants certes indignés mais pacifiques, ont dégénéré tout d’un coup avec l’arrivée massive de vandales et de casseurs sortis de nulle part, rappelant étrangement des scénarios vus ailleurs lors de révolutions factices.

Si incendiaires il y a, alors attendons-nous à des tueries à grande échelle, simultanément dans plusieurs états, seul moyen de faire bouger ce peuple individualiste, trop longtemps muselé.


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