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Comment manipule-t-on des jihadistes ? Qui le fait ?

Auteur : Réseau Voltaire | Editeur : Stanislas | Mercredi, 26 Nov. 2014 - 23h45

Alors que la France et le Royaume-Uni découvrent avec horreur que des personnes normales peuvent être subitement transformées en égorgeurs, Thierry Meyssan revient sur ce phénomène qu’il n’a cessé de dénoncer depuis 13 ans : certains jihadistes ne sont ni des takfiristes, ni des mercenaires, mais ont été conditionnés pour devenir des assassins.

s dirigeants européens semblent soudain pris d’effroi à la découverte du nombre de jihadiste qu’ils ont produits dans leur propre pays et à la vue des crimes qu’ils commettent. Cependant, au Royaume-Uni et en France, des voix s’élèvent pour comprendre comment des personnes appréciées par leur entourage ont pu, parfois subitement, partir en Syrie ou en Irak et s’y muer en égorgeurs. Ils parlent de « manipulations mentales », sans aller toutefois au bout de leur raisonnement : car si les jihadistes européens actuels ont pu être manipulés, alors certains autres jihadistes, au cours des 13 dernières années l’ont peut-être été également et nous devons réviser toutes nos certitudes sur ce qui a précédé.

Avant de revenir sur cette question qui modifie profondément l’appréhension que les Européens ont pu avoir de la « guerre au terrorisme », je voudrais revenir sur l’hypocrisie des leaders européens qui feignent de découvrir aujourd’hui des crimes qu’ils ont longtemps consciemment soutenus et financés.

Le soutien de François Hollande aux décapitations

On ne peut comprendre l’inefficacité des dirigeants européens face à l’enrôlement de terroristes parmi leurs concitoyens sans s’interroger sur leurs responsabilités personnelles.

Les décapitations ne sont pas un phénomène nouveau. Elles sont au contraire une pratique qui a débuté occasionnellement en Irak, en 2003, durant l’occupation états-unienne, et s’est répandue à l’occasion des guerres contre la Jamahiriya arabe libyenne et contre la République arabe syrienne.

Le « Printemps arabe » libyen a débuté par une manifestation à Benghazi le soir du 16 février 2011 et, en même temps, de manière coordonnée, par l’attaque des casernes Hussein Al-Jwaifi et Shahaat, et de la base aérienne Al-Abrag par des membres du Groupe islamique combattant en Libye (GICL), c’est-à-dire d’Al-Qaïda en Libye. Au matin du 17 février, les jihadistes ont attaqué des casernes à Zawiya et Misruta, et des hôtels de police à Zwara, Sabratha, Ajdabiya, Derna et Zentan. Dans plusieurs cas, il est attesté que les émeutiers ont pendu des soldats et qu’ils en ont décapités.

Le « Printemps arabe » syrien a débuté, quant à lui, à Deraa. À l’issue de la prière du vendredi, une quinzaine de personnes a déployé des banderoles contre l’état de siège et contre la République. Immédiatement après, des jihadistes ont attaqué un bâtiment des renseignements militaires, situé à l’extérieur de la ville, servant à la surveillance du Golan occupé par Israël [1]. Pris par surprise, les militaires ont essuyé de lourdes pertes et au moins l’un d’entre eux a été décapité.

Cependant, loin de dénoncer ces décapitations, les membres de l’Alliance atlantique ont applaudi les jihadistes et dénoncé les États qu’ils attaquaient. Par la suite, les décapitations sont devenues un moyen d’inspirer la terreur. Elles se sont généralisées d’abord en Libye puis, après la chute de la Jamahiriya et le transfert des jihadistes du GICL en Syrie, dans ce second pays. Au demeurant, les décapitations ne sont pas le seul moyen. Les jihadistes ont également l’habitude de démembrer des corps et de jeter les morceaux sur des places publiques.

Lorsque, en février 2012, les chaînes de télévision atlantistes et du Golfe prétendaient que l’Armée arabe syrienne bombardait l’Émirat islamique de Baba Amr et que celui-ci résistait comme un nouveau Stalingrad, elles se gardaient bien d’expliquer ce qu’était cet « Émirat ». Il n’avait rien à envier à Daesh. Un tribunal islamique y condamnait à mort les sunnites accusés de soutenir la République et les mécréants, c’est-à-dire les personnes non-sunnites (alaouites, chiites, chrétiens). Ainsi que l’a attesté Der Spiegel, plus de 150 Syriens y furent égorgés en public [2]. Le tout sous les applaudissements d’Abou Saleh, journaliste de France24 et d’Al-Jazeera.

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- Source : Réseau Voltaire

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