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11 millions de fausses factures : les boucs émissaires se rebiffent !

Auteur : Gabrielle Cluzel | Editeur : Walt | Mardi, 03 Juin 2014 - 12h19

La police a perquisitionné chez Bygmalion et a trouvé une double comptabilité afférente à la campagne présidentielle de 2012. La vraie et la fausse, l’officieuse et l’officielle.

Selon Le Journal du Dimanche, la police aurait ainsi entre les mains de quoi reconstituer avec exactitude le coût des 42 meetings de campagne de Sarkozy en 2012, et démontrer que 11 millions environ ont été facturés abusivement à l’UMP.

11 millions ! C’est que le système s’est emballé, sans qu’on ne prenne garde aux signaux d’alerte. « Il fallait souvent le top, donc le plus cher. Une loge présidentielle impeccable pour le candidat, une salle de presse énorme et du matériel technique toujours très haut de gamme », témoigne un cadre de Bygmalion. Une campagne à l’américaine, en somme. « Bygmalion », cela sonne comme un mot-valise : la fusion de « Pygmalion » et de « bling-bling ». Pour promouvoir le candidat-président Sarkozy, on ne lésinait pas sur les moyens.

Et une simple perquisition a suffi pour trouver la preuve. Comme des antisèches qu’un candidat au bac aurait laissé dans sa copie sans plus s’en inquiéter. Comme un cadavre qu’un assassin n’aurait pas seulement pris la peine de pousser dans le placard avant qu’on ne sonne à la porte. « Bygmalion », cela ressemble aussi à « Bieds-nickelés ».

À moins qu’au fait – et la rigueur comptable avec laquelle ces factures parallèles ont été faites peut le laisser supposer – on n’ait pas vu le problème. Infiniment plus grave, et révélateur du climat qui règne dans un certain secteur tertiaire en France : les notions de bien et de mal refluant partout, y compris dans les « upper class », la magouille est assimilée à du système D, la roublardise à une intelligence de situation, les petits arrangements entre amis à du savoir-faire. On est si souvent « borderline », que l’on franchit le pas pour passer de l’autre côté sans vraiment s’en rendre compte. Ni penser, de ce fait, à cacher son forfait.

La seule morale qui compte est celle du pas vu, pas pris, comme l’exprime avec une splendide candeur le cadre de Bygmalion ci-dessus cité : « Nous avons compris lundi, quand Jean-François Copé a déclaré qu’il allait déposer plainte, qu’on avait intérêt à jouer franc-jeu avec la justice. » Car sans cela, ils auraient donc tenté de la flouer ?

« Bygmalion », cela commence comme « bouc émissaire ». Mais, merci bien, cela ne veut pas finir de la même façon. L’abnégation a ses limites. Les preuves indubitables ayant été apportées, il est probable que les fusibles se rebiffent et commencent à balancer. Un à un, de proche en proche, échelon après échelon. Et pour celui qui a été le prince de cette fête dispendieuse et pour lequel rien n’a été trop beau, continuer de rester dans les limbes, très loin au-dessus des contingences matérielles dont le petit personnel n’aurait pas cru bon de le tenir informé, va finir par devenir très très compliqué.

Par une implacable justice immanente, il risque d’être puni, comme le dit le dicton, par où il a péché. Son règne a commencé au Fouquet’s… un parrainage qui lui a peut-être porté la poisse. Son Vaux-le-Vicomte se révèle être sa campagne présidentielle. La dernière fois qu’il a brillé de mille feux avant la disgrâce.


- Source : Gabrielle Cluzel

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