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Dumas à Sana: Les élections en Syrie sont une bonne chose et la position de la France à ce sujet est ridicule

Auteur : L.A. | Editeur : Walt | Mardi, 27 Mai 2014 - 21h02

L'ancien ministre français des affaires étrangères, Roland Dumas a critiqué vivement la position préalable de la France envers les élections présidentielles en Syrie.

"Je ne suis pas surpris de cette position car je sais, je vois, je constate que depuis quelques mois la position de la France est ridicule dans cette histoire. Elle est ridicule parce qu'elle prend partie  pourun camp et elle entre dans une controverse dont elle n'a pas à se mêler", a dit Dumas dans une interview exclusive avec l'agence Arabe Syrienne d'Informations / SANA/.

Dumas de poursuivre: "Je vous rappellerai que ces choses se sont malheureusement aggravé et que la France a pris des positionnements inadmissibles. Je me souviens quand le ministre des affaires étrangères de la république française un jour a dit à la télévision « le président des Etats-Unis doit s'en aller ». C'est un bel exemple du ridicule dont je parle, à l'état pur".

Questionné sur la présidentielle syrienne, Dumas l'a considéré comme une bonne chose.

" Les élections présidentielles sont une bonne chose. De toutes façons, il fallait faire à un moment donné des élections car la solution militaire ne suffit pas, il faut donner la parole au peuple. J'ai le sentiment qu'actuellement le gouvernement syrien qui a été obligé de se battre pour défendre ses institutions est en train de regagner du terrain et qu'on aura probablement des surprises dans les semaines qui viennent. Et donc ces élections seront certes critiquées mais c'est une bonne chose à un moment où il est convenable d'avoir une consultation du peuple syrien", a-t-il dit.

Abordant la décision du gouvernement français d'interdire les citoyens Syriens résidents en France d'exercer leur droit de vote pour les élections présidentielles en Syrie le 28 du mois, il l'a considérée comme une décision essentiellement politique et du fait qu'elle soit politique elle entre dans le contexte de la région et dans le contexte des relations actuelles entre la Syrie et l'Occident.

"Donc, je la trouve tout à fait critiquable pour deux raisons, la première raison, c'est sur le plan politique, c'est inadmissible qu'on prenne une mesure internationalement admise depuis toujours et qu'on la change. C'est un usage qui se fait partout, voter dans ses ambassades, et si demain cela devait se généraliser, il suffirait d'introduire la notion d'interdiction dès qu'il y a un conflit entre 2 pays. On changerait alors l'ordre des choses pour satisfaire les volontés de certains Etats. Donc sur le plan politique c'est inadmissible", a jugé Dumas.

Dumas d'ajouter: "Et en même temps, du point de vue de l'éthique générale dans le monde, c'est une ingérence inadmissible dans les affaires intérieures de la Syrie. Au nom de quoi la France peut-elle se permettre d'intervenir et dire nous refusons de faire voter les citoyens syriens comme c'est l'usage dans tous les pays civilisés du monde ?"

"La deuxième position que je voudrais exprimer c'est que sur le plan juridique c'est très critiquable, parce que ce sont des règles internationales, ce sont des choses admises par des traités. Peut-on considérer cette décision du gouvernement français comme une violation du droit international ? C'est une violation du droit international mais plus que ça, c'est une violation des usages en matières internationale ce qui est consacré depuis très longtemps", a-t-il indiqué.

Il a poursuivi: "Cela a toujours existé. Ce n'est pas parce qu'il y a un incident entre deux pays qu'on va modifier une règle pour les besoins de la cause. Sinon demain cela voudrait dire que dans grand nombre de pays qui sont en conflit dans le monde ou qui ont des conflits intérieurs, on remettra en question tout l'ordre établie".

Répondant à une autre question sur le paradoxe entre les valeurs du peuple français et les mesures actuelle du gouvernement français qui empêchent les syriens de choisir leur président, Dumas a dit: "Je partage ce point de vue, je l'ai expliqué sur le plan du droit et des règles de droit international et sur le plan du droit interne français, c'est une décision tout à fait regrettable et à mon avis qui peut générer d'autres abus. En même temps c'est contraire à tout ce que représente la politique internationale de la France qui est quand même la France de la révolution de 1789, la France du suffrage universel, du droit des peuples… Et donc cette mesure qui prend partie pour un clan contre un autre est tout à fait mal venue et pas conforme aux droits et aux usages".

Abordant le rôle des médias français dans ce qui se passe en Syrie, Il a affirmé que les médias sont très responsables de la déformation des faits. Si vous regardez les journaux français et la presse télévisée française, les nouvelles qui viennent de Syrie sont toujours les mêmes images qui passent en chaine, qui sont renouvelées des centaines de fois et des milliers de fois ! "J'ai eu la curiosité de suivre tout ce qui concerne la Syrie et je les ai bien vu sur nos antennes. C'est donc tout à fait regrettable que les moyens mis à la disposition d'un pays ou d'un gouvernement pour l'information «soit disant objective » soient traduits de cette façon qui est une répétition systématique de faits déformés", a –t-il précisé.

Questionné sur les craintes de l'Europe du retour de djihadistes européens dans leurs pays, Dumas a souligné qu'il est évident que ces gens qui vont et viennent et qui sont pris en main par des organisations peuvent créer des troubles. "C'est un problème de sécurité et je trouve que le gouvernement français s'y prend très mal. Vous avez vu l'histoire qui s'est passée ces jours derniers avec le départ de la sœur de Merrah qui était là et soit disant surveillée mais qui a pu partir en Syrie sans qu'on s'en aperçoive alors je me dis qu'après tout il y a aussi de la propagande derrière parce que si vraiment les choses étaient contrôlées comme on le prétend, les choses ne se produiraient pas de cette façon…".

Il a, enfin, exprimé sa grande admiration pour le peuple syrien. "J'ai rencontré à plusieurs reprises les représentants de l'Etat syrien, l'ancien président qui m'avait reçu pendant plusieurs jours et le président actuel qui a eu la gentillesse de me convier lorsque il est venu en voyage officiel à Paris. J'ai donc une grande amitié pour tout le peuple syrien. Je lui souhaite qu'il retrouve rapidement la paix parce que ce n'est pas un avenir de faire la guerre. En même temps, j'envoie mes vœux de paix au peuple syrien et je reconnais le courage qu'il a eu et le courage qu'a son gouvernement. Mais plus tôt la guerre s'arrêtera et mieux ce sera.

 


- Source : L.A.

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