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Mardi, 19 Mars 2024

Volodymyr Zelensky, un « héros de guerre » à la réputation de plus en plus décriée

Auteur : FranceSoir | Editeur : Walt | Samedi, 13 Août 2022 - 16h10

Les Occidentaux pourraient-ils s’être lassés du héros de guerre Volodymyr Zelensky ? En tout cas, depuis deux semaines, les critiques fusent, comme l’a rapporté le 9 août un article du Parisien. Plusieurs causes à l’origine de ce revirement : d’abord, la séance photo du couple Zelensky sur Vogue « au cinquième mois de la guerre ». Ensuite, les extraits de la biographie publiés dans un journal allemand à propos des sociétés offshore du président. Enfin, le très récent rapport d’Amnesty International rapportant que les tactiques de combat utilisées par l’armée ukrainienne mettent les civils en danger.

Les clichés Vogue et les Pandora papers

Depuis le début de la guerre, le chef de l’État ukrainien est dépeint comme un héros. Mais ces derniers jours, une lassitude occidentale s’est pourtant fait ressentir. « L’humeur a un peu changé. Après plusieurs mois de guerre avec une unanimité pro-Ukraine, on a pu voir une sorte de revirement lié aux grands enjeux économiques », a indiqué au Parisien Régis Genté, journaliste et auteur de l’ouvrage « Volodymyr Zelensky : dans la tête d’un héros ».

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce basculement. Le 26 juillet, Volodymyr Zelensky et sa compagne Zelenska ont réalisé plusieurs clichés pour le célèbre magazine Vogue. Des photos qui ont entraîné de vives réactions d’indignation sur les réseaux sociaux. « De nombreux soldats ukrainiens meurent chaque jour ; Zelensky : faisons un shooting pour Vogue », ironisait par exemple un compte Twitter anonyme, tandis qu’un autre commentait, dans la même veine : « Zelensky et sa femme font des séances photos et s’épanchent sur leur amour dans Vogue pendant que les soldats ukrainiens sont envoyés au front pour sauver ce qui peut l’être ».

 

Pour autant, Régis Genté estime que la raison de ce moment « glamour » consistait en réalité à atteindre un nouveau public en vue de le sensibiliser à la cause ukrainienne : « Peut-être que ce n’était pas le moment de le faire, mais l’essentiel, pour les petits pays comme l’Ukraine, c’est de communiquer pour ne pas être oublié. Zelensky utilise tous les moyens pour parler aux peuples et aux élites des pays qui peuvent secourir le sien », note-t-il. 

Mais le shooting de Vogue est loin de constituer le seul élément à avoir considérablement écorné l’image du président ukrainien. Le 3 août, le journal conservateur allemand Die Welt a dévoilé en exclusivité plusieurs extraits de la biographie de Steven Derix sur le chef d’État, qui évoque les allégations de corruption industrielle portées contre lui. « Ces informations ne sont pas des révélations », comme l’explique Le Parisien : il s’agit de l’affaire des Pandora Papers, une enquête journalistique publiée en octobre 2021 dans laquelle des chefs de gouvernement sont mis en cause pour évasion fiscale. Des informations qui ont de nouveau provoqué la colère des internautes envers Zelensky. C’est dans doute pour cela qu’un film sur cette affaire, Offshore 95, avait été interdit à Kiev l’année dernière…

Les révélations d’Amnesty International et CBS News qui font polémique

Un jour après, c’est un rapport explosif d’Amnesty International dénonçant les actions militaires ukrainiennes en viol du droit humanitaire international, qui vient enfoncer le clou.

Aux États-Unis, une partie de la gauche américaine s’est jointe aux cris d’orfraie poussés par le gouvernement ukrainien en dénonçant « l’irresponsabilité » de l’ONG, à l’instar du Washington Post, qui fustige la « logique erronée de l’équivalence morale profondément enracinée » d’Amnesty International, faisant référence à la Russie. Après la polémique, l’ONG a néanmoins tenu à défendre ses positions. Elle a répondu que « l’indépendance, l’impartialité, la collecte de preuves sont les principes fondateurs de notre travail d’enquête. L’objectif principal de notre travail, c’est d’établir les faits. Et le droit international humanitaire s’applique à toutes les parties à un conflit armé ».

Le jour suivant, le 5 août, c’est au tour de la chaîne américaine CBS News de faire des révélations fracassantes, par le biais d’un film documentaire Arming Ukraine (Armer l’Ukraine). Celui-ci révèle que 70 % des armes américaines envoyées à l’Ukraine n’arrivaient pas à destination… Mais, après la colère de responsables ukrainiens, le média a ensuite rétropédalé, affirmant que « la livraison s’est considérablement améliorée depuis le tournage avec CBS à la fin avril », peut-on lire dans une note de la rédaction.

Pour Arnaud Mercier, professeur en communication à l’université Paris-Panthéon-Assas, nous sommes entrés « dans un cycle très connu ». Selon lui, « après l’emballement médiatique, vient la banalisation ». Puis la lassitude : « l’un des grands dangers pour l’Ukraine », puisqu’elle peut se traduire par une montée de la défiance à l’égard de Zelensky, estime-t-il. Nous y sommes.

 

Alors que CBS sous la pression de l’Ukraine a dû retirer une émission relatant que 70% des armes envoyées à l’Ukraine se retrouvaient en vente sur le Net, voilà que les drones kamikazes américains Switchblade sont déjà vendus sur le Darknet. Le prix du drone est de 4 000 dollars ! Devinez qui va les acheter ?

***

Un rapport d’Amnesty International révèle les violations du droit international par l’Ukraine et l’utilisation délibérée de civils comme boucliers humains

L’organisation de défense des droits humains Amnesty International a publié jeudi un rapport montrant que « les forces ukrainiennes ont mis des civils en danger en établissant des bases et en faisant fonctionner des systèmes d’armes dans des zones résidentielles peuplées, y compris dans des écoles et des hôpitaux ».

Les conclusions d’Amnesty International corroborent un rapport antérieur des Nations Unies (article en anglais) qui a également fourni des preuves que l’armée ukrainienne a utilisé des civils comme boucliers humains dans le conflit. Ces deux rapports récents viennent s’ajouter à une vaste documentation sur les crimes de guerre commis par l’armée ukrainienne et ses forces paramilitaires néo-fascistes, en particulier contre les prisonniers de guerre russes (article en anglais).

Le rapport d’Amnesty International, rédigé dans un langage circonspect, est une révélation accablante du caractère criminel de la guerre impérialiste par procuration en Ukraine, dans laquelle la population civile n’est qu’un pion pour les puissances impérialistes et leurs laquais de l’oligarchie et de l’armée ukrainiennes.

Comme l’a dit un habitant de la ville de Bakhmut à Amnesty International :

« Nous n’avons pas notre mot à dire sur ce que fait l’armée, mais nous en payons le prix. »

Le rapport a été compilé par des chercheurs enquêtant sur les frappes russes dans les régions de Kharkiv, du Donbass et de Mykolaïv, entre avril et juillet. Pour reprendre les mots de la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard,

« Nous avons documenté un modèle des forces ukrainiennes de mettre en danger les civils et de violer les lois de la guerre lorsqu’elles opèrent dans des zones peuplées ».

Ce modèle inclut l’utilisation des hôpitaux comme bases militaires de fait – une violation flagrante du droit international – ce qu’Amnesty International a confirmé pour cinq endroits. Selon le rapport,

« dans deux villes, des dizaines de soldats se reposaient, se promenaient et prenaient leurs repas dans les hôpitaux. Dans une autre ville, des soldats tiraient à proximité de l’hôpital ».

Le rapport a encore révélé que l’armée ukrainienne avait « régulièrement installé des bases dans les écoles des villes et villages du Donbass et de la région de Mykolaïv ». Bien que pas entièrement interdite par le droit international, l’utilisation d’écoles et d’immeubles d’habitation par l’armée n’est considérée légitime que lorsque celle-ci n’a pas d’autre choix. En outre, elle est tenue de faire tout ce qui est en son pouvoir pour minimiser les pertes civiles, notamment par des évacuations et des avertissements efficaces en cas d’attaques susceptibles de mettre en danger les civils.

Les enquêteurs ont trouvé des preuves que les forces ukrainiennes avaient lancé « des frappes à partir de zones résidentielles peuplées et mis leurs bases dans des bâtiments civils » qui étaient, dans la plupart des cas documentés, à des kilomètres des lignes de front réelles. Selon Amnesty, il existait « des alternatives viables […] ne mettant pas en danger les civils ». De plus, l’organisation n’avait «pas observé » que les forces armées aient demandé aux civils d’évacuer les bâtiments voisins ou aidé à le faire, ce qui constitue un manquement à prendre toutes les précautions possibles pour protéger les civils.

Le rapport note :

« Dans 22 des 29 écoles visitées, les enquêteurs d’Amnesty International ont soit trouvé des soldats utilisant les locaux, soit trouvé des preuves d’activités militaires actuelles ou antérieures, notamment la présence de treillis militaires, de munitions jetées, de rations militaires et de véhicules militaires ».

Le rapport dit encore :

« Dans une ville à l’est d’Odessa, Amnesty International a été témoin d’un modèle général de soldats ukrainiens utilisant des zones civiles pour se loger et comme zones de rassemblement, notamment en plaçant des véhicules blindés sous des arbres dans des quartiers uniquement d’habitation et se servant de deux écoles situées dans des zones densément peuplées. Les frappes russes près des écoles ont tué et blessé plusieurs civils entre avril et fin juin, dont un enfant et une femme âgée, tués lors d’une attaque à la roquette contre leur domicile le 28 juin ».

La réponse du gouvernement ukrainien à ce rapport a été carrément hystérique. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky l’a dénoncé dans un discours à la nation, affirmant qu’il transformait la « victime » en « agresseur ». Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba , a fulminé sur Twitter que le rapport « déforme la réalité, établit une fausse équivalence morale entre l’agresseur et la victime et renforce les efforts de désinformation de la Russie ».

En réalité, Amnesty International a dénoncé l’invasion de l’Ukraine par la Russie dans le rapport, mais a insisté sur le fait que cela « ne dispense pas l’armée ukrainienne de respecter le droit international humanitaire ». Le rapport souligne également que les violations du droit international par l’armée ukrainienne « ne justifient en aucun cas les attaques aveugles de la Russie ».

Il convient également de noter que l’écrasante majorité des rapports d’Amnesty International sur la guerre jusqu’à présent se sont concentrés presque exclusivement sur les crimes de guerre commis par la Russie, et qu’elle n’est en aucun cas un observateur impartial. Plus notoirement, elle a rétabli le statut de « prisonnier d’opinion » pour le critique anti-Poutine russe de droite Alexei Navalny (article en anglais), un raciste déclaré, après avoir subi d’intenses pressions politiques l’année dernière.

Il est significatif que le bureau ukrainien de l’organisation s’est opposé avec véhémence à la publication du rapport. Sa responsable, Oksana Pokalchuk, a déclaré : « Nous avons tout fait pour empêcher que ce rapport ne soit rendu public ».

Le fait qu’Amnesty International ait fini par le publier malgré de sérieuses divisions internes et d’immenses pressions politiques indique que la situation réelle sur le terrain en Ukraine est, en fait, bien plus inquiétante que ce que ce rapport suggère. Il faut encore noter que le magazine d’information allemand Der Spiegel, qui a joué un rôle de premier plan dans la propagande de guerre contre la Russie en Europe, a admis dans un reportage vendredi, plutôt à contrecœur, que ses propres journalistes avaient tiré des conclusions similaires à celles d’Amnesty International et que la conduite de l’armée ukrainienne « soulève des questions légitimes ».

La réponse hystérique du gouvernement ukrainien montre une extrême nervosité de la part de l’oligarchie ukrainienne et de ses partisans impérialistes quant aux implications politiques du rapport. Les témoignages apportés par des civils ukrainiens indiquent qu’il existe une colère considérable à propos de la conduite militaire du pays et une opposition populaire croissante à la guerre en Ukraine même.

Mais surtout, le rapport met à nu le caractère criminel de la guerre et porte un coup majeur à la propagande de guerre incessante dans les médias.

Jour après jour, la classe ouvrière en Europe et aux États-Unis est bombardée d’informations sur des crimes de guerre russes présumés, tandis que des paramilitaires néo-fascistes comme le bataillon Azov sont salués par l’Associated Press et le New York Times pour leur « bravoure ». Tout l’édifice de cette propagande de guerre impérialiste a été basé sur le mensonge que l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’était en aucun cas provoquée et que toutes les morts et destructions dans cette guerre doivent être entièrement imputées à Moscou.

Pourtant, le rapport d’Amnesty International ne laisse aucun doute sur le fait que, quels que soient les crimes de guerre commis par l’armée russe – et il ne fait aucun doute que de tels crimes ont été commis – un nombre important de victimes civiles de cette guerre, qui s’élève aujourd’hui à plus de 5 000 morts et plus 7 000 blessés, ont été causés par la conduite de l’armée ukrainienne.

De plus, quiconque lit ce rapport doit se poser la question: pourquoi l’armée ukrainienne se comporte-t-elle ainsi ? S’il y avait un tant soit peu de vérité dans l’affirmation que cette guerre vise à défendre la « démocratie » et les « droits » de la population ukrainienne, une telle conduite soit ne se produirait pas, soit elle serait immédiatement condamnée par le gouvernement ukrainien et son état-major.

La réalité est que les États-Unis, qui ont délibérément provoqué cette guerre après avoir dévasté une demi-douzaine de sociétés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et l’oligarchie ukrainienne se moquent bien des millions de vies actuellement détruites et des milliers de personnes tuées dans la guerre contre la Russie.

Dans un rare moment de vérité, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov, a récemment décrit son pays comme un « terrain d’essai » pour les fabricants d’armes occidentaux, qui ont fait d’énormes profits grâce aux dizaines de milliards de dollars en armes que l’OTAN a injectés dans l’armée ukrainienne.

 

Le véritable objectif de la guerre, délibérément provoquée par l’OTAN, est de saigner la Russie à blanc. La stratégie consiste à inonder l’Ukraine de missiles et d’armes de pointe afin de provoquer une défaite militaire avec des pertes horrifiantes dans l’espoir que cela précipiterait une crise intérieure majeure; ce qui pourrait faciliter l’opération de changement de régime menée par les puissances impérialistes.

Du point de vue de Washington et des autres puissances impérialistes, la guerre en Ukraine n’est que le coup d’envoi d’une nouvelle ruée vers le démantèlement de la Russie et de la Chine, dans un nouveau partage du monde. Avec la propagande de guerre anti-russe incessante et la glorification des martyrs prétendument héroïques de l’armée ukrainienne, on veut préparer l’opinion publique mondiale à une guerre bien plus grande qui menace de provoquer une catastrophe nucléaire. Le rapport d’Amnesty International a porté un coup dur à ce sinistre effort de propagande.

Clara Weiss - WSWS

***

Offshore95 : Le film que l’Ukraine n’a pas voulu diffuser

Deux journalistes révèlent dans quelle guerre l’Ukraine se trouvait déjà l’été précédant l’invasion russe. Un scandale en particulier met le président ukrainien à nu.

Le 3 octobre, le film « Offshore 95 » doit être présenté en avant-première au théâtre « Le petit opéra » de Kiev.

Il s’agit d’un documentaire basé sur les Pandora Papers, plus de onze millions de documents de prestataires de services financiers ayant fait l’objet de fuites.

Le réseau international de journalistes d’investigation a commencé à publier le 3 octobre des révélations sur les comptes offshore de centaines de représentants gouvernementaux du monde entier, dont trente-cinq dirigeants politiques.

Dans « Offshore 95 — Les affaires secrètes du président ukrainien », des journalistes d’investigation ukrainiens en rendent compte. Mais la première est annulée à la dernière minute. Le directeur du théâtre a appelé les journalistes quelques heures avant pour leur dire : « Nous ne montrerons pas le film sur le président ».

La source originale de cet article est TV RESISTANCE PATRIOTE


- Source : FranceSoir

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