Salles de shoot: l'État doit-il laisser la société civile soigner les addictions ?
La halte soins addictions (HSA) a été lancée à titre expérimental en 2016. Alors que le lieu est censé fermer ses portes le 31 décembre prochain, les députés ont décidé d’étendre l’expérimentation. David Belliard, le candidat écologiste à la mairie de Paris, espère même que d’autres HSA soient ouvertes dans la capitale. Il a indiqué que l’existence de ce dispositif de santé "a permis d’améliorer les choses" . La capitale illustre un basculement silencieux : celui d’un État impuissant face aux addictions, laissant la société civile et les collectivités locales inventer une politique de santé pragmatique.
Le débat sur les salles de consommation de drogue à moindre risque (HSA), familièrement appelées « salles de shoot », s'intensifie à Paris. L'élu écologiste David Belliard, s'appuyant sur l'expérimentation de la HSA de Lariboisière, propose l'ouverture de six nouveaux dispositifs (deux fixes et quatre mobiles) dans le nord-est de la capitale. Cette initiative, visant à éradiquer la consommation de drogue dans l'espace public, s'inscrit dans une logique de "santé publique" qui, sous couvert d'humanisme, révèle une nouvelle emprise de l'État sur les comportements individuels et les solutions sociales.
Belliard en faveur de la prolongation de la HSA
Depuis 2016, la halte soins addictions (HSA) a ouverte ses portes dans le Xe arrondissement de Paris, à proximité de l’hôpital Lariboisière. Il s’agit d’un dispositif de santé lancé dans un cadre expérimental. Appelée « salle de shoot » par ses détracteurs, la HSA de Lariboisière est définie comme un lieu de consommation de drogues sécurisé. Des professionnels proposent aux usagers qui fréquentent l’établissement des consultations médicales, un soutien social et un parcours de soins.
La HSA de Lariboisière est censée fermer ses portes le 31 décembre 2025, mais les députés ont voté pour l’amendement transpartisan (LIOT, Parti Socialistes et Ecologistes) visant à prolonger ce dispositif de santé samedi dernier, au cours des débats sur le projet de financement de la Sécurité sociale. Le texte de loi a d’ailleurs suscité un avis positif de la part de la ministre de la Santé, Stéphanie Rist.
Candidat écologiste aux élections municipales, David Belliard, l’actuel adjoint à la maire de Paris, soutient également la pérennité de la HSA de Lariboisière. Invité de la matinale de la RMC, il a même exprimé son désir d’ouvrir d’autres salles de shoot dans la capitale dans le but de lutter contre la consommation de drogue dans la rue. « Berlin et Copenhague ont réussi. Alors Paris peut le faire », a déclaré David Belliard.
La dépense publique au service de la "liberté" de consommer
L'argument de M. Belliard visant à faire de Paris une ville comme Berlin ou Copenhague en matière de lutte contre la consommation de rue est séduisant. Cependant, il met en lumière une contradiction juridique et philosophique majeure.
La France maintient une prohibition stricte de la consommation de stupéfiants. En parallèle, elle ouvre des lieux où cette infraction est tolérée, voire organisée, par la puissance publique. C'est une forme d'hypocrisie qui masque le véritable débat : celui de la décriminalisation ou de la légalisation des substances.
En tant que libertariens, nous soutenons que la guerre à la drogue est un échec coûteux et liberticide. Mais l'actuelle solution des HSA n'est qu'un palliatif coûteux qui n'ose pas remettre en cause le principe de l'interdit pénal.
Soit l'État persiste à punir le choix de consommer et doit fermer ces lieux, soit il reconnaît la souveraineté de l'individu sur son corps et décriminalise, laissant alors le champ libre à des solutions de santé et de réduction des risques entièrement portées par le secteur privé et associatif.
Le véritable enjeu dépasse la question des salles de shoot : il s'agit de savoir si l'État acceptera enfin de laisser la société civile développer des solutions concrètes là où sa propre approche a échoué.
- Source : Le Courrier des Stratèges










