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Mardi, 07 Oct. 2025

Négociations à Charm al-Cheikh. Trump feint la divergence avec Netanyahou et le laisse exterminer Gaza. 90% de l’enclave est détruit

Auteur : Al-Manar (LIban) | Editeur : Walt | Mardi, 07 Oct. 2025 - 11h49

Le Hamas et Israël ne sont pas sur la même longueur d’ondes alors que leur délégation ont entamé en Egypte un nouveau round de négociations indirectes axées sur le plan de 20 points du président américain Donald Trump qui concentre ses pressions sur les Palestiniens.

Le Hamas a affirmé sa volonté de parvenir à un accord pour mettre fin à deux ans de guerre à Gaza et de procéder à un échange « immédiat » des captifs israéliens contre des détenus palestiniens avec Israël, avant des négociations indirectes lundi en Egypte entre les deux belligérants.

Près d’une semaine après avoir présenté un plan de paix pour le territoire palestinien ravagé par le génocide lancé par Israël à la suite de l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, Donald Trump a mis la pression sur les négociateurs.

Il les appelés à « avancer rapidement » lors de ces discussions prévues dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, dans le Sinaï (est) qui doivent commencer ce lundi à la veille du deuxième anniversaire de l’attaque.

« On m’a dit que la première phase devrait être achevée cette semaine », a déclaré le président américain, qui a dépêché en Egypte son émissaire Steve Witkoff et son gendre Jared Kushner, faisant état de « discussions très positives (…) ce week-end avec le Hamas et des pays du monde entier (arabes, musulmans et autres) ».

Selon le Wall Street Journal, l’envoi de ces deux hommes est « une preuve du sérieux de Washington dans la recherche d’un accord, malgré les doutes quant aux conditions de la réunion des parties à la même table ».

Le plan américain à la base des négociations prévoit un cessez-le-feu, la libération dans les 72 heures des captifs, le retrait par étapes de l’armée israélienne de Gaza et le désarmement du mouvement de résistance Hamas.

Dans sa réponse, le Hamas n’a pas mentionné la question de son désarmement, un point clé de la proposition, affirmant qu’il entendait participer à toute discussion sur l’avenir de Gaza et insistant sur la nécessité d’un « retrait total israélien ».

Sachant que le plan exclut tout rôle du Hamas « dans la gouvernance de Gaza » et prévoit l’exil de ses combattants.

Trump argue se démarquer de Netanyahu

Samedi, Trump avait assuré que Netanyahu est disposé à cesser les bombardements sur Gaza, tout en cherchant à « savoir le sérieux du Hamas qu’il va détruire totalement s’il décide de se maintenir au pouvoir ».

La veille, lors d’un appel téléphonique, avant qu’il n’exige que ce dernier cesse les bombardements, il aurait exprimé son mécontentement de la négativité de Netanyahu à l’encontre de la réponse du Hamas.

« C’est beau, il y a des progrès », lui aurait-il dit en réagissant à cette réponse. Et Netanyahu de lui répliquer qu’« il n’y a aucune raison de se réjouir et la réponse du Hamas est inutile ».

Ce à quoi Trump lui aurait pesté : « Je ne sais pas pourquoi tu es si stupide, c’est une victoire, prends-la ».

Cet échange a été révélé par des responsables américains pour la chaine 12 israélienne. Cette dernière rapporte à la foi de responsables américains que « les allégations de Netanyahu selon lesquelles tout était coordonné avec Trump sont fausses, et la conversation avec lui a été tendue et tendue ».

« Trump était très en colère face à l’approche négative de Netanyahu, mais ils ont finalement trouvé un accord » a-t-elle ajouté.

Ces fuites médiatiques sont d’autant plus suspectes et leur véracité douteuse que Trump ne cesse de perdre en crédibilité depuis son investiture, tellement ses déclarations sont contradictoires et sournoises. Ses efforts via des sources anonymes de vouloir se montrer en désaccord avec Netanyahu, semble être une tactique bien calculée dans son discours pour donner de faux-semblants et tromper ses interlocuteurs, arabes en particulier, voire même toutes les opinions publiques.

Le Monde : Blair ignore les droits des Palestiniens

Sa désignation de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair dans le soutien aux plans américains pour la bande de Gaza illustrent en revanche ses réelles intentions.

Selon le journal français Le Monde c’est «la proximité de Blair avec Netanyahu qui l’a intégré à la nouvelle équation politique régionale ».

Le journaliste Jean-Pierre Filiu a rappelé que Blair a joué un rôle constant depuis 2003 dans des politiques qui ignorent les droits des Palestiniens, et soutiennent des programmes économiques renforçant le contrôle israélien sur la Cisjordanie au lieu de promouvoir l’indépendance nationale palestinienne.

Filiu a ajouté que l’institut de Blair, qui coopère avec les conseillers de Trump, participe désormais à l’élaboration de nouvelles visions économiques pour la bande de Gaza, poursuivant une approche qui ignore l’essence du conflit : l’absence de justice politique et le droit à l’autodétermination.

Les quatre demandes du Hamas

« Le Hamas est très soucieux de parvenir à un accord pour mettre fin à la guerre et entamer immédiatement le processus d’échange des prisonniers », a dit un responsable du Hamas à l’AFP sous couvert de l’anonymat.

Son négociateur en chef, Khalil Al-Hayya, est arrivé dimanche soir en Egypte à la tête d’une délégation, a annoncé le mouvement de résistance islamiste palestinien, précisant que des discussions allaient débuter sur quatre éléments : « les mécanismes d’un cessez-le-feu, le retrait des forces d’occupation et un échange de prisonniers » ainsi que sur « la date de début de la première phase du plan d’échange de prisonniers du président Trump ».

« Des négociations auront également lieu afin de fixer une date pour une trêve temporaire afin de préparer le terrain pour le lancement du processus d’échange », précise le communiqué.

Les réunions prévues lundi seront les premières auxquelles participe Khalil Al-Hayya depuis qu’Israël l’a pris pour cible, ainsi que d’autres dirigeants du Hamas, lors de frappes sur Doha le mois dernier.

Démenti du Hamas

Dimanche, le cadre du Hamas, Mahmoud Mardawi, a démenti dans un communiqué « les allégations mensongères publiées par plusieurs médias concernant l’avancement des négociations de cessez-le-feu et la position du mouvement sur le désarmement ».

Une source anonyme avait argué pour des médias, que le mouvement aurait commencé à collecter les cadavres des captifs israéliens et accepté de remettre ses armes à un comité palestino-égyptien sous supervision internationale.

Selon Mardawi, ces publications sont sans fondement et visent à déformer la situation et à semer la confusion dans l’opinion publique.

Présence militaire israélienne à long terme

La délégation israélienne s’est elle aussi rendue dimanche à Charm el-Cheikh, selon la porte-parole du gouvernement israélien.

Alors que Netanyahu qui affirme soutenir le plan Trump, a insisté que son armée se maintiendra dans la majeure partie de la bande de Gaza, dont elle contrôle aujourd’hui 75% environ, le président américain a affirmé samedi qu’Israël avait accepté une première « ligne de retrait » à une distance de 1,5 à 3,5 km à l’intérieur du territoire palestinien. Dès que le Hamas l’aura acceptée, un cessez-le-feu « entrera immédiatement en vigueur ».

L’Autorité de radiodiffusion israélienne a révélé que le gouvernement de Netanyahu entend maintenir une présence militaire à long terme dans trois zones stratégiques de la bande de Gaza et de ses environs, même après la mise en œuvre de l’accord d’échange de prisonniers et le retrait progressif de l’armée.

Selon ce media, des responsables israéliens ont informé Washington des détails de ce plan, qui prévoit le maintien de l’armée dans une zone tampon à l’intérieur de la bande de Gaza (dont la profondeur et la superficie n’ont pas été précisées), le corridor Philadelphie, à la frontière avec l’Égypte, et la zone de la colline 70, connue localement sous le nom de « colline d’al-Montar », située à l’est du quartier de Chuja’iyya, dans la ville de Gaza. Cet emplacement stratégique offre une puissance de feu et un contrôle visuel sur de vastes zones du nord de la bande de Gaza, notamment la ville de Gaza et le camp de réfugiés de Jabalia.

Pas de cessez-le-feu mais feu vert de Ben-Gvir et Smotrich

Israël n’a pas respecté la demande exigée par de Trump d’arrêter les bombardements dans l’enclave, après voir reçu la réponse du Hamas. Sans aucune réaction de Trump.

Un communiqué militaire publié dimanche citait le chef d’état-major de l’armée israélienne Eyal Zamir : « Il n’y a pas de cessez-le-feu, mais la situation opérationnelle a changé. L’échelon politique transforme les outils et les acquis obtenus par l’action militaire en gains politiques ».

Il a ajouté : « Si l’effort politique échoue, nous reprendrons le combat. La bataille n’est pas terminée. Nous devons rester vigilants et prêts à combattre à tout moment. » Il a ajouté : « Nous avons d’autres objectifs militaires et, si nécessaire, nous combattrons jusqu’à la défaite politique et militaire du Hamas ».

La chaîne israélienne Channel 12 a cité une source indiquant que le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, ont donné le feu vert à Netanyahu pour la première étape de l’accord. Ils lui ont toutefois demandé de s’engager à reprendre les combats si le Hamas ne désarmait pas.

En cas d’accord, les bombardements israéliens devront « cesser », a déclaré le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio. Alors qu’ils auraient dû être suspendus après la réponse du Hamas.

Les bombardements intensifiés après la demande de Trump de les arrêter

Entretemps, l’intensité des bombardements et des opérations de démolition israéliennes a doublé dimanche par rapport aux jours de génocide qui ont précédé l’annonce par le président américain de la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, rapportent des sources sur place.

Dans la nuit de vendredi à samedi, des raids israéliens ont détruit la maison de la famille Abdel al-Al tuant 19 personnes.

Samedi, 72 Palestiniens sont tombés en martyrs dont 42 à Gaza-ville.

Depuis dimanche matin, l’artillerie bombarde tous les quartiers de la ville de Gaza, des rues Jala’ et Nasr au nord jusqu’à la rue Al-Thalathini au sud. L’ennemi a également détruit tous les bâtiments de l’université Al-Azhar dans le quartier d’Al-Maghraqa, au sud de la ville. Ses avions ont lancé des dizaines de raids sur les quartiers de Chuja’iyya, Rimal et Sabra, la rue al-Nafaq, qui a été bombardee a plusieurs reprises.

Dans la soirée, les frappes aériennes et d’artillerie se sont intensifiées, ciblant les zones est du quartier de Touffah.

Des drones quadricoptères ont également largué des bombes explosives sur l’école Asma’, qui accueille des personnes déplacées dans le camp de réfugiés d’al-Chati’, à l’ouest de la ville de Gaza.

Ce lundi, c’est l’école al-Rom hébergeant également des déplacés qui a été bombardée à Tal al-Hawa.

Une femme s’est effondrée

Le Hamas a souligné auprès des médiateurs « la nécessité pour Israël de suspendre toute opération militaire dans l’ensemble de la bande de Gaza, de cesser toutes les activités aériennes, de reconnaissance et les survols de drones et de se retirer de l’intérieur de Gaza-ville ». Dans le même temps, « le Hamas et les factions de la résistance mettront fin à leurs opérations militaires ».

Sans-abris

WP : il faut un règlement équilibré

Dans son éditorial, le Washington Post a souligné que la marge de manœuvre pour parvenir à un accord global au Caire avec la médiation américaine était étroite, et la voie restait semée d’embûches en raison de la complexité des calculs politiques israéliens et des pressions internes des deux côtés.

Le journal américain a souligné que la proposition actuelle se distingue des précédentes par son caractère global, allant au-delà des échanges partiels de prisonniers vers un accord de cessez-le-feu global. Il a estimé que l’acceptation initiale du plan par le Hamas constitue une avancée significative qui mérite d’être approfondie.

Le Washington Post a appelé l’administration du président Donald Trump à formuler un règlement équilibré qui satisfasse Israël sans irriter les capitales arabes, afin d’éviter de répéter les échecs précédents, notamment compte tenu du soutien dont bénéficie le plan au sein des milieux israéliens.

Maariv : il faut des concessions mutuelles

Pour le journal israélien Maariv, le général de division à la retraite Yitzhak Brick écrit qu’Israël mène une guerre à Gaza depuis deux ans sans atteindre aucun de ses objectifs déclarés, soulignant que poursuivre cette approche signifierait une perte stratégique profonde.

Brik estime que la seule solution pour sauver Israël réside dans un accord véritablement négocié avec le Hamas, incluant des concessions mutuelles pour mettre fin à la guerre. Il affirme que négliger l’opportunité actuelle conduira à un épuisement militaire et politique accru, et que les dirigeants israéliens doivent s’orienter vers un règlement qui préserve leur sécurité et leur position.

90% de la bande de Gaza détruit

L’attaque du 7-Octobre a entraîné dans l’enveloppe de Gaza la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes prises en captivité ce jour-là, 47 sont toujours captives à Gaza.

Le bureau médiatique du gouvernement de Gaza a révélé que 90% de l’enclave est désormais détruit par plus de 200.000 tonnes d’explosifs et le chiffre des martyrs et des disparus a atteint les 76.639 dont 9.500 disparus. Alors que celui des blessés est de l’ordre de 169.583 dont 4800 amputations et 1200 paralysies.

2.700 familles ont été entièrement exterminées et 12.000 avortement ont été recensés. Il a aussi indiqué que 460 personnes ont succombé à la faim et la malnutrition.

L’ONU a déclaré la famine dans une partie de Gaza et ses enquêteurs affirment qu’Israël commet un génocide dans le territoire palestinien. Des accusations rejetées par Israël. Alors que le ton monte dans le monde où les manifestations et les actions de boycott des institutions israéliennes se multiplient réclamant la fin de la guerre et les droits des Palestiniens.

***

Paix par la force : comment Trump et Netanyahou veulent légitimer l’occupation

par Viktor Mikhin

Le monde continue de ne voir qu’une seule image glaçante venue de la bande de Gaza, où Israël continue d’anéantir les Palestiniens, malgré leur acceptation du soi-disant plan de Trump.

Alors que Le Caire se prépare pour des négociations de cessez-le-feu, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou dévoile le vrai visage de la prétendue «diplomatie» de Washington et Tel-Aviv. Son armée continue de bombarder les camps de réfugiés et les quartiers résidentiels de Gaza, tuant des dizaines de civils. Ce contexte sanglant des pourparlers révèle l’essence de la politique notoire de Donald Trump – la «paix par la force» – où des conditions entérinant leur asservissement sont imposées aux Palestiniens sous la menace des armes.

«Une position responsable» contre la politique des ultimatums

Les factions de la résistance palestinienne, y compris le Hamas, ont présenté une réponse mesurée et responsable à la proposition américaine. Cette réponse, fruit de vastes consultations internes, reflète une volonté de dialogue. Le mouvement a accepté de libérer tous les captifs israéliens, de transférer la gouvernance de Gaza à un gouvernement de technocrates et de commencer immédiatement des négociations par médiation. Leur objectif est de parvenir à un accord qui «réponde aux intérêts du peuple palestinien et garantisse la fin de la guerre d’anéantissement en cours».

Il ne s’agit pas d’une capitulation, mais d’un geste destiné à mettre un terme aux souffrances insupportables d’un peuple vivant un génocide, une famine et un déplacement forcé. La communauté internationale, y compris l’ONU, l’Égypte, le Qatar et la Turquie, a salué cette position flexible et constructive.

Alors que le monde, épuisé par des mois d’effusion de sang, applaudit avec soulagement la retenue apparente des Palestiniens, Israël et les États-Unis leur préparent un piège stratégique, cyniquement assaisonné de rhétorique sur la «désescalade». Derrière les déclarations tonitruantes sur un «retrait» des troupes se cache un plan bien conçu pour une annexion permanente des terres palestiniennes, à peine déguisée en mesures de sécurité temporaires.

Selon le plan divulgué par la chaîne de télévision israélienne KAN, même après un «retrait» formel, l’armée d’occupation entend maintenir une présence militaire à long terme dans trois points clés de Gaza, qui sont ses artères vitales. Il ne s’agit pas simplement de «zones tampons», mais de la création de frontières non officielles, mais immuables, d’un nouveau protectorat. La «zone tampon à l’intérieur de la bande» la démembrera, rendant impossible la restauration d’une vie civile et économique unifiée. Le «contrôle du corridor de Philadelphie» à la frontière avec l’Égypte permettra à Israël de tenir la «trachée» de Gaza, dictant les conditions de toute aide humanitaire et de tout échange commercial, maintenant ainsi la population dans un état de dépendance totale. Enfin, le «maintien de la colline 70 (Jabal al-Muntar)» est une tactique impériale classique, offrant un contrôle tactique total sur la majeure partie du territoire, transformant toute tentative de résistance en une attaque suicidaire.

Le cynisme de cette stratégie apparaît clairement dans les propos de Benyamin Netanyahou lui-même, qui a déclaré sans ambages que l’armée «resterait sur la majeure partie du territoire de la bande de Gaza». Donald Trump, sur ses réseaux sociaux, a non seulement confirmé ce plan, mais, par son approbation, lui a donné une apparence de légitimité, légitimant ainsi, en substance, une future annexion.

Ainsi, le véritable objectif de la prétendue «initiative de paix» de Trump et de la politique de Netanyahou qu’il soutient se dévoile dans toute son ignominie. C’est une politique d’étranglement portée à la perfection. Ce qu’Israël n’a pas pu consolider définitivement lors de campagnes militaires passées, il espère maintenant l’obtenir à la table des négociations, en profitant de la situation intolérable d’une population civile poussée au bord de la catastrophe humanitaire. C’est une stratégie où la crise humanitaire est utilisée comme levier de pression, et la promesse d’un répit temporaire comme appât pour un consentement à une occupation éternelle. Sous couvert d’un «retrait des troupes», on tente de vendre au monde leur présence perpétuelle, et sous prétexte de sécurité, d’officialiser un contrôle militaire et stratégique total sur les terres palestiniennes, enterrant toute possibilité de l’émergence d’un État palestinien indépendant.

Critique de l’hypocrisie : des bombes à la place de la diplomatie

L’escalade actuelle de la violence au Moyen-Orient a mis en lumière avec une clarté terrifiante l’hypocrisie monstrueuse et l’irresponsabilité criminelle des figures politiques clés, en premier lieu le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Leur tandem, marqué par un intérêt politique mutuel et un populisme autoritaire similaire, a conduit à la formation et à la mise en œuvre d’une politique que l’on ne peut qualifier autrement que de soutien total à un plan visant à anéantir définitivement la Palestine en tant qu’État politique et les Palestiniens en tant que nation ayant droit à l’autodétermination.

La politique de Trump dans la région n’a jamais été de la diplomatie, mais une capitulation unilatérale face aux exigences les plus radicales de la droite israélienne. La prétendue «affaire du siècle», élaborée par son administration, n’était pas un plan de paix, mais un schéma géopolitique pour légaliser les colonies israéliennes, annexer la vallée du Jourdain et créer un proto-État palestinien tronqué et non viable, fragmenté en enclaves. Cet accord était mort-né précisément parce que ses auteurs – Trump et Netanyahou – ont délibérément ignoré l’essence même du conflit : l’occupation israélienne de longue date et la violation systématique des droits du peuple palestinien.

En critiquant vivement Trump et Netanyahou, on ne peut que constater l’hypocrisie monstrueuse de ce qui se passe. Le président américain, parlant de «l’affaire du siècle» et de «cessez-le-feu», envoyait simultanément au Caire, à Doha et dans les capitales d’autres États arabes ses émissaires pour tenter d’amener les dirigeants arabes à trahir les intérêts du peuple palestinien et à accepter la politique d’Israël. Netanyahou, dont les troupes tuaient des dizaines et blessaient des centaines de Palestiniens la veille de toute négociation, déclarait avec un espoir cynique que les marchandages sur les vies «ne dureraient que quelques jours», comme s’il s’agissait non pas de destins humains, mais d’actifs boursiers.

Une telle «paix», construite sur la coercition, la punition collective de deux millions d’habitants de la bande de Gaza et la menace ouverte d’un anéantissement total, n’est pas qu’une coquille vide – c’est une illusion dangereuse et immorale. Elle n’élimine pas la racine du problème – l’occupation israélienne de longue date, la politique discriminatoire d’apartheid envers la population arabe et la pratique illégale de la construction de colonies. Tout ce qu’elle fait, c’est suspendre un cycle de violence pour ancrer les conditions du suivant, encore plus sanglant.

La critique de la politique de Donald Trump au Moyen-Orient, en particulier son approche du conflit israélo-palestinien, se concentre sur ses actions unilatérales qui, selon beaucoup, ont conduit à la destruction des bases de la diplomatie multilatérale. La décision de se retirer du Plan d’action global commun (JCPOA) sur l’Iran n’a pas seulement déstabilisé la région, mais a aussi sapé la confiance dans les accords internationaux. Simultanément, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël a été perçue comme un rejet définitif du principe de deux États, démontrant un mépris total pour les droits légitimes et les aspirations du peuple palestinien.

Les mesures ultérieures de l’administration Trump n’ont fait qu’aggraver cette tendance, légitimant l’expansionnisme sur la scène internationale. La reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan et le soutien à l’annexion de parties de la Cisjordanie ont envoyé un signal clair et dangereux au monde entier que le droit international n’était plus un facteur dissuasif pour les puissants. Cette politique était inextricablement liée au soutien inconditionnel au gouvernement de Benyamin Netanyahou, dans le cadre duquel les États-Unis sont passés du statut de médiateur traditionnel à celui d’avocat direct des aspects les plus agressifs de la politique israélienne. Le blocage de toute résolution critique au Conseil de sécurité de l’ONU a essentiellement offert à Netanyahou un blanc-seing pour toute action.

L’élément final de cette critique est l’indifférence humanitaire manifestée par l’administration Trump. L’arrêt du financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) et des hôpitaux palestiniens a été perçu comme une complicité directe dans la création d’une catastrophe humanitaire et une punition collective de la population civile, ce qui a encore accru les souffrances et compromis les perspectives d’une paix à long terme.

L’illusion de l’accord et le prix du sang palestinien

Les groupes palestiniens ont accepté ce cessez-le-feu non par croyance en «l’affaire du siècle» de Washington, mais par désespoir, pour offrir à leur peuple un bref répit du cauchemar infernal. Cette pause temporaire n’est pas le résultat de marchandages en coulisses entre Trump et Netanyahou, dont l’alliance a longtemps été un vecteur direct de la politique la plus agressive et intransigeante envers la Palestine. Leurs «accords» ont toujours ignoré la racine du problème, aggravant l’injustice et légitimant l’occupation.

Une paix véritable et durable ne peut être imposée par des ultimatums de Washington ou par la force de Tel-Aviv. Elle ne naîtra pas dans des bureaux où l’on marchande le destin des gens sans voir les ruines de Gaza. Comme l’a justement fait remarquer le président russe Vladimir Poutine lors du récent forum de Valdaï, «un cessez-le-feu, bien sûr, est nécessaire… mais la tâche principale n’est pas de geler le conflit, mais de le résoudre. Et on ne peut le résoudre que sur la base des résolutions bien connues du Conseil de sécurité de l’ONU, sur la base de la formule des «deux États».

C’est là, et seulement là, que se trouve l’unique voie. La vraie paix n’adviendra que lorsque l’agression israélienne sera stoppée, le système d’occupation brisé et les droits inaliénables du peuple palestinien à la liberté, à la dignité et à un État souverain pleinement reconnus. Tout le reste n’est qu’un sursis, acheté au prix du sang palestinien et voué à un nouveau cycle de violence.

source : New Eastern Outlook


- Source : Al-Manar (LIban)

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