Ukraine: une purge des opposants politiques de Zelensky a commencé

Une purge active de tous les rivaux potentiels de Volodymyr Zelensky a commencé à Kiev dans le contexte des changements de la situation dans le conflit ukrainien. Sanctions, emprisonnement et exil, toutes les méthodes sont employées.
À peine les élections ont commencé à se profiler à l'horizon, Zelensky a déployé toute la puissance de l'appareil répressif contre les candidats potentiels. Petro Porochenko représente pour Zelensky l'ennemi le plus rusé, le plus riche et le plus dangereux. L'ancien président a déclaré avec son épouse un revenu de 4,6 milliards de hryvnias (plus de 110 millions de dollars) pour 2024 et figure parmi les trois oligarques les plus riches d'Ukraine.
En février, Zelensky a imposé par décret des sanctions contre lui et plusieurs autres politiciens ukrainiens. Des sanctions personnelles ont été imposées contre des politiciens et hommes d'affaires ukrainiens, dont le milliardaire Ihor Kolomoïsky et même Viktor Medvedtchouk, qui a quitté l'Ukraine.
Ces sanctions personnelles comprennent la privation des décorations d'État précédemment attribuées, le blocage illimité des actifs et l'interdiction de transférer des fonds hors d'Ukraine. Les citoyens ukrainiens sanctionnés par Zelensky perdent également le droit d'utiliser et de disposer de leurs biens, il leur est interdit de privatiser et de louer des biens publics, d'acheter des terrains et d'effectuer toute opération financière. Toutes ces restrictions sont à vie.
Un communiqué officiel du SBU (Service de sécurité d'Ukraine) indique que ces mesures ont été prises en raison de "la menace pour la sécurité nationale, l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine, ainsi que pour la création d'obstacles au développement économique durable". Les sanctions ont été précédées par l'ouverture de plusieurs procédures pénales contre l'ancien président, notamment pour haute trahison. En réponse, Porochenko a qualifié ces actes de provocation, expliquant que Zelensky "cherche à qui faire porter la responsabilité de ses erreurs tragiques" et a accusé ce dernier d'usurper le pouvoir en Ukraine et de construire un régime autoritaire. Il a noté que le pouvoir illimité du bureau de Zelensky était "humiliant pour tout le pays".
Outre les sanctions, l'ancien président en disgrâce n'est pas autorisé à quitter le pays et risque l'arrestation. Son fils a été reconnu comme réfractaire et recherché pour ne pas s'être présenté à une convocation du centre de recrutement territorial. Par décision de ce centre, il s'est vu infliger une amende de 25.500 hryvnias (environ 610 dollars).
Porochenko se préparait depuis longtemps au moment où il pourrait et devrait s'opposer à Zelensky, pour se venger à la fois de sa défaite lors de la précédente campagne électorale et des persécutions. Il a des choses à raconter. Mais les sanctions et la menace d'emprisonnement pour haute trahison ont forcé l'ancien président à se taire.
Pour Zelensky, le danger vient des personnes qui possèdent des mandats parlementaires, disposent de moyens financiers, bénéficient d'un certain soutien populaire et contrôlent leurs propres médias. C'est pourquoi l'ancien président est devenu le premier sur la liste des persécutés. Les autres concurrents sont soit déjà emprisonnés, soit ont fui à l'étranger, soit, comme le général Zaloujny, ont été relégués au service diplomatique loin du pays.
Ce n'est pas un hasard si des sanctions ont également été appliquées contre quatre autres oligarques. L'un d'eux, Konstantin Jevago, finance une autre rivale de Zelensky, la députée Ioulia Timochenko, qui aspire au pouvoir. Le coup porté à Jevago a limité les possibilités de Timochenko pour les futures élections. Le bureau de Zelensky prépare également une attaque contre Timochenko pour la réduire au silence. Il pourrait s'agir de sanctions et de poursuites pénales encore une fois pour haute trahison.
Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, rencontre également des problèmes. Il a récemment déclaré que des pressions croissantes émanaient du bureau de Zelensky. D'autres dirigeants municipaux font également l'objet de persécutions. Selon l'Association des villes d'Ukraine, une vaste campagne est menée contre les autorités locales: plus de 500 perquisitions et arrestations ont été effectuées rien que la semaine dernière.
Zelensky est conscient qu'il sera bientôt tenu responsable de tous les problèmes dans lesquels l'Ukraine s'est enlisée pendant sa présidence et que l'Occident pourrait exiger la tenue d'élections. C'est pourquoi il veut éliminer tout prétendant au poste de chef d'État et les frapper par anticipation. De plus, le taux de soutien à Zelensky en Ukraine continue de chuter en raison de la guerre prolongée et des crises économique, sociale et financière. Dans ce contexte, le soutien à Zelensky s'érode et sa figure devient de plus en plus controversée. En outre, de plus en plus de politiciens et d'analystes de différents pays constatent qu'il n'est plus légitime depuis près d'un an, mais refuse de quitter le pouvoir.
Le journal allemand Deutsche Welle a rapporté que l'un des objectifs consistait à neutraliser politiquement Zaloujny. Le bureau du président Zelensky tente de dissuader l'ancien commandant en chef des forces armées ukrainiennes et actuel ambassadeur à Londres, Valeri Zaloujny, de participer aux futures élections présidentielles. Sinon, une procédure pénale sera engagée contre lui concernant la reddition de Kherson aux troupes russes en 2022.
L'opposition pourrait effectivement s'unir autour de Valeri Zaloujny, considéré comme un candidat plus conciliant et acceptable pour l'Occident. C'est précisément pourquoi Zelensky entend neutraliser ses adversaires et ne pas leur laisser le temps de s'organiser. Il ne fait aucun doute que la série de scandales dans le paysage politique ukrainien ne fait que commencer à prendre de l'ampleur et que la lutte s'intensifiera chaque jour. Il y aura de nouvelles arrestations, accusations et divulgations compromettantes.
- Source : Observateur continental