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La France ne veut pas lâcher l’affaire des sous-marins et menace de torpiller les négociations commerciales entre l’UE et l’Australie

Auteur : AubeDigitale | Editeur : Walt | Mercredi, 22 Sept. 2021 - 09h56

Au cours du week-end, le chef de la diplomatie française a continué d’interpeller les États-Unis et l’Australie sur leur « duplicité, leur mépris et leurs mensonges » après qu' « aucun avertissement » n’ait été donné avant le pacte AUKUS, qui a conduit l’Australie à renoncer à une commande de sous-marins français de plus de 50 milliards d’euros.

Le président français Macron aurait organisé un appel téléphonique dans les jours à venir avec le président Biden afin d’obtenir des éclaircissements de la part de la Maison Blanche – ceci après que, à la fin de la semaine dernière, Paris ait, pour ce que l’on pense être la première fois dans l’histoire, rappelé son ambassadeur à Washington (une décision dramatique que la France a également prise avec l’Australie, et qui a en outre annulé une réunion de haut niveau sur la défense avec le Royaume-Uni).

Les dernières critiques cinglantes du ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ont été émises sur la chaîne de télévision France 2, où il a déclaré que la décision de rappeler les ambassadeurs « signifie la force de la crise aujourd’hui » entre la France, les États-Unis et l’Australie.

Et l’ambassadeur de France en Australie, Jean-Pierre Thebault, qui a quitté son poste et est rentré à Paris, a déclaré « qu’on voulait nous tromper » :

« C’était un complot en préparation depuis 18 mois. Alors que nous étions occupés à tirer le meilleur parti de ce programme [de sous-marins], où la France a livré ses secrets militaires les mieux gardés… il y avait un tout autre projet que nous avons découvert, grâce à la presse, une heure avant l’annonce. Vous pouvez donc imaginer notre colère – nous avions l’impression qu’on voulait nous tromper ».

Il est significatif que le mot « crise » ait été prononcé avant les négociations commerciales entre l’UE et l’Australie prévues pour la fin de l’année, qui pourraient être torpillées à la suite de la colère de Paris, comme le rapporte CNN :

« Le respect de la parole donnée est la condition de la confiance entre démocraties et entre alliés », a déclaré le secrétaire d’État français aux affaires européennes, Clément Beaune, à Politico. Ses propos ont été confirmés lundi par un porte-parole. « Il est donc impensable d’avancer dans les négociations commerciales comme si rien ne s’était passé avec un pays en qui nous n’avons plus confiance », a ajouté Beaune.

Les négociations de libre-échange sont en cours depuis le coup d’envoi en juin 2018, onze cycles ayant eu lieu jusqu’à présent, et le prochain devant avoir lieu dans quelques mois cet automne.

Il est important de noter que le chef des affaires étrangères de l’UE, Josep Borrell, a également exprimé son choc à la fin de la semaine dernière pour soutenir la position de la France, en déclarant : « Cette alliance, nous venons seulement d’en être informés et nous n’avons même pas été consultés », indiquant également qu’il ne l’a appris que par les médias. « En tant que haut représentant pour la sécurité, je n’étais pas au courant et je suppose qu’un accord d’une telle nature n’a pas été réuni du jour au lendemain. Je pense qu’il aurait été travaillé pendant un certain temps ».

« Nous regrettons de ne pas avoir été informés – de ne pas avoir fait partie de ces discussions », a ajouté M. Borrell. « Nous n’avons pas été inclus, nous n’avons pas fait partie intégrante de tout cela ».

D’après les informations fournies par Bloomberg :

L’UE est le troisième partenaire commercial de l’Australie, le commerce total de marchandises représentant 36 milliards d’euros (42 milliards de dollars) l’année dernière 2020, selon la Commission. Si Macron voulait vraiment faire des vagues, il pourrait essayer de bloquer un pacte en cours de négociation par l’UE qui pourrait augmenter les exportations vers l’Australie jusqu’à un tiers.

Entre-temps, le président de la commission du commerce du Parlement européen a admis que l’AUKUS rendait certainement les négociations commerciales à venir beaucoup plus compliquées par rapport à l’objectif souhaité d’un accord UE-Australie.

Mais dans le même temps, les déclarations des gouvernements britannique et australien semblent minimiser l’ampleur de l’épreuve, et ont exprimé l’espoir de désamorcer les tensions, expliquant également que les décisions ont été prises en tenant compte de la défense souveraine et des meilleurs intérêts de l’Australie. Cela n’a pas empêché la France de se sentir exclue du partage et de la coordination de la défense dans la région indo-pacifique, dans le cadre des efforts visant à contrer l’influence de la Chine dans la région.

***

Alliance AUKUS, sous-marins australiens : que doit faire la France ? L'analyse de François Asselineau


- Source : AubeDigitale

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