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Washington utilise la flamme olympique… pour enflammer la région

Auteur : Finian Cunningham | Editeur : Walt | Vendredi, 16 Févr. 2018 - 22h01

Interrogé sur le réchauffement des relations diplomatiques entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, le vice-président étasunien Mike Pence a déclaré la semaine dernière que Washington souhaitait que la nouvelle détente cesse « dès que la flamme olympique sera éteinte ».

Est-il possible d’être plus explicitement obstiné et belliqueux ? Les Étasuniens ne ressentent-il pas la honte ?

Pence s’est ensuite contredit en disant illogiquement aux médias que Washington pourrait être ouvert à la diplomatie avec la Corée du Nord tout en maintenant sa politique de « pression maximum ». Compte tenu des antécédents belliqueux de l’administration Trump envers Pyongyang, toute ouverture diplomatique tardive des États-Unis doit être prise avec des pincettes.

Cela signifie que ce mois-ci, dès la fin des 23èmes Jeux d’hiver, il faut s’attendre à ce que Washington augmente la pression sur ses alliés de Corée du Sud pour qu’ils adoptent une ligne de conduite plus hostile envers la Corée du Nord.

Comment pourriez-vous arriver à être plus nuisible ?

Des évolutions diplomatiques considérables ont eu lieu entre les deux Corées au cours du week-end. Le Président sud-coréen Moon Jae-in a salué et serré la main de Kim Yo-jung, la plus jeune sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. C’était la première fois qu’un membre de la famille de Kim visitait la Corée du Sud.

Le Président Moon a aussi rendu hommage à Kim Yong-nam, le président de l’Assemblée populaire suprême nord-coréenne. Dans ce qui apparaît être un échange cordial, les dignitaires se sont rencontrés à la Maison Bleue, la résidence officielle du président sud-coréen.

Le Président Moon a accepté l’invitation de se rendre en Corée du Nord « dès que possible », pour s’entretenir face à face avec Kim Jong-un, un événement majeur ! La sœur de Kim a dit avoir transmis le message personnel. La prochaine rencontre pourrait être le troisième cycle de pourparlers inter-coréens depuis le début de cette année, et elle marquera sans doute le plus grand événement diplomatique en vu de la réconciliation historique depuis la fin de la guerre de Corée (1950-53).

Compte tenu de la position intransigeante de Washington, qui exige que la Corée du Nord mette fin à son programme d’armement nucléaire avant de commencer à dialoguer, il faut s’attendre à ce que Washington tente de bloquer toute réunion entre les deux dirigeants coréens. Ce sera un véritable test de l’autonomie de la Corée du Sud par rapport à la politique de Washington.

Il faut aussi s’attendre à la reprise des jeux de guerre conduits par les États-Unis autour de la péninsule coréenne. À la demande du Président sud-coréen Moon Jae-in, afin de favoriser un rapprochement lors de l’événement olympique, les manœuvres militaires habituelles ont été suspendues cette année. À en juger d’après la rhétorique belliqueuse de Pence, les États-Unis vont encore intensifier les jeux de guerre. Cela tendra – ou contrecarrera – inévitablement les liens cordiaux naissants entre Séoul et Pyongyang.

La Corée du Nord proteste depuis longtemps contre les exercices militaires étasuniens dans la péninsule coréenne, car ils constituent une provocation et une menace de guerre.

Ce qui se voit très visiblement, c’est le rôle déstabilisateur des États-Unis en Asie-Pacifique. La position de Washington s’oppose carrément à tout dialogue pacifique ; niet, un point, c’est tout. Nous avons-là l’aveu effronté de leurs intentions hostiles dans la région.

Vendredi, pendant que les nations du monde étaient réunies à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov, a fustigé Washington qui annonçait de manière provocatrice l’imposition de nouvelles « sanctions plus sévères » à la Corée du Nord.

« Les États-Unis portent la responsabilité de fausser les nouvelles tentatives visant à restaurer la paix entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, » a déclaré M. Ryabkov. Il a ajouté que le moment de l’annonce des nouvelles sanctions a été cyniquement choisi par Washington pour saborder les pourparlers inter-coréens.

La politisation cynique des Jeux olympiques par les Étasuniens atterre par son effronterie. Ils emploient un fusil à deux canons.

Avec le premier coup, les États-Unis imposent leur ordre du jour en se servant des Jeux olympiques pour dénigrer et diaboliser la Russie à propos d’une histoire fabriquée de dopage. L’interdiction des athlètes russes à cause d’allégations fortement douteuses de dopage est un coup de propagande orchestré pour avilir l’image internationale de la Russie.

Avec l’autre coup, Washington fait tout ce qui est en son pouvoir pour étouffer l’idéal olympique du « sport unifiant les peuples ».

Avant les Jeux, il a été noté que le vice-président Pence était au Japon pour informer que « les États-Unis défendraient leurs alliés contre l’agression nord-coréenne. » Il s’agit d’une figure de rhétorique usée, qui vise toujours à militariser la situation et à polariser les relations. Pour envenimer un peu plus les choses, en plus d’annoncer de nouvelles sanctions draconiennes, Pence a aussi dénigré la Corée du Nord en la traitant de « régime le plus tyrannique sur la Terre. » (Inversion accusatoire ironique, sûrement due à la culpabilité !)

Pendant qu’il était au Japon, Pence a vaguement laissé entendre qu’il pourrait être ouvert à un bref échange avec les délégués nord-coréens, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à PyeongChang, en Corée du Sud.

Mais finalement, Pence a retrouvé son état naturel en refusant d’assister à un dîner organisé par le Président Moon en l’honneur des dignitaires nord-coréens.

Par ailleurs, le vice-président a ostensiblement invité l’un de ses congénères, le père d’Otto Warmbier, à l’accompagner lors de la cérémonie olympique. Warmbier est l’étudiant étasuniens emprisonné en Corée du Nord, mort l’année dernière peu après avoir été rapatrié aux États-Unis par Pyongyang à cause de son mauvais état de santé pendant sa détention. Il n’est pas clair si l’étudiant a été maltraité en prison ou si sa santé a simplement décliné. Mais Washington s’est servi de cette affaire avec acharnement pour la faire passer pour la « preuve » de la brutalité étatique en nord-coréenne.

En tout cas, il paraît évident que l’administration Trump a été complètement prise au dépourvu par les dernières évolutions en Corée. Malgré la rhétorique incendiaire de Trump contre la Corée du Nord – il menace de « détruire totalement » le pays – Pyongyang partage les mêmes sentiments d’ouverture que les Sud-coréens. Datant de la « politique du rayon de soleil » des années 1990 et du début des années 2000, le Président sud-coréen Moon Jae-in, a une forte expérience politique dans la recherche du rapprochement avec le Nord.

Malgré l’intransigeance et l’hostilité de Washington, le Président Moon a montré son admirable détermination à continuer à favoriser la détente avec Kim Jong-un.

Les démarches entamées après la fin des Jeux Olympiques seront cruciales. Est-ce que le Président Moon deviendra plus hostile en cédant à la pression de Washington ? Ou résistera-t-il en insistant sur le fait que les jeux de guerre menés par les États-Unis doivent être reportés afin de permettre au dialogue de se consolider ?

Pour Washington, les enjeux sont considérables. Si les deux Corées entament des pourparlers de paix novateurs et règlent tous leurs différents, les États-Unis risquent de perdre sur le plan stratégique les énormes avantages de leur programme impérialiste en Asie-Pacifique. Afin manifestement de se donner un prétexte pour maintenir sa projection de puissance égoïste dans la région, Washington a besoin que le conflit se perpétue. Les desseins de Washington ne concernent pas seulement la péninsule coréenne, mais plus largement la Russie et la Chine. À partir du moment où les Coréens pourront s’unir en paix, Washington se retrouvera sur la touche. Carrément !

Et c’est le danger. Bien que les Coréens discutent depuis deux mois et cimentent des liens cordiaux pendant les Jeux olympiques, il est de mauvaise augure que Washington ait obstinément déployé des bombardiers B-52 et B-2 dans la région de Guam. Il y a eu aussi les articles provocateurs des médias étasuniens disant que l’administration Trump envisage de déchaîner une attaque préventive enragée contre la Corée du Nord.

Cette incohérence flagrante est extrêmement révélatrice de la véritable nature criminelle et belligérante du régime de Washington. Bien que les Coréens tentent de s’accorder pour coexister pacifiquement, les Étasuniens brandissent la guerre de manière inconsidérée.

La politisation odieuse des Jeux olympiques par Washington à l’égard de la Russie et de la Corée est révélatrice des desseins destructeurs de Washington.

Washington ne veut pas juste étouffer la flamme olympique. Il veut enflammer toute la région.

Traduction Petrus Lombard


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