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Massoud Barzani et l’épuration ethnique à Kirkouk

Auteur : Al Manar (Liban) | Editeur : Walt | Samedi, 12 Nov. 2016 - 14h01

La ville de Kirkouk représente depuis 2003 le centre d’intérêt de toutes les parties. Cette ville est convoitée par Erbil qui réclame un référendum sur son sort, alors que la Turquie rêve de la contrôler à nouveau. Mais, aujourd’hui, et au moment où le monde entier est occupé par les combats à Mossoul, Massoud Barzani procède à une épuration ethnique de ladite ville, en chassant ses composantes arabes!

Il semble que le président du Kurdistan irakien sortant insiste à faire de Kirkouk, région riche en pétrole,  une ville dominée par les Kurdes et exemptes d’arabes. Même s’il s’agit d’expulser les sunnites arabes, de bruler leurs maisons et de raser leurs terrains agricoles.

En effet, Kirkouk est la cinquième grande ville irakienne sur le plan du taux de population. Estimés à 900 mille individus, ses habitants varient entre Arabes, Kurdes, Turkmènes et Syriaques.

Depuis le 21 octobre dernier, date de l’offensive menée par Daech contre Kirkouk, les forces sécuritaires du parti démocratique kurde, dirigé par Barzani, ont effectué de nombreuses arrestations et expulsions contre des déplacés sunnites arabes. Ceux-ci s’y étant réfugiés après la chute de Ninive, Salahedine et al-Anbar, voire encore des arrestations contre les habitants authentiques de Kirkouk.

En vertu de l’accord entre les deux principaux partis kurdes, l’Union nationale kurde (dirigée par l’ancien président Jalal Talbani) et démocrate (dirigée par Barzani), Kirkouk et Souleimaniya relèvent de la direction de Talbani, du point de vue administratif et sécuritaire, bien que Kirkouk n’appartienne pas aux territoires kurdes. Le parti de Barzani contrôle Erbil et Dohouk.

Peu avant l’invasion par Daech et sa prise de contrôle de Mossoul en été 2014, le gouvernement central de Bagdad partageait avec le Kurdistan une partie de la direction de Kirkouk, alors que l’armée irakienne se positionnait à ses abords.

Avec la chute de Mossoul, les forces peshmergas ont contrôlé la ville et y ont pris le monopôle de la décision sécuritaire. L’entrée de l’armée irakienne est devenue impossible, et le Kurdistan s’est accaparé de toutes les productions pétrolières pour les acheminer vers la Turquie.

Répression des sunnites arabes

Face à l’offensive de Daech, Barzani a riposté contre les arabes de Kirkouk et les familles déplacées originaires de Mossoul, Tikrit et Ramadi. Après plusieurs médiations, le parti de Barzani a cessé les expulsions. Mais les Peshmergas ont repris ces exactions début octobre 2016. Les expulsions ont touché les habitants de dizaines de villages à majorité arabe, et les déplacés ont été avisés de quitter la ville en quelques heures.

Les bagages des déplacés ont été jetés dans les rues, et les familles irakiennes ont dû quitter par la force les appartements qu’ils ont loués légalement.

La dernière expulsion des Arabes de Kirkouk a eu lieu hier mercredi, soit quelques heures après une visite du politicien « arabe sunnite » Saleh Motlak, qui dirige la « coalition parlementaire arabe », au dirigeant du Kurdistan Massoud Barzani. Au cours de cette rencontre, il a reçu une promesse de la part de ce dernier de cesser toute atteinte aux arabes de Kirkouk.

Parmi les points de l’accord figure « l’arrêt des destructions et des expulsions, et le retour des habitants à leurs villages. De plus, les affaires appartenant aux déplacés et qui ont été confisquées par le parti de Barzani, devraient leur être remises ».

Mais, moins de 24 heures après cette rencontre, les habitants du village de Qoushqaya, riche en champs pétroliers et habité par une majorité arabe, se sont réveillés aux appels d’une force kurde, leur demandant de quitter leurs maisons. Ensuite, la force kurde en question a mis le feu aux domiciles!

Selon des témoins cités par le journal libanais al-Akhbar, le membre du bureau politique du parti démocratique kurde, Kamal Karkoukli, a supervisé l’attaque. Il s’agit de 600 habitants, 165 maisons et 5000 hectares de terres agricoles visés.

Le parti de Barzani derrière les exactions

Alaa Talbani, du parti de l’union nationale kurde, affirme que les forces militaires affiliées au parti de Barzani sont responsables des expulsions des arabes de Kirkouk.

Par ailleurs, la coalition arabe dirigée par Motlak a exprimé son étonnement face aux exactions commises contre Qoushqaya et ses habitants.

« Ceci est une violation de l’accord et des conventions conclues et un indice dangereux quant à un changement démographique qui frappe de plein fouet le principe de la coexistence pacifique stipulé par la Constitution. De ce qui précède, nous appelons le président du Kurdistan Massoud Barzani à tenir ses promesses », indique-t-on dans le communiqué.

Source: traduit du site al-Akhbar

Photo d'illustration: Maisons incendiées puis détruites à Um Khabari, un village près de Sinjar dans le nord-ouest de l’Irak. (Amnesty International)


- Source : Al Manar (Liban)

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