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Vendredi, 03 Mai 2024

Sankara, Lumumba, Che Guevara : Des destins contrariés par les puissants

Auteur : Professeur Chems Eddine Chitour | Editeur : Walt | Mercredi, 26 Oct. 2016 - 14h41

« Je parle au nom de ces milliers d’êtres qui sont de cultures différentes et qui bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animal. Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés, et confinés depuis des siècles dans des réserves […] Je parle au nom des femmes du monde entier, qui souffrent d’un système d’exploitation imposé par les mâles […] Oui, je veux donc parler au nom de tous les ”laissés-pour-compte‘‘ parce que je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». (Thomas Sankara)

Cette phrase : « Homo sum ; humani nihil a me alienum puto » « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger »  empruntée à Térence un écrivain berbère africain du deuxième siècle avant Jésus Christ, montre que Thomas Sankara connait ses humanités et se rattache à cette tradition africaine de tolérance et d’empathie envers son prochain. Il est vrai que du point de vue colonial, l’Afrique n’est pas sortie des ténèbres qu’elle est   en dehors de l’historie à en croire un chef d’Etat français. Justement, dans l’histoire récente, la mémoire collective humaine reste marquée par le passage trop bref voire météoritique d’icones. Ainsi   les  mois d’octobre ont été à quelques égards funestes pour des personnalités qui ont marqué leur temps et ont d’une façon ou d’une autre servi et servent encore de référents quand il s’agit de lutter pour la dignité de leur peuple  Il s’agit de  la disparition de deux icônes du mouvement révolutionnaire qui aspiraient à un monde plus juste, Che Guevara le 9 octobre 1967 et Thomas Sankara vingt ans plus tard, en Afrique, le 15 octobre 1987. Dans le même mouvement de description de ces hommes qui moururent d’une façon violente, nous devons aussi rappeler Patrice Lumumba disparu en janvier 1961.

Quels dangers présentaient ces hommes qui, à des degrés divers, ont essayé de sortir de la dépendance idéologique dominante, à savoir l’impérialisme des pays occidentaux et, plus clairement l’exploitation des masses par un libéralisme puis par un néo-libéralisme sauvage sans état d’âme? Indépendamment des peuples qui sont respectables quelles que soient leurs latitudes, l’oligarchie dominante impose un nouvel ordre et une doxa qui seule a droit de cité. Ces morts violentes ont en commun le fait que ces personnes dérangeaient l’ordre établi. Nous allons dans ce qui suit présenter brièvement ces apôtres du bien commun en insistant particulièrement sur le parcours méconnu de Thomas Sankara.

Qui se souvient de Che Guevara ?

Mis à part le portrait de Alberto Korda du  6 mars 1960 le fameux cliché du « Guerrillero Heroico », il reste une énigme Voilà  un jeune homme bien instruit, médecin de formation   qui a voué sa vie à la justice à en mourir  seul entouré d’ennemis dans un maquis de Bolivie, après avoir été ministre de la république cubaine . Cela ne peut s’expliquer que par une cause qui le transcende et à laquelle il ne peut répondre que par l’engagement total. Alors qu’il faisait ses études, Guevara observe la pauvreté de la population des pays d’Amérique du Sud. Il aboutit à la conclusion que les inégalités socioéconomiques ne peuvent pas être abolies par le jeu démocratique toujours truqué, mais par la nécessité de créer un nouvel ordre: la révolution. Dans son dernier discours à Alger en 1965, alors qu’il était encore ministre cubain, il commence à prendre ses distances avec Castro, il dénonce l’exploitation du tiers-monde et renvoie dos à dos les deux blocs de la Guerre froide. On le retrouve dans les maquis boliviens. Traqué par les troupes du général Barrientos, il est capturé et exécuté sommairement sur ordre de la CIA.

Sankara et la révolution burkinabée

Quelques vingt ans plus tard  dans un autre continent – l’Afrique-, un jeune trentenaire comme lui, voulait changer le monde et le rendre plus juste.  Thomas Sankara aurait pu faire une carrière sans faute en rentrant dans le moule néo-libéral et en obéissant aux injonctions néo-coloniale. Rien n’y  fit le feu sacré lui fit  prendre une toute autre direction. Dans un discours à l’Assemblée générale des Nations unies, en 1984 Thomas Sankara déclarait : «Notre révolution au Burkina Faso est ouverte aux malheurs de tous les peuples. Elle s’inspire aussi de toutes les expériences des hommes, depuis le premier souffle de l’humanité.»

Le sociologue Saïd Bouamama décrit dans son ouvrage consacré à des personnalités qui ont marqué le monde, le parcours de Thomas Sankara:

« (…) Dix ans après l’assassinat de Cabral, Thomas Sankara devient à trente-trois ans le plus jeune président d’Afrique et même de la planète (…) Thomas Sankara doit faire face à un «basculement du monde» marqué, dans les années 1970 et 1980, par des bouleversements majeurs de l’économie mondiale (fluctuation des cours du pétrole, crise de la dette des pays du tiers-monde, triomphe du néolibéralisme dans les pays occidentaux) (…) Reste que son enthousiasme révolutionnaire, son charisme hors du commun et sa fin tragique ont fait de Thomas Sankara «un symbole et une référence politique majeurs pour toute l’Afrique ». (1)

« Interrogé en 1985 par le journaliste Jean-Philippe Rapp sur les dirigeants africains, Sankara distingue ceux qui ont «une disponibilité mentale de condescendance» et ceux qui ont été amenés à «baigner au milieu du peuple». Il résume cette approche en février 1986: «Karl Marx le disait, on ne pense ni aux mêmes choses ni de la même façon selon que l’on vit dans une chaumière ou dans un palais». (..) L’enfance de Thomas Sankara est également très pieuse. (…) Ayant obtenu son bac en 1969, Sankara entame une formation de quatre ans d’officier à l’Académie militaire d’Antsirabe, à Madagascar (…) De retour au pays avec le grade de sous-lieutenant, fin 1973, Sankara est affecté à la formation des jeunes recrues. Invité par ses supérieurs, le 22 août 1974, à donner une conférence sur le rôle des forces armées dans le «développement», il fustige – au grand dam de sa hiérarchie – l’«armée budgétivore» et l’«oisiveté des soldats». En décembre 1974, Sankara participe à la guerre qui oppose le Mali et la Haute-Volta Les faits d’armes lors de cette guerre ouvrent à Sankara les portes de la promotion militaire ». (1)

« En 1980, poursuit Saïd Bouamama, la Haute-Volta est l’objet d’un nouveau coup d’État, le troisième depuis l’indépendance. (…) Conscient de la popularité de Sankara, le nouveau gouvernement le nomme capitaine, en février 1981, puis secrétaire d’État à l’Information, (…) Au cours de ces quelques mois, le jeune secrétaire d’État détonne dans le gouvernement. Il circule en vélo. Le 12 avril, lors d’une conférence des ministres africains il s’exclame en présence du chef de l’État et en direct sur les ondes de la Radio nationale: «Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple […].» Une telle audace lui vaut d’être arrêté, dégradé et déporté loin de la capitale. S’appuyant sur le mécontentement produit par l’arrestation, le commandant Gabriel Somé Yorian prend le pouvoir le 7 novembre 1982. (…). Le poste de Premier ministre dans un nouveau Conseil de salut du peuple (CSP) est proposé à Sankara, qui l’accepte. (…) Il dénonce tour à tour les ennemis du peuple qui sont «à l’intérieur comme à l’extérieur», la «fraction de la bourgeoisie qui s’enrichit malhonnêtement par la fraude», «Lorsque le peuple se met debout, l’impérialisme tremble. Il tremble parce qu’il a peur. Il tremble parce qu’ici à Ouagadougou même, nous allons l’enterrer». Tel est le «style Sankara (…) Ces succès populaires du Premier ministre achèvent de convaincre l’aile conservatrice du régime de la nécessite de se débarrasser de l’encombrant capitaine. Le 17 mai, Sankara est arrêté. Un groupe composé de sous-officiers, de dirigeants d’organisations de gauche et de leaders prend le pouvoir. Le 4 août 1983 Thomas Sankara annonce le soir même à la radio la destitution du pouvoir, la création d’un Conseil national de la révolution (CNR) (…) Dans la foulée, Sankara est nommé chef de l’État ». (1)

Le credo de Sankara «Oser inventer l’avenir»

Sankara met en oeuvre d’abord une organisation d’autogestion Il fait de l’autosuffisance alimentaire le credo de son sacerdoce. Pour symboliser cette nouvelle étape ouverte par la révolution d’août, le pays est rebaptisé Burkina Faso, «le pays des hommes intègres».

« Dans tous les domaines écrit le sociologue Saïd Bouamama, alors qu’il importe encore 220.000 tonnes de céréales en 1984, le pays atteint, deux ans plus tard, son objectif de deux repas et de dix litres d’eau par jour et par personne. Quelques années plus tard, Jean Ziegler, ex-rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation pour les Nations unies, décrira les réformes de Sankara comme un grand succès: «Il a vaincu la faim: il a fait que le Burkina, en quatre ans, est devenu alimentairement autosuffisante.» La même situation prévaut en ce qui concerne les productions non alimentaires. «Consommez burkinabé» et se «vêtir burkinabé» deviennent des mots d’ordre. «(…) La même dynamique est mise en oeuvre pour des campagnes plus ambitieuses comme l’aménagement de la «vallée de la Sourou» destiné à irriguer 41.000 hectares, la «vaccination commando» ayant pour objectif de vacciner 3 millions d’enfants en deux semaines ou encore l’«alphabétisation commando» visant à alphabétiser 35.000 paysans en cinquante jours. (…) ». (1)

Faisant preuve d’une rare lucidité pour l’époque, il dénonce la pollution engendrée par des nations industrialisés:

« Comme il le fait, en 1986, sur un plateau de télévision française, alors qu’il est interrogé sur la désertification dans son pays: «Nous estimons que la responsabilité de ce fléau n’incombe pas seulement à ces hommes et à ces femmes qui vivent au Burkina Faso, mais également à tous ceux qui, loin de chez nous, provoquent de façon directe ou indirecte des perturbations climatiques et écologiques. […] Oui, la lutte contre la désertification est un combat anti-impérialiste». (…) Il institue la coutume de planter un arbre à chaque grande occasion pour lutter contre la désertification. Dans ses discours, il dénonce le colonialisme et le néo-colonialisme, dont celui de la France, en Afrique. Devant l’ONU, il défend le droit des peuples à pouvoir manger à leur faim, boire à leur soif, et à être éduqués. (…) Enfin, il prend position contre la dette odieuse dans ces années 1980 qui ont vu le triomphe du néolibéralisme. Il refuse de payer la dette (…) Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n’avons pas de quoi payer. Moins de trois mois après, Thomas Sankara est assassiné.(…) ». (1)

Comment Sankara a-t-il été éliminé?

A l’évidence, Thomas Sankara dérangeait l’ordre établi. Il fallait trouver un exécuteur de basses oeuvres. Durant le règne de Blaise Campaoré-son frère d’armes- soupçonné d’avoir commandité l’assassinat. Il n’empêche que le 15 octobre de chaque année voyait des processions humaines aller sur sa présumée tombe, bien que la thèse officielle assurait que Sankara avait péri «de mort naturelle», à 37 ans. La veuve du président tué en 1987 soupçonne le nouvel homme fort du pays, le général Gilbert Diendéré, d’être «impliqué dans l’assassinat». Coïncidence ou pas, le nouvel homme fort du pays issu du coup d’Etat, le général Gilbert Diendéré,«était à l’époque le responsable de la sécurité et des commandos de militaires. On pense qu’il est impliqué dans l’assassinat (…). En 2006, le Comité des droits de l’homme des Nations unies condamne l’absence de tout procès ou de toute enquête de la part du gouvernement burkinabé. Au Burkina Faso, le général Gilbert Diendéré, ex-chef d’état-major particulier de la Présidence et homme de confiance de l’ancien président Blaise Compaoré, a été inculpé pour «complicité» dans l’assassinat de Thomas Sankara ». (2)

Patrice Lumumba: un météore

Un parcours tout aussi remarquable fut celui de Patrice Lumumba   premier à occuper le poste de Premier ministre du Congo belge entre juin et septembre 1960. Après un parcours militant de plusieurs années,  en mai 1960, Lumumba remporte les élections et devient Premier ministre le 23 juin. Il s’opposa contre l’ordre établi et eut contre lui le Royaume belge, et l’Empire.

« Né le 2 juillet 1925 à Onalua (territoire de Katako-Kombe au Sankuru) au Congo Belge (actuelle République démocratique du Congo).  Il fréquente l’école catholique des missionnaires puis, élève brillant, une école protestante tenue par des Suédois. Il travailla comme employé de bureau dans une société minière de la province du Sud-Kivu jusqu’en 1945, puis comme journaliste à Léopoldville (Kinshasa) et Stanleyville (Kisangani), période pendant laquelle il écrit dans divers journaux. En septembre 1954, il reçoit sa carte “d’immatriculé”, honneur chichement accordé par l’administration belge à quelques noirs (à peine 200 sur les 13 millions d’habitants de l’époque!) ». (3)

« En 1955, il crée une association “APIC” (association du personnel indigène de la colonie) et aura l’occasion de s’entretenir avec le roi Baudouin en voyage au Congo, sur la situation des Congolais. Le ministre du Congo de l’époque, Auguste Buisseret veut faire évoluer le Congo et notamment mettre en place un enseignement public. Lumumba adhère au parti libéral avec d’autres notables congolais.(…) En 1958, à l’occasion de l’exposition universelle, des congolais sont invités en Belgique. Outrés par l’image dégradante du peuple congolais qui est véhiculée par l’exposition, Lumumba et quelques compagnons politiques nouent des contacts avec les cercles anti-colonialistes. Dès son retour au Congo, il crée le Mouvement National congolais (MNC), à Léopoldville le 5 octobre 1958  (…) Il revendique l’indépendance devant plus de 10 000 personnes. Premiers démêlés politiques en octobre 1959: le MNC et d’autres partis indépendantistes organisent une réunion à Stanleyville. Malgré un fort soutien populaire, les autorités belges tentent de s’emparer de Lumumba, c’est l’émeute et une trentaine de morts. Lumumba est arrêté quelques jours plus tard, est jugé en janvier 1960 et condamné à 6 mois de prison le 21 janvier. En même temps les autorités belges organisaient des réunions avec les indépendantistes auxquelles participe finalement Lumumba, qui est libéré  le 26 janvier. À la surprise générale, la Belgique accorde au Congo l’indépendance qui est fixée au 30 juin1960. Le MNC et ses alliés remportent les élections organisées en mai et, le 23 juin 1960, Patrice Emery Lumumba devient le Premier Ministre du Congo indépendant. Mais pour les autorités belges l’indépendance ne se voulait pas pleine et entière ». (3)

Une indépendance qui doit perpétuer la dépendance

Même si l’indépendance est octroyée, il n’est pas question de toucher aux privilèges du Royaume belge et Lumumba a d’une certaine façon signé son arrêt de mort :

« Lumumba  défie la Belgique en décrétant l’africanisation de l’armée. Celle-ci répond par l’envoi de troupes au Katanga (la région minière) et soutient la sécession de cette région menée par Moïse Kapenda Tschombé. En septembre 1960, le président Joseph Kasa-Vubu révoque Lumumba ainsi que les ministres nationalistes. Lumumba déclare alors qu’il restera en fonction. A sa demande, le parlement acquis à sa cause révoque le président Kasavubu. Suite à un coup d’état, Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir, crée le Collège des Commissaires généraux et assigne à résidence les dirigeants congolais. En décembre 1960, Lumumba s’échappe de la capitale pour tenter de gagner Stanleyville, région où il a de nombreux partisans. Il est arrêté et transféré au camp militaire deThysville sur ordre de Mobutu. Le 17 janvier 1961, Lumumba, Mpolo et Okito  (…) seront exécutés le soir même en présence de Tshombé, Munongo, Kimba et d’autres dirigeants de l’État du Katanga. Le lendemain, une opération sera menée pour faire disparaître dans l’acide les restes des victimes ». (3)

La responsabilité  première du Royaume belge

On l’aura compris Patrice Lumumba dérangeait l’ordre néo-colonial d’abord en tentant de s’affranchir en nationalisant les richesses nationales mais aussi en tentant de trouver des soutiens à l’extérieur auprès de l’Union Soviétique le grand satan :

« On s’est beaucoup interrogé sur le rôle des puissances occidentales, des États-Unis en particulier dans la mort de Lumumba, sous le prétexte qu’il faisait craindre une dérive du Congo Belge vers l’URSS. L’ONU ne répondit pas à ses demandes d’aide militaire pour mettre fin à la guerre civile. On sait aujourd’hui que la CIA a aidé financièrement les opposants à Lumumba et a fourni des armes à Mobutu. Le gouvernement belge a reconnu en 2002, une responsabilité dans les événements qui avaient conduit à la mort de Lumumba: ”A la lumière des critères appliqués aujourd’hui, certains membres du Gouvernement d’alors et certains acteurs belges de l’époque portent une part irréfutable de responsabilité dans les événements qui ont conduit à la mort de Patrice Lumumba. Le Gouvernement estime dès lors qu’il est indiqué de présenter à la famille de Patrice Lumumba et au peuple congolais ses profonds et sincères regrets et ses excuses pour la douleur qui leur a été infligée de par cette apathie et cette froide neutralité ». (3)

La lutte de la Belgique contre le Premier ministre Lumumba était préméditée, agencée, calculée visant son élimination politique et physique. Un solde de tout compte qui a hypothéqué et hypothèque encore ces pays toujours englués dans les même travers, celui de  l’instabilité chronique qui vit  ce grand pays subir d’abord une partition et ensuite des renversements successifs dans les deux pays qui en sont issus. Cependant la Belgique n’est pas seule à porter une responsabilité comme nous verrons plus avant.

La Françafrique toujours à la manœuvre

On connaît la politique de la Ve République avec le puissant Jacques Foccart qui faisait et défaisait les chefs d’Etat africains. Quels que soient les présidents de droite ou de gauche il y a la cause sacrée qui est celle des intérêts de la France en Afrique. Saïd Bouamama nous indique que La France craint pour sa part ce dirigeant qui condamne ouvertement le franc CFA comme «une arme de la domination française» et la Francophonie comme «une stratégie néocolonialiste». Et qui, en plus de boycotter le sommet franco-africain de Lomé (novembre 1986), n’hésite pas à critiquer publiquement François Mitterrand ».

L’indépendance octroyée est formelle.:

« On ne touche pas à la Françafrique!  Aujourd’hui encore, alors que nos intérêts en Afrique sont de plus en plus menacés par la Chine, il ne fait pas bon critiquer les liens traditionnels qui unissent la France aux dirigeants de ses anciennes colonies… Depuis l’indépendance de ces pays, Paris n’a jamais cessé d’imposer sa tutelle pour préserver ses intérêts économiques et politiques (uranium nigérien, pétrole gabonais, cacao ivoirien…). Pour réaliser cette ambition, les gouvernements français successifs ont employé les moyens les plus retors: putschs, envois de mercenaires, accords secrets autorisant Paris à s’immiscer dans les affaires intérieures, constitutions de réseaux barbouillis, pressions économiques… Ces intrusions ont parfois donné lieu à des épisodes sanglants et à des massacres dans lesquels la responsabilité de la France est engagée ».(4)

On s’est beaucoup interrogé sur le rôle des puissances occidentales, des États-Unis en particulier dans la mort de Lumumba, sous le prétexte qu’il faisait craindre une dérive du Congo belge vers l’Urss. On sait aujourd’hui que la CIA a aidé financièrement les opposants à Lumumba et a fourni des armes à Mobutu. Le gouvernement belge a reconnu en 2002, une responsabilité dans les événements qui avaient conduit à la mort de Lumumba ». (5)

« La France et la Belgique lit-on dans ce témoignage, vont-elles enfin reconnaître leurs responsabilités historiques? C’est en tout cas un des objectifs des actions menées en France autour de l’assassinat de Thomas Sankara et en Belgique autour du meurtre de Patrice Lumumba. En France, une demande d’enquête sur l’assassinat de Thomas Sankara a été déposée le 10 juin 2011. (…)Selon un proche de l’ancien président libérien Charles Taylor: «Le piano fut accordé par les Américains et les Français. Il y avait un homme de la CIA à l’ambassade des États-Unis au Burkina qui travailla en étroit contact avec le chef des services secrets de l’ambassade française, eux ont pris les décisions les plus importantes ». (6)

Dans le même ordre de la domination néo-coloniale, et l’emprise des anciennes puissances sur les richesses des pays « indépendants » d’une façon factice et dans le sillage de la création des « Printemps arabes » suite aux « révolutions colorées », après Ben Ali, Après Moubarek , le tout de la Libye est arrivé. La résolution  1973 qui fut à bien des égards une tromperie donna aux exécuteurs le droit d’assassiner le 20 octobre 2011 le chef d’Etat El Gueddafi était exécuté de la main d’une coalition franco-anglo-américaine dont le moins que l’on puisse dire est que l’on ne voulait pas de lui vivant. Il ne présentait aucun danger pour les populations.  On le voit, le néolibéralisme a éliminé tous les «ismes» comme le socialisme et le communisme, sauf l’islamisme qu’il a créé pour  tenter d’asseoir définitivement son hégémonie d’un ordre où 1% de riches sont plus riches que les 99% de la planète. Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Notes:

1.Saïd Bouamama http://www.contretemps.eu/sankara-revolution-burkina-bouamama/

2. http://www.rfi.fr/afrique/20151206-bukrina-faso-assassinat-thomas-sankara-general-diendere-inculpe-complicite

3.http://www.congoforum.be/fr/congodetail.asp?subitem=21&id=5918&Congofiche=selected

4. Les Dessous de la Françafrique, Patrick Pesnot, M.X, Nouveau Monde Éditions, 2008

5.http://www.congoforum.be/fr/congodetail.asp?subitem=21&id=5918&Congofiche=selected

6. http://thomassankara.net/thomas-sankara-patrice-lumumba-verite-justice-et-reparation/


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