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Dimanche, 19 Mai 2024

But réel des bombardements de la coalition US en Syrie

Auteur : Alexander Kuznetsov | Editeur : Walt | Jeudi, 18 Août 2016 - 01h22

Ces dernières semaines, les bombardements se sont multipliés en Syrie. Les forces de défense aérospatiale russes ont liquidé des terroristes purs et durs, ouvert quatre couloirs pouvant servir à l’évacuation de la population civile, plus un corridor que peuvent emprunter les terroristes de l’opposition « modérée » pour sortir avec leurs armes, mais les avions de la coalition menée par les Yankees ont bombardé des habitations et des infrastructures civiles dans des quartiers théoriquement sous contrôle de l’État islamique.

Le 2 août, prenant la parole lors d’une réunion du Conseil de sécurité, le Représentant permanent adjoint de la Fédération de Russie auprès des Nations Unies, Evgeny Zagaynov, a qualifié de lamentable la situation au Moyen-Orient, et en Syrie en particulier. Il a dit : « Dernièrement, en Syrie, en à peine quelques jours et semaines, des dizaines de civils, dont des femmes et des enfants, ont été tués par les raids aériens US. »

Selon les données du ministère des Affaires étrangères syrien citées par l’Agence de presse arabe syrienne SANA, 45 civils ont été tués dans la ville d’al-Ghandour au cours du tout dernier bombardement, et 50 autres ont été blessés. D’après les données du 29 juillet, en mitraillant en rase-mottes le village de Toukhan al-Kubra, des avions de la coalition yankee ont tué 300 personnes et en ont blessé plus de 100 le 19 juillet. Ils ont aussi détruit des écoles, des hôpitaux et d’autres sites de l’infrastructure civile.

Le Commandement central yankee avait déjà accrédité la mort de 14 civils lors de ses raids aériens en Irak et en Syrie entre juillet 2015 et avril 2016. Mais il est évident qu’ils ont trompeusement sous-évalué les chiffres. Simplement au cours de la première année de bombardement de la coalition dirigées par les Yankees (de septembre 2014 à septembre 2015), d’après les statistiques sur les victimes dus aux raids aériens yankees citées par l’Observatoire syrien des droits de l’homme, 242 civils, dont des enfants, ont été tués. Selon ces données, plus de 200 civils ont été tués durant cette période.

Exemple choquant de la décimation de la population civile, dans la province de Raqqa, le 2 septembre 2015, la famille Amouri a perdu cinq petites filles. Elles avaient 8, 7, 6, 5 et 3 ans. Nariman Amouri, la plus jeune qui a deux ans, a miraculeusement survécu. La fille de l’oncle, Talha Amouri, qui avait vu l’avion foncer vers leur maison, a déclaré, « L’Amérique nous tue, et elle prétend : « nous ne tuons pas les civils. » » Un haut responsable yankee qui a parlé à BuzzFeed en demandant l’anonymat, avait ceci à dire au sujet de ses collègues du Pentagone, « Ils ne veulent pas l’admettre. C’est contre leur intérêt d’admettre qu’il y a des victimes civiles lors des raids, et c’est pourquoi le poids de la preuve en est si important. »

En juin, l’ONG Airwars Project a publié un rapport affirmant qu’au cours des opérations aériennes yankees en Irak et en Syrie, 459 civils, dont 100 enfants, ont été tués lors de 52 raids aériens.

En s’appuyant sur les témoignages de témoins oculaires et d’autres sources fiables, Airwars a analysé 118 raids aériens. Rien que début juillet, 15 civils ont été tués dans un raid aérien sur Manbij, ainsi que 23 autres dans deux hôpitaux d’Idlib qui ont été bombardés par des avions yankees.

L’ancien commandant à la tête de la coalition, le lieutenant-général John Hesterman, a qualifié la campagne aérienne US actuelle en Syrie de « plus précise et disciplinée de l’histoire de la guerre aérienne ». Chris Woods, le dirigeant d’Airwars Project, conteste cette affirmation : « À notre avis, l’insistance mise sur la précision n’est pas confirmée par les faits sur le terrain. »

Les pertes de civils les plus scandaleuses ont été signalées le 28 décembre de l’année dernière, quand 58 personnes ont été tuées par le bombardement de la ville syrienne d’al-Bab, et les 17-19 juillet de cette année, quand 56 personnes ont péri lors du bombardement français au nord de la Syrie. À al-Bab, les forces aériennes de la coalition occidentale ont bombardé une prison détenant des gens raflés par Daesh. Ils avaient été emprisonnés pour des « infractions » du style achat de cigarettes ou inobservation du code vestimentaire islamique. Ayant échappé au massacre perpétré par les djihadistes, ils sont tombés victimes des bombes et des missiles lancés par la « coalition antiterroriste ».

La campagne aérienne française en Syrie mérite une mention particulière. François Hollande, le président français, a déclaré qu’après l’attentat à Nice, la France intensifiait ses raids aériens sur le territoire occupé par l’EI. Nous sommes donc peut-être censés voir le bombardement comme des représailles contre le massacre de citoyens français à Nice. Pourtant, le bureau du procureur français n’a pas encore confirmé de lien entre les terroristes de l’EI et le né tunisien Mohamed Lahouaiej Bouhlel, qui s’est servi de son camion pour écraser les piétons de cette station balnéaire. Mais même si le tueur avait adopté les croyances de l’EI, il se pourrait bien que le « Général Hollande » fasse que l’on se demande pourquoi la France – et l’Occident en général – a suscité de tels sentiments de haine chez les Musulmans. Il se pourrait qu’il se croit revenu cinq ans en arrière, quand bombardant la Libye avec le même enthousiasme, les avions français ont détruit la démocratie participative de Mouammar Kadhafi qui jouait le rôle d’obstacle le plus sûr contre la dissémination de l’extrémisme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Et il incomberait aux dirigeants français de considérer le fait que les dernières attaques terroristes en Europe (en France, en Belgique et en Allemagne) – aussi horribles qu’elles étaient – sont aussi à leur manière une réponse logique contre l’expansion de la présence militaire des puissances occidentales en Syrie, Irak, Libye et au Mali. Et plus ils se maintiendront là-bas, plus nous verrons d’attaques terroristes dans les villes yankees et européennes.

Pour revenir à la « précision et discipline » des raids yankees en Syrie, il faut noter que, contrairement aux forces de défense aérospatiale russes, les Yankees n’ont pas la possibilité de parfaire leurs frappes aériennes en utilisant des données de terrain, puisque leur armée ne coordonne pas ses efforts avec l’armée arabe syrienne ou les services de renseignement syriens. Tant que les Yankees continueront à faire un parallèle entre Bachar el-Assad et les terroristes, ils devront agir sans aucune information précise sur l’emplacement des terroristes par rapport aux habitations des civils.

Et il y a encore un autre aspect à ce problème. La destruction des écoles, hôpitaux et autres sites de l’infrastructure, est peut-être en réalité le vrai objectif de la « coalition antiterroriste ». Entre 2013 et 2014, je me suis souvent trouvé en rapport avec des représentants de diverses expressions du mouvement de l’opposition syrienne. Nombre de ces gens ont plus tard changé leur point de vue. Ils ont remarqué que si les USA avaient été vraiment intéressés par le renversement rapide du gouvernement de Bachar el-Assad, ils auraient dès le début établi une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie, comme ils l’ont fait en Libye. Ensuite, l’armée syrienne libre aurait pu faire de réels progrès en 2012-2013. Mais ils ont choisi une stratégie différente. En fournissant des armes aux « rebelles », l’Occident a attisé le feu et empêché les deux parties d’avoir un avantage décisif. Selon mes informateurs, cela a été fait de façon à « pulvériser » complètement l’armée arabe syrienne et éliminer toute menace potentielle pour les USA ou leurs alliés dans la région. Et à présent, les frappes « contre les terroristes » servent à démolir le peu qui reste de l’économie syrienne et des infrastructures civiles.

Traduction Petrus Lombard


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